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STATISTIQUE, SCIENCES ET ARTS DU
DÉPARTEMENT DES DEUX-SÈVRES.
Niort. — Typographic de L. FAVRE.
MÉMOIRES
DE
LA SOCIÉTÉ
DE
STATISTIQUE, SCIENCES ET ARTS
DES DEUX-SÈVRES.
2m SÉRIE. — TOME VII.
4867.
NIORT L. CLOUZOT, LIBRAIRE-ÉDITEUR
RUE DES UALLES, 22,
LISTE GÉNÉRALE
DES MEMBRES
DE LA SOCIÉTÉ DE STATISTIQUE » SCIENCES ET ARTS DES DEUX-SEVRES
Pour l’année 18C7.
Composition du Bureau.
MM. le Préfet des Deux-Sèvres, président honoraire.
Davip (Ferdinand), député, président titulaire, ARNAULD (Charles), vice-président. BanDonNNET, secrétaire.
DEravauLT (Eugènc), cice-secré(a ire.
SOUTAIN, frésorier.
Congscil d'Administration.
MM. Ginaup (Henri). TONNET aîné. Frarpier (Alphonse). Monxer (Alfred). De Maunué (Abel).
SErr1 (Gusman). Roucer-Larosse (Charles).
Commission des Sciences naturelles.
MM. L'abbé Lapaix, vice-président. Gauxé. De MEscuinrrT. BRU. PLASSE. -_. Moussaun. BarauD. Ducroce. FONTANT. DELESTRÉE.
Commission d'Archéologie et de Numismatique.
MM.
ScHMITT, vice-president. CLouzor.
BERTON. DuvaL.
FRAPPIER (Paul). Tonner (Frédéric).
Commission des Beaux-Arts.
MM.
GERMAIN, vice-président. CAPRON.
FRAPPIER (Alfred). CLAVEL,
TRIBERT. CHEVILLARD.
Commission pour le choix des Mémoires à imprimer.
MM. TonDuT. SICARD. DE GAULLIER. DE La Rocuesnocann (Louis!. Larosse (Henri). Brossarp-Baupny. GIRAUDEAU.
Commission de la Bibliothèque.
MM.
LAURENCE. L'abbé Rapier.
THOREAU-LASALLE,
Membres titulaires résidants.
MM. ArxauD (Charles), & , conseiller de Préfecture.
BarauD, pharmacien de 4"° classe.
Banpoxner (Abel, membre de la commission de la biblio- thèque de Niort.
BeaussiRe, conservaleur des caux et forêts.
BerTox, %, inspecteur des enfants assistés.
BoucuerT DE GRaxDuay, %, ancien représentant à l’Assem- blée législative.
ta propriétaire.
Brux, géologue.
CaproN, &, préposé en chef de l'octroi.
Cuesrou DE LA RouziÈre, membre du Conseil général.
CuevizzanD, architecte.du département.
CLAYEL (Paul), avocat. :
Cuenc-Lasaze (Fernand), juge au tribunal civil.
CLouzorT, lhibraire-éditeur.
Davin (Ferdinand), O #%, député au Corps législatif.
DELavauLT (Eugène), #, membre du Conseil général.
DELESTRÉE, professeur au lycée Fontanes.
Ducroco, &, sous-intendant militaire.
Pcvaz (Louis), bibliothécaire.
FoxTaxT, %, docteur en médecine.
Fravpien (Alphonse), %, ordonnateur à l’hôpital-hosnice,
Fraprier (Paul!, maire de Chauray.
Frappir (Alfred\, propriétaire.
GauLLier (de), ancien magistrat.
GAUXNÉ, docteur en médecine.
GERMAIN (Louis), propriétaire.
Ginaup (Henri), &, président du tribunal civi'
GinaüDeau (Théophile), propriétaire.
JËLtE, docteur en droit, avoué.
Laraix (l'abbé), aumonier du Lycée Fontat
LAURENCE , propriétaire.
— VII —
MAT. Lauzon (Ernest de}, propriétaire. LeuoNNiER, professeur au lycée Fontanes. Louseau aîné, conducteur des ponts et chaussées. Louveau DE LA RÈGLE, propriétaire, Mauué (Abel de), propriétaire, MAuDET, ancien notaire. Mescmner (de), #, docteur-médecin, président de la Société d'Horticulture. Monner (Alfred), #, Maire de Niort, Consciller général, Moussaun, docteur-médecin. Nansoury (de), colonel du 8° lanciers. PLasse, médecin-vétérinaire. Prousr (Antonin), propriétaire à Niort. Ramin (l'abbé), curé de Saint-André. Romin, imprimeur à Niort. Roucer-Larosse (Charles), ancien représentant à l’Assem- blée législative. RouGert-Larosse (Henri), propriétaire. Roy, avocat. ScHMITr, #, agent voycr en chef. SEGRÉTAIN (Alexandre), O #, chef de bataillon du génie. Senpx (Gusman), membre du Conseil général de la Vienne. SICARD, an£ien avoué. SouTaIN, sous-chef de division à la Préfecture. THorEAu-LAsALLE, notaire. Toxpur (Paul), membre de la C°* de la bibliothèque de Niort. TonNerT aîné, docteur en médecine. Toner (Frédéric), propriétaire. TrisertT, marchand de tableaux,
Membres titulaires non résidants.
MM. BarpauD, maire de Bressuire. BeauceT-FizLEAu, correspondant du Ministère de l'Ins- truction publique, juge de paix à Chef-Boutonne.
— XI —
MM, Bonxeav (Alfred), propriétaire , à Angers.
MM.
Bonner-BeLair, $&, juge honoraire, à Paris. Bornier fils, docteur-médecin, à Melle.
Boreau , géologue, à Parthenay.
BuseauD (Jérome), à Sainte-Hermine (Vendée). DEsaivres (Léo), à Champdeniers.
Fesry, percepteur à Breloux.
GAROTEAU, juge de paix , à Champdeniers. Hérissé, juge, à Montmorillon.
IuBErT, propriétaire, à Thouars.
Lepain (Bélisaire), avocat , à Parthenay. MarcueGaY (Paul), aux Roches-Baritaud (Vendée). Monix, docteur-médecin, à Airvault.
RexcocxE (de), archiviste de la Charente.
RicHarp (Alfred), archiviste de la Vienne. RicHarD, procureur impérial, à Bressuire. RocuesrocuarD (Raoul de la), propriétaire à Aïffrs. Ronnier, juge honoraire, à Melle.
SauzÉ, docteur-médecin , à la Mothe-Saint-Héraye.
Membres correspondants.
Baupry (l'abbé), au Bernard (Vendée). BoxSERGENT, à Poitiers. Bruxer, docteur-médecin, à Dijon.
Caé, O %&, chef de bureau au Ministere de la Guerre, à
Paris. Canpix, ancien magistrat, à Poitiers. Ficon (B.), à Fontenay. F£eurY (Paul de), archiviste de Loir-et-Cher. GAUTHIER DE CLAUBRY, propriétaire. GoucerT, archiviste de la Gironde. GranpyaisoN, archiviste d'Indre-et-Loire. GraTTEeLour (de), à Bordeaux. GReLLeT, %, ingénieur à Limoges.
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GuizLon, à Ruffec.
Huescauixc, chef de division , à Bruxelles. LacuriE (l'abbé), à Saintes.
LauserT, %, ingénieur, à Mézières.
LEMARIÉ, naturaliste, à Saint-Jcan-d’'Angély. Luce (Siméon), archiviste, à Paris.
Lunier, inspecteur du service des aliénés, à Paris. Matra, employé de la navigation, à Marans. Méxeau (Léon), à La Rochelle.
Munissox, architecte-voyer, à Paris.
RarTTier (Ernest de), à Bordeaux.
RocHEeBRuxE (de), à Angoulème.
RocneBnunE (Octave de), à Fontenay.
TeiLLEUX, docteur-médecin, à Saint-Robert (Isère). VErGNÉE (de la), avocat, à la Rochelle.
ss x Lo: 3 MM. Gnimacx, pharmacien à Sainte-Hermine. | |
Sociétés savantes avec lesquelles la Société de Statistique est en relation.
| Société des Antiquaires de la Morinie, à Saint-Omer. — Archéologique du Midi de la France, à Toulouse. — des Antiquaires de Picardie, à Amiens.
— des Sciences ct Lettres, à Blois. — d'Agriculture, à Tours.
— des Antiquaires de l'Ouest, à Poitiers.
— Archéologique de Béziers (Hérault).
— des Antiquaires de France.
— de l'Histoire de France.
— de l'Athénée du Beauvaisis, à Beauvais.
— des Sciences, Belles-Lettres et Arts, à Rouen. — de l’Académie de Reims.
— des Lettres, Sciences et Arts, à Metz.
— Archéologique de Sens (Yonne).
— Agricole-Scientifiquedes Pyrénces-Oricntales, à Perpignan. — d'Agriculture de Lyon.
+ .
Societé des Beaux-Arts de Caen.
Gauss
Archéologique et Historique du Limousin, à Limoges. d'Agriculture, Belles-Lettres, Sciences et Arts de Rochefort.
Académique d'Agriculture, Belles-Lettres, Sciences et Arts de Poitiers.
Académique de Maine-et-Loire, à Angers.
Archéologique de Nantes {Loire-Inférieure;.
d'Emulation de la Vendée, à Napoléon-Vendée.
Impériale d'Agriculture d'Alccr.
Littéraire et Scientifique de Castres.
Historique et Scientifique de Suint-Jean-d’Angély.
Polymathique du Morbihan, à Vannes.
Départementale d'Archéologie et de Statistique de la Drôme, à Valence.
CARTULAIRE
L'ABBAYE ROYALE
DE
NOTRE-DAME DES CHATELLIERS
Nlort. — Typographie de L, FAVRE,
CARTULAIRE
DE
L'ABBAYE ROYALE
NOTRE-DAME DES CHATELLIERS
PUBLIÉ
AVEC UNE INTRODUCTION ET UNE TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS DE PERSONNES ET DES NOMS DE LIEUX
PAR
LOUIS DUVAL
ARCHIVISTE DU DÉPARTEMENT DE LA CREUSE, ANCIEN BIBLIOTHÉCAIRE DE LA VILLE DE NIORT, ARCHIVISTE PALÉOGRAPHE, MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ DE STATISTIQUE, SCIENCES ET ARTS OU DÉPARTEMENT BES DEUX=SÈVRES, DE LA SOCIÉTÉ DES ANTIQUAIRES DE L'OUEST, DE LA SOCIÉTÉ DES ANTIQUAIRES DE NORMANDIE, DE LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES ET ARCHÉOLOGIQUES DE LA CREUSE, ASSOCIÉ CORRESPONDANT NATIONAL DE LA SOCIÉTÉ DES ANTIQUAIRES DE FRANCE.
NIORT
CLOUZOT, LIBRAIRE-ÉDITEUR 22, rue des Halles
1872
PRÉFACE DE L'ÉDITEUR DU CARTULAIRE.
C'est à l'initiative de M. Charles Arnauld, Président de la Société de Statistique, Sciences et Arts des Deux-Sèvres, qu'est due la publication du Cartulaire de l'abbaye des Châtelliers. C'est sur sa proposition, en effet, que cette Compagnie s'est adressée à M. Bonsergent, ancien bibliothécaire de la ville de Poitiers, pour avoir une copie des chartes de cette abbaye, contenues dans les tomes 5 et 55 des manuscrits de dom Fonteneau, et en a décidé l'impression dans ses Mémoires. C’est soutenu par ses encouragements bienveillants que j'ai accepté . l'honneur de m'associer à lui et la tâche de diriger cette publica- tion, dont lui-même avait concu le plan et préparé l’exécution. Il m'est permis d'ajouter que, sans son concours précieux, il m’eût été difficile de surmonter les ennuis de plus d’un genre qui ont entravé l'achèvement de cette œuvre, poursuivie avec cons- tance sinon avec succès. C'est donc pour moi un devoir de rendre ici hommage à la collaboration de M. Charles Arnauld, en faisant connaitre la part qui-lui revient dans une édition dont il a eu l'initiative, et dont il a le droit de partager l'honneur.
Pour répondre aux intentions ct à la confiance de la Société, j'ai dû m'attacher d'abord à rendre plus complète la série des documents recueillis par dom Fonteneau. Les archives départe- mentales des Deux-Sèvres n'ont pu me fournir qu’une seule pièce, intéressant indirectement l’abbaye des Châtelliers. L'analyse de celte pièce, datée de 4375, figure dans le Cartulaire sous le n° CXXXVIL. L'on sait que cette absence trop générale de docu- ments anciens aux archives des Deux-Sèvres, que l'on serait tenté
d'attribuer au fanatisme révolutionnaire, est due principalement à un incendie qui eut lieu en 4805. L'ancien chartrier del’abbaye des Chätelliers n’est: plus guero représenté aujourd'hui que par yn petit nombfede pièces sur parchemin, conservées dans le cabinet de M. L.-F. Garran de Balzan, ancien conseiller à la cour royale de Poitiers, et remises comme titres de propriété à M. Francois Garran de Balzan, son père, lors de l'adjudication du domaine des Châtellicrs , devenu propriété
nationale après la suppression des ordres religieux. Appréciant la valeur historique de ces documents, M. de Balzan s'empressa de me les communiquer, et j'aurais été heureux de pouvoir lui offrir ici mes remerciements (4). Ces documents, dont trois appar- tiennent au XII: siècle, figurent dans le Cartulaire sous les dates suivantes : n° IX, vers 4200 ; n° XXXVI, 1296 ; n° XCVIIT, 1 281 ; n° CLXII, 4406; n° CCXIV, 18455; n° CCL, 1480; n° CCXCV, 41584; n° CCCIV, 4600. Deux pièces originales, assez impor- tantes, ont été également retrouvées par moi dans la collection de M. de Magny et acquises par la Société de Statistique; elles ont été placées dans l'Appendice aux n° CCIT bis et CCI ter (an. 41450). J'ai pu depuis, par l'intermédiaire de mon confrère et ami Alfred Richard, archiviste de la Vienne, qui s'est cmpressé de mettre ses notes à ma disposition, me procurer deux autres chartes prove- nant de la même collection et appartenant précisément à la même époque, et j'ai dû les placer dans un second Appendice, à la suite de Ja table, sous les n° CCV ct CCVE his (an. 4454, 1452). Quelques pièces modernes, qui portent dans le Cartulaire les n* CCCXXII et CCCXXIII (an. 4666 ct 1674), CCCXXV ct
CCCXXVI (an. 4684 cet 1685), CCCXXXII (an. 4721), m'ont été
communiquées par M. Rondier, l’un des doyens des antiquaires poitevins, qui a bien voulu rechercher pour moi ces documents
dans ses papiers de famille, Les Archives de l'Empire m'ont fourni trois chartes relatives
à l'abbaye des Châtelliers: n° LXXXVII (an. 1268); CXIV (an. 4303); CXVII bis, Appendice (an. 4317).
’ (4) M. Garran de Balzan est mort aux Châtelliers, le 30 juillet 1867.
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, Les Archives du département de la Vienne, renferment une hiasse de documents concernant la même abbaye, dont les plus anciens ne remontent qu'au XVE siècle; j'ai donné l'analyse des principaux sous les n°%: CCLXXXVI (an. 4563); CCCXXXIIT (an. 4732) ; CCCXXXV (an. 1742); CCCXXXVI (an. 1743).
Deux collections de la Bibliothèque impériale m'ont fourni quelques extraits. Les n°* LIV bis {an 4235) ; LVHI bis (an. 4236) ; LXX VII bis (an. 4269) ; et CXXXV bis (an. 4374), sont tirés du fonds des manuscrits, connu sous Je nom de Résidu de Saint- Germain-des-Prés, n° 1044. Je dois aussi à l’extrème obligeance de mon savant confrère, M. Léopold Delisle, l'analyse des quatre pièces suivantes, qui font partie de la collection de Gaignières : n% CCVIT (an. 4452); CCXVIE (an. 4462); CCXL (an. 4471) ; CCLXVIT (an. 4514). Une troisième collection, le fonds Bouhier (n° 22,477 du fonds latin, ancienne cote, n° 42), renferme un registre in-folio, intitulé: Estat et mémoire pour l'abbaye royalle des Chasteliers, rédigé vers 4784, où j'ai puisé plusieurs renseignements au sujet des bâtiments et des possessions de l'abbaye.
Un inventaire, dressé en 4615, des Archives communales de Ja ville de Niort, m'a fourni la cote d’une charte de 41238 (n° LXIII), et j'ai emprunté aux Archives hospitalières de la même ville deux pièces, que j'ai insérées dans l’Appendice, sous les n° CCCXXX bis et CCCXXX ter (an. 1725).
Enfin, pour ne rien omettre, j'ai cru devoir reproduire, d’après l'Histoire de la Maison des Chasteigners, de Du Chesne, et l'Histoire des Familles nobles du Poitou, de M. Beauchet- Filleau, les extraits que l’on trouvera dans l’Appendice, aux n% XC bis (an. 4270) et CXXXV bis {an. 4371). J'ai également emprunté aux Actes du Parlement de Paris, publiés par M. E. Boutaric, l'extrait donné par lui d'une transaction faute en 4323 entre l’abbaye des Châtelliers et Simon de Lezay, chevalier. M. Boutaric ayant, dans sa table générale placée à la fin du tome II, indiqué par erreur cet acte comme concernant l'abbaye des Châtelliers située dans l’île de Ré, ce n’est que postérieurement à l'impression du présent Cartulaire que j'ai reconnu que cet acte
[V =
devait être restitué à l’abbaye poitevine. Cet acte figure, sous le n° CXVII bis, en tête d’un second Appendice placé à la suite de la table.
Les documents extraits des tomes 5 et 55 des manuscrits de dom Fonteneau, et ceux que j'ai pu recueillir, comme je viens de l'indiquer, ont été fondus dans une seule série suivant l’ordre chronologique, à l'exception d'un petit nombre de pièces, trouvées dans le cours de l'impression et placées dans un double Appendice, l'un à la fin du Cartulaire proprement dit, l’autre à la fin de la table.
Je me suis attaché à reproduire exactement le texte de dom Fonteneau , et je n’ai hasardé de corrections qu'aux endroits où
-se trouvait évidemment une erreur de copiste. Lorsque le sens
m'a paru suffisamment clair pour pouvoir permettre de hasarder une restitution dans les passages où le texte présentait des lacunes, j'ai eu soin de placer entre crochets [ ]les mots
‘intercalaires que j'ai”ajoutés ; dans le cas contraire, j'ai laissé des
blancs. Les sommaires placés en tête des chartes de la collection de dom Fonteneau ont été reproduits; quant aux notes qui les
accompagnent, j'ai dû les abréger lorsqu'elles ne contenaient
qu'une observation déjà connue. Quant aux documents que j'ai ajoutés à la collection de dom Fonteneau, ils sont distingués par une note placée au bas de la page qui en indique l’origine.
Une’ bonne table des noms de personnes et des noms de lieux
étant le complément indispensable d’un Cartulaire, je me suis efforcé de rendre celle que j'ai faite aussi complète que possible. J'ai placé sous deux chefs différents le nom et le prénom dans l’ordre alphabétique. Une table, en effet, n'étant qu’un instrument de recherches, j'ai pensé que cette double indication, en facilitant les moyens de vérification, pourrait offrir quelques avantages aux travailleurs.
Il n’est personne parmi nos lecteurs qui n'ait présents à la mémoire les admirables travaux de synthèse historiques, dont les savants que nous vénérons comme nos maîtres ont enrichi la préface des’ Cartulaires qu'ils ont publiés. Ces travaux qui ont ouvert à l’érudition des voies nouvelles, en faisant voir quels
— y
secours l'histoire peut tirer des Cartulaires, me dispensent de m'étendre longuement sur l'importance de celui-ci, et tout en me faisant gloire de suivre de loinles traces de B. Guérard, je suis loin d’être en mesure de pouvoir l'imiter. Le Cartulaire del’abbaye des Châtelliers est loin d’ailleurs d’être le plus intéressant de ceux qui pourraient être publiés en Poitou et même dans le terri- toire actuel du département des Deux-Sèvres. Il me suffirait .de citer celui de Saint-Maixent, dont mon confrère A. Richard, archiviste de la Vienne, serait plus qu'aucun autre en mesure de tirer parti. Je ne pouvais néanmoins me dispenser de consacrer quelques pages à l’histoire de l’abbaye des Châtelliers. Ce travail m'a paru, en effet, avoir d'autant plus d'utilité que les Bénédic- tins n'ont donné sur cette abbaye qu'une notice très incomplète, dans le tome I du Gallia christiana nova. A la fin de cette Introduction, j'ai cru devoir Pace la liste des propriétés dépen- dantes de l'abbaye. |
Le lecteur connaît les sources où j'ai puisé et la méthode que j'ai suivie dans cette édition ; il me reste à exprimer ici la recon- naissance que je dois à tous ceux qui ont bien voulu m'aider dans l’accomplissement de ma tâche, et particulièrement à MM. Léo- pold Delisle, Redet, Beauchet-Filleau, A. Richard, Bonsergent, Rondier, A. Bardonnet, L. Desaivre et Delayant.
Guéret, le 15 décembre 1869.
L. D.
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NOTICE
L'ABBAYE ROYALE DE NÔTRE-DAME DES CHATELLIERS
En 4419, quelques ermites, disciples de Giraud de Salles, sous laconduite de l’un d'eux, nommé Pierre de Vars (4), vinrent s’éta- blir dans une solitude située à deux lieues et demie de Saint-Maixent, à l'entrée de la Gâtine, non loin des sources de la Vonne, en un lieu désert appelé les Vieux-Châtelliers, dont le nom seul semble indiquer la présence de quelques vestiges de l'occupation romaïne. Pierre de Vars, envoyé par Giraud de Salles, son maitre, aprés avoir préché durant le carême à Saint- Maïxent, avait été invité par lés principaux seigneurs du pays à choisir dans les domaines des environs un lieu où il püt se fixer avec quelques-uns de ses compagnons. Les moines, on Ke sait, loin de se montrer indifférénts aux beautés pitlo- resques de la nafuré, ont toujours fait preuve, au contraire, d'un goüt merveilleux dans le choix des lieux où ils se sont établis (2). Pierre de Vars, dit le biographe de Giraud de Salles, remarqua, aussitôt qu'on Jui eut montré les Châtelliers, combien ce site paraissait proprè à servir de relraïte à des religieux, voués à la vie contemplative et aux travaux agricoles. Le caractère si tranché que conserve encore aujourd'hui ce pays de Gâtine,
: RE Bean De A 0 ef D de a ee (1) 1 existe une commune de ce nom dans le département de la Charente. . (2) Montalembert. Les Moines d'Occident. Introduction, p. LXXXIIT,
formé d'un plateau granitique qui s’élève au milieu des terrains d'alluvion du Bas-Poitou, l'aspect à la fois sévère et mélancoli- que de cette vaste solitude, d’un côté entourée de forêts, et de l’autre présentant de riches vallons arrosés par des ruisseaux et par des étangs, semblaient, en effet, désigner particulièrement les Châtelliers au choix de l’envoyé de Giraud de Salles. Giraud s'étant rendu lui-même aux Châtelliers, au mois de mai suivant, après avoir préché en passant à Saint-Maixent, donna son ap- probation au projet de son disciple. Vers l’époque de la Saint- Jean, ce dernier fut envoyé une seconde fois aux Châtelliers avec deux compagnons, et, à la fin d'août, la nouvelle commu- nauté, régulièrement constituée, avait à sa tête un prieur nommé Giraud, désigné par le fondateur pour achever et conti- nuer son œuvre (2). Tels furent les humbles commencements d’un établissement qui devait devenir plus tard l'Abbaye royale de Notre-Dame des Châtelliers.
Les abus du régime féodal, dont l'esprit avait fini par péné- trer l’église elle-même, amenèrent, vers le onzième siècle, une réaction religieuse et sociale, que l’on doit regarder comme l’une des causes du nombre prodigieux de monastères qui ont été fondés à cette époque. A la vue de l’épiscopat tendant à dégé-
(2) Post dies illos, Petrus de Vars, unus de discipulis Giraudi, venit in burgum S. Maxentii, diebus quadragesimalis jejunii, et quibusdam hones- tioribus caritate eum retinentibus, retulit quod venerabilis Guillelmus, epis- copus, domno Giraudo, magistro suo, totam diocesim suam exposuit et obtu- lit ad currendum et edificandum religionis locum quo congruit, et ipse libenter annueret et adjutorium impenderet ; cumque diversi diversa et illa edicerent lcca, demum quidam intulit Castellaria, ut pote pratis et silvis, aquis et fos- satis, vastisque solitudinibus abundantia. Adductus ad locum discipulus venit et vidit, probavitque, quod audierat, rediensque ad magistrum , exposuit quod viderat. Excitus Giraudus his sermonibus, mense maio, devenit ad burgum, sermonem fecit ad populum ; Castellaria videre exivit in crastinum, et in die primus in terrâ ill primum meruit accipere donum, et sic reversus est unde fecerat exitum. Circa vero Baptistæ natalitia, Petrum de Vars, cum duobus aliis discipulis, ad locum excolendum destinavit, et circa festum Bartholomæi ad consolationem eorum domnum Giraudum, virum justum et pium, eis mit- tens, in priorem ordinavit. Facta sunt autem hæc omnia, anno domini mille- simo centesimo decimo nono. (Vita B. Giraudi.)
#
—— [XX —
nérer en fiefs, et du bas clergé plongé dans une ignorance et un avilissement qui n'étaient surpassés que par la misère du peuple, quelques hommes, animés d’une foi ardente, senti- rent instinctivement le besoin d’une réforme dans la société et dans l’église. Placant leur idéal de perfection dans la pratique du plus pur ascétisme, ils pensèrent que, sans aborder les ques- tions de principe, il serait possible d'opérer la réforme de la société par les conversions individuelles, qui furent innombra- bles, grâce à l’éloquence et au zèle des missionnaires, et la ré- forme de l’église par la création d'ordres nouveaux d’une obser- vance plus étroite et plus exclusivement voués aux œuvres de pénitence. Le stoïicisme ne saurait être la religion que de quel- ques âmes d'élite, et la fragilité humaine condamnait sans doute
cette tentative à n'avoir qu’un succés éphémère, mais on doit recon- naître qu'elle n'était pas sans grandeur.
En tête des promoteurs de ce grand mouvement de rénovation religieuse, dont un réveil général des esprits fut bientôt la con- séquence, l'histoire a placé le nom de Robert d’Arbrissel, età la suite celui de Giraud de Salles, auquel est due la fondation de plus de neuf abbayes danstoutel’Aquitairie, dont cinq danslediocèse de Poitiers : Bonnevaux, Saint-Benoît-du-Pin, les Alleuds, l’Absie en Gätine et les Châtelliers. Me proposant de résumer dans cette Notice l’histoire de cette dernière abbaye, à l’aide des documents contenus dans le Cartulaire des Chätelliers, je crois ne pouvoir me dispenser de faire connaître rapidement la vie de Giraud de Salles qui, après avoir consacré à cette fondation les dernières années de sa vie, voulut terminer ses jours et être inhumé dans
ces lieux où sa mémoire et son culte ont survécu à la ruine de l'institution monastique elle-même.
L :
On possède une vie du bienheureux Giraud de Salles, com- posée vers la fin du x siècle, par un écrivain anonyme, reli- gieux des Châtelliers, et publiée en 4729, d’après un manuscrit de cette abbaye, par DD. Martène et Durand, dans l’Amplissima
collectio. Les continuateurs des Bolandistes l'ont insérée réoemr ment dans la collection des Acta sanctorum, avec une notice préliminaire de M. J. Van Hecke. Une page a été consacrée à l'auteur anonyme de cette vie par M. Joseph-Victor Le Clerc, dans l'Histoire littéraire de la France. Toutefois, si D. Mhrtène, et après lui M. Van Hecke (1), apprécient avec une certaine bien- veillance l'œuvre du moine anonyme des Châtelliers, qu'ils ont tour à tour publiée, le jugement porté par l'éminent académicien est empreint, au contraire, d’une sévérité rigoureuse (2). « Fort peu exacte pour la chronologie, dit M. V. Le Clerc, sa compilation d'est qu'un faible exercice de rhétorique. Les actes de piété et d'humilité, les tentations, les miracles, ne sont pour lui qa’une occasion d’antithèses et de phrases rimées : Lucebat ut carbun- culus, ardebat ut caminus, fulgebat ut sidus, redolebat ut nar- dus, etc. Il n’en cite pas moins la Logique d’Aristote (3). La der- nière date que nous offre ce mauvais centon est de l'an 4277 (4), mais il peut n'avoir été rédigé que vers la fin du siècle (5). » D, Martens avait trop de goûtet était lui-même trop bon latiniste pour ne pas remärquer ces défauts de style qu'on retrouve dans la plupart des écrivains du moyen äge, sans excepter les plus élo-
(1) Vitam S. Giraldi, infra edindam, hsbemus satis prolixam et accurate scriptam, si tamen expungis nœævos aliquos chronologicos... (4c{a sanciorum, octobris tomus X, 1861, p. 249, die vigesima tertiâ octobris. De B. Giraldo de Salis, confessore, Castellariis, in diocesi Pictaviensi, commentarius praevius, auctore J. V. H.)
(2) Histaire illéraire de la France, tome XXI, xirie siècle. Notices supplé- mentaires, p. 589, 590,
(3) Amplissima callectio, tom. VI, col. 993,
(4) Fbtd:, col. 1608.
(5 M. V. Lie Clerc blâme aussi les Bénédictins, éditeurs de la vie de saint Giraud, d’en avoir retranché le prologue qu'il suppose avoir existé en tête du texte original. Si ce retranchement était imputable aux Bénédictins, on devrait en effet le regretter d'autant plus qu’il reste aujourd’hui peu d'espoir de com- bler cette lacune. Je remarque toutefois que D. Fonteneau ne trouva pas davantage de préambule dans la copie, d'écriture déjà ancienne, qui fut mise sous ses yeux lorsqu'il visita les archives des Châtelliers, vers le milieu du siècle dernier. On en peut conclure, ce semble, que ce prologue n'existait pas davantage dans le manuscrit qui, uné tréntaine d'années auparavant, fut communiqué aux savants éditeurs de l'Amplimima collectia.
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quents ; nrais, passant l'épongesat ces vaines ét ridicules enfuini- nures, il reconnaît sans hésiter dans l’agiographe inconnu des Chätelliers quelques qualités réelles. Plusieurs passages de sa nar- ration nous ont paru, en effet, offrir un véritable charme, et nous y avons trouvé des détails pleins de naïveté qui contrastent heu- reusementavec le ton emphatique que M. Victor Le Clerc remarque dans la première partie de cette légende. Pour nous, d’ailleurs, le talent littéraire de l'écrivain ne saurait être la question princi- pale; cette légende est avant tout un document historique, et ce qui nous importe, c’est de recueïtir, en les soumettant à une cri- tique attentive, les faits qu’elle contient, et, s’ilse peut, d’en faire ressortir l'intérêt. |
«La vie du béat Giraud de Salles, originaire du Périgord, mort en odeur de sainteté le 44 avril 4420, dit M. V. Le Clerc, fut écrite longtemps après, mais sur d'anciennes relations, par un anonyme, qui paraît avoir été moine de l’abbaye cistucienne de Notre-Dame des Chäâtelliers, fille de Clairvaux, située entre Poi- tiers et Maillezais, et une de celles que fonda le béat Giraud. » Un poème en vers hexamètres paraît, en effet, avoir été composé sur la vie de Giraud de Salles, et l'hagiographe des Chateliers, qui s’en est évidemment inspiré, nous en a conservé ces deux mauvais vers :
Gyraudus, gente generosus, corpore, mente, d Petragoræ pago fulsit quia lucis imago.
De KR les rimes nombreuses, les images et les eompararsons abondantes, critiquées par M. V. Le Clerc. Le compilateur de cette légende nous est d'ailleurs entièrement inconnu, mais il est facile de présuraer que s’il était moine dans une des abbayes fon- dées par Giraud, il était étranger à la province qui a donné naissance à ce bienheureux. Son aversion pour les habitants du Périgord se manifeste, en effet, dès le début de son récit. Giraud, dit-il, naquit, il est vrai, au sein d’une race ne respirant que la guerre et pleine d'arrogance et de méchanceté, mais son cœur n’en fut pas plus altéré que les poissons de Ia mer ne le sont par le coritact de l’eau salée. Cet hagiographe a soin aussi de re- marquer que le père et la mère.de son héros, Fouque et Aldearde,
appartenaient tous deux à une noble famille de chevaliers et qu'ils étaient riches et considérés dans le pays (4). Giraud de Salles, dont le nom a quelquefois été écrit Géraud ou Gérald de Salis, naquit au hameau de Salles, dans le diocèse de Périgueux, où se trouvent plusieurs villages de ce nom. On est fondé à croire qu'il s'agit ici de Salles, commune et canton de Cadouin, arrondisse- ment de Bergerac (Dordogne), vu le peu de distance qui sépare ce lieu de l’ancien monastère de Saint-Avif-Sénieur, dont il est question plus loin. On pense que la date de sa naissance peut être fixée à l’année 1070. Giraud était l’ainé de deux frères, Grimoard et Fouque, qui, comme lui, sont devenus célèbres par leur sain- teté (2). Après avoir puisé dans l'éducation maternelle les pre- miers principes de la vertu et de la piété, ces enfants furent envoyés aux écoles, pour y apprendre les arts libéraux, et bientôt ils se firent'remarquer parmi leurs condisciples (3). Les disputes philosophiques et thcologiques qui commencaient alors à retentir dans les écoles ne pouvaient avoir de prise sur l'esprit du jeune Giraud, qui, n’écoutant que les inspirations d’une piété ardente,
(1) INcipir vita B. Giraudi.
Giraudus igitur noster ortus est de Petragoricensi territorio, in vico cui vocabulum est Salis, et hæc fuit tanto viro terra matalis. Ibi natus et alitus est per multum temporis, in medio perversæ nationis, bellicosæ ac ferocis : cete- rum, de patali cervicositate non plus traxit aliquid tale, quam pisces maris de materno sale. Fulco dicebatur ejus pater, Adeardis mater : ambo incliti et locupletati, generosi et famosi juxta nomen magnorum qui sunt in medio hujus maris magni et spatiosi ; ambo milites ex conditione, christiani profes- sione, religiosi devotione, de quibus nobis sermo grandis restat ad inter- pretandum.
(2) Præclari igitur parentes præclaras tres soboles, quia præclara tria lumi- naria, præclare genucrunt, omnes futuros ad heremum, Giraudum vocantes primum, Grimoardum secundum, Fulconem novissimum, {Vita B. Giraudi, )
(3) Ingeniosus itaque puer Giraudus magnæ spei et laudabilis indolis, litte- rarum studiis traditus est a parentibus erudiendus in scholis; erat enim primo- genitus in multis fratribus, et antc eos traditus est artibus liberalibus, qui- bus non multo post fratrem sequi ad scholas fuit maximæ curæ : unicuique secundum tempus et ordinem suæ genituræ. Domi, timere Deum et abstinere ab omni peccato docebat eos devotissima mater ; in scholis, disciplinam et scientiam moncbat eos sedulus magister, in quibus omnibus supra cuncios coetaneos suos enituerunt in brevi, non tantum eruditione linguæ magistræ quantum unctione Spiritus sancti, (Ibid.)
méditait, presque des l'enfance, de se retirer dans un ermitage à l'exemple de saint Martin (4). Son biographe rapporte que Robert d'Arbrissel, sous la direction duquel il s'était mis et auquel il avait fait part de ce projet, loin d'encourager ce mouve- ment de zèle, lui conseilla prudemment de commencer d’abord par se faconner au joug de la discipline monastique. Giraud entra donc comme novice au monastère des Chanoiïnes réguliers de Saint-Avit-Sénieur (canton de Beaumont, arrondissement de Bergerac), situé à quatre kilomètres du village de Salles (2). Les chanoines, édifiés de sa piété, lui firent prendre les ordres, mais par un sentiment d’humilité exagéré, dont plus tard les jansénis- tes devaient fréquemment donner l'exemple, il refusa d’être promu au sacerdoce, et resta toute sa vie simple diacre (à). Devenu homme, Giraud songea à mettre à exécution les projets de son enfance, et il sortit du cloître, non pour rentrer dans le monde, mais pour satisfaire plus librement l'ardeur de son zèle
(1) Religiosus itaque puer Giraudus, comperiens in animo mundum positum in maligno, ut pote quia domus ardet et ignis instat a tergo, cœpit secun- dum sapientiam congruentem æsati tam teneræ revolvere in corde de logicâ illà singulari et unicà quæ mortis non timet ergo ; et post multos cogitatio- num accusantium defendentium circuitus, sacra illustris pueri deliberavit infantia demum petere desertæ, vel heremum, fecissetque desiderio satis, si teneritudo non obstitisset ætatis. {Ibid.)
(2) Erat indiebus illis Robertus quidam, vir spectabilis conversatione et omni vencrabilis acceptione.. Excitatus Giraudus puer præconio tanti viri, festinavit apud eum, invenitque ut sub tantà ferulà posset maturius erudiri..…. Suscipiens autem senex puerum cum devotione et alacritate, per dies aliquot notas faciebat parvulo vias Domini : qui, dum adolescerel et ad bheremum tenderet ulteriorem, videns pater in juvene tam intentum fervorem, persuadere cœpit ci religionem lasciorem et cocgit renitentem. Suscepit ergo, de consilio Roberti, puer Giraudus, Domino oblatus, habitum regularis canonici in mo- nasterio Sancti Aviti. Non longe erat monasterium ilind a villâ de Salis et a domo parentum; placuitque ambobus commodari Domino prædilectum talentum. {1bid.)
(3) Ingressus est Giraudus cœnobium cum virginitatis odore, referto sin- cero pectore spiritu mansuetudinis et virtutum multiplici flore... Talibus vir- : tutum fulgoribus, coram Deo et angelis, radiosus erat, et apud socios flagran- ter gratiosus. Et coegerunt eum gradatim ad ordines ascendere, usque ad diaconatum ; nam ex trepidatione et humilitate cordis semper abhorruit pres- byteratum, dicens se nolle augere reatum. {Ibid.)
et embrasser, comme Robert d’Arbrissel, son maître, la vie aus- tère et glorieuse d’anachorète et de missionnaire (1). Vêtu d’une chappe grossière, aux poils rudes et piquants, et portant sur la chair un cilice, il choisit pour s'y retirer une de ces solitudes qui, a la voix de Robert d’Arbrissel, venait de se transformer en une nouvelle Thébaïde : on pense que ce fut dans la forêt de Craon. Il se fit une loi de ne manger qu'après le coucher du soleil et sa nourriture ne se composa dès-lors que de pain d'orge, de lait ou de fromage, de légumes et d'œufs, très rarement de poisson ; le peu de vin qu'il mêlait à l’eau pour en rompre la crudité suffisait à peine à colorer sa boisson ordinaire (2). On ignore combien de
(1) Giraudus sic habitans per longum tempus extra formam sæculi in medio regularis populi, ut ad virilem pervenit ætatem, cogitavit addere fortiora ad ea quæ fuerant parvuli. Visitaverat pluries in illo temporis intervallo Robertum, religiosum et famosum magistrum suum, et biberat de purissimo ejuspectore, nobile Spiritûs sancti templum, et vixerat, ut ab eo didiscerat, sacri precep- torisad exemplum. Ad ipsum ergo rediit, Spiritûs sancti consilio, a quo exierat, tum quia eum sitiebat audire licentius, tum quia prædicando populis mereri volebat cumulatius, tum quia, heremi cultor, optabat latiora, declinans degere angustius : sancta quippe rusticitas prodest sibi soli; sed docta charitas pro- ximo et sibi. Ardebat in claustro, sed non lacehat mundo periclitanti, quia non erat in loco lucendi : videhat messem multam, sed operariorum paucita- tem et mercedis ubertatem. Egressus est igitur ut copiosiora sibé vindicaret merita, de paupere canonico factus pauperior heremita.
(2) Ex tune mutati sunt vestes et cibi, ex tunc sollicitius et aretius vacare Deo et sibi cœæpit. In primis, totus erat in cilicio, totusque in cruce et mar- tyrio, restrictus fuit in cibo et potu victu et vestitu, paucis minimisque con- tentus ; pallidus erat et macilentus, carnem spiritui subjiciebat ; parcins quam necesse esset seminecis artubus indulgebat. Corporis et mentis perpetuâ ruti- lavit virginitate, et mir se armavit asperitate ; omnes sensus corporis sic erant mortificati, ut in mortem vitiorum viderentur conjurati. Omnibus diebus vilæ suæ, æstate et hyeme, sanus et æger, semel et non plus comedebat ; languens et incolumis cilicium ad carnem gerebat ; semper ad occasum solis solvebat jejuninm, pane arcto et aquâ brevi, cum modico legumine perficiebat prandium ; pauis ordeaceus, quanto nigrior, tanto sibi charior et quanto al- bior, tanto sordidior. Vix lac (1) et ovum tangebat aut caseolum ; vix quan- doque pisciculum. Delicata gulæ quia improperando negabatet inter cœnandum sua fletibus ora rigabat ; in puimentis legumineis admiscebat aquæ frigidæ vel vini liquorem, ut omnem adnullaret saporem. Sæpius intactas epulas misit
(1) Au lieu de lac, Dem Martene #lu sal ; nous pféférons la leçon donnéé paf Dom Fonteneau.
— XV —
temps il pratiqua cette vie de solitude et d’austérités dont l’idée seule est faite pour exciter notre étonnement, mais qui, en morti- fiant la chair, était faite pour exalter merveilleusement en lui l'enthousiasme religieux et le préparer au role actif qu'il était destiné à remplir (2). Giraud sortit enfin de sa retraite, et, semblable à Jean-Baptiste, 1l fit entendre au peuple une parole énergique et sévère, mais inspirée du véritable esprit évan- gélique, dont la vertu produisit bientôt un réveil dans tous les esprits. Pierre Il, évêque de Poitiers, témoin des mer- veilles opérées par l'éloquent missionnaire, s’efforca de l’attacher à son diocèse, et il lui offrit de l'aider à y établir des maisons religieuses pour les nombreux fidèles qui s'étaient rangés parmi ses disciples (3). Giraud dut remettre alors à un autre temps l’exé- cution de ces pieux desseins : pour obéir à Robert d'Arbriss], dont il fut toujours l’auxiliaire dévoué, il se rendit en Périgord, vers 4444 ; et, non loin du lieu de sa naissance, dans la forêt de
egenis ; sæpe esuriens ministravit plenis. Vino quod erat bibiturus ad horam per infusionem aquæ tollebat colorem, dulcorem et saporem : semper vini virtutem sic enervabat, quia purum bibere crenim reputabat imnane.. In dis- cretis temporibus, cilicium et cappa fuerunt illi indumenta ; cappa grossa, rudis et vilis, in sui novitate asperis et hirsutis insita pilis. Habens alimena et quibus tegeretur, his contentus erat.
(2) Giraudo itaque scientiæ innatæ, acquisitæ et infusæ triplici cacumine vigente, irruit in eum Spiritus Domini repente, ut prædicando portaret nomen Jesu coram omni natione et gente. Lucebat ut carbunculus, etc. Disseminabat ergo luculenter et eleganter verbum Dei per universam regionem, et laxabat prudenter relia in capturam ; per varios actus erat, ob lucrum animarum, om- nibus omnia factus ; replens enundo patriam, evangelistæ faciebat opus, nec erat qui se absconderet a calore ejus.
(3) Audita sunt Giraudi præconia longe lateque, et celebri sermone vulgata, in episcoporum et prælatorum audientià. Primus, dominus Petrus, Pictavien- sis episcopus, vir vit et scientià præclarus, dextram dedit ei interminabilis caritatis, commiltens ei vices suas et ordinariæ auctoritatis. Similem aucto- ritatem quamplures episcopi commiserunt ei dare legem vitæ et disciplinæ et seminare semen Sanctum in populo Dei : oplime enim noverent Spiritu fer- ventem, non talentis incubantem, sed lucris instigantem. Etille, solito vehe- mentius, linguæ sarculo, cœpit evellere, destruere, disperdere, dissipare , ædificare. plantare et renovare ; factitans prava in directa, et aspera in vias planas. Exaltabat ut gigas ad discurrendum per terras et vicos, urbes et cas-
tella, parare Domino plebem perfectam.
Cadouin,
il
eut
la
gloire
de
jeter
les
fondements
d'un
monastère,
qui
est
devenu
une
abbaye
célèbre.
L'abbaye
de
Granselve,
Gran-
dis
sylva,
au
diocèse
de
Toulouse,
fut
également
fondée
par
Giraud
vers
la
même
époque.