-^__^_^i* INSTITUT DE FRANCE. PRODROME DE LA CLASSIFICATION DES REPTILES OPHIDIENS. Mémoire lu dans la séance du 2 novembre i852, Par M. DUMÉRIL. (EXTRAIT DU TOME XXIII DES MÉMOIRES DE L' ACADÉMIE DES SCIENCES.) PARIS, TYPOGRAPHIE DE FIRMIN D1DOT FRERES, IMPRIMEURS DE L'INSTITUT, Rue Jacob, n° 56. 1853. %Mv of st^ PRODROME DE LA CLASSIFICATION DES REPTILES OPHIDIENS. Mémoire lu dans la séance du i novembre i85a, Par M. DUMÉRIL. INTRODUCTION ET CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LES CARACTÈRES DE L'ORDRE DES SERPENTS. L'étude des Serpents a toujours offert les plus grandes difficultés aux zoologistes pour la classification. Ces Repti- les, comme s'ils avaient été construits sur un modèle uni- que , se ressemblent excessivement entre eux au premier aspect. Ils n'ont, à l'extérieur, aucun de ces organes dont les formes particulières se prêtent si avantageusement aux observations variées et importantes que fournit, en gé- néral, l'économie des corps vivants et animés. Chez les ani- maux vertébrés, ces particularités ont été reconnues et em- ployées avec un grand succès pour faciliter les distributions plus ou moins naturelles , en genres et en espèces. Ces ar- rangements se sont trouvés établis sur la présence, la forme, 4 CLASSIFICATION DES SERPENTS. la -division et les usages des membres, et surtout d'après les grandes différences qui se remarquent dans le squelette et les parties de la bouche. Ces organes , très-variés, déno- tent, en effet, d'avance les habitudes , les mœurs et aussi la nature diverse des aliments chez les Mammifères, les Oiseaux, la plupart des Reptiles, et même chez les Poissons. Les Serpents, en général, ont une conformation extérieure et une structure interne presque identiques. Comme ils sont privés de membres, ils n'ont offert jusqu'ici à l'observateur naturaliste d'autres notes précises que celles qui avaient été empruntées à la forme, à la distribution des couleurs, ou au nombre des écailles qui recouvrent certaines régions de leur corps; mais il est reconnu que ces particularités ne suf- fisent pas aux besoins et aux exigences de la science. Il était donc nécessaire de chercher ailleurs qu'au dehors de l'animal des caractères matériels, dont la présence cons- tatée serait d'accord avec les modifications observées dans les mœurs et les habitudes de certaines races parmi les Ophi- diens. D'après quelques remarques importantes, consignées dans la science, ces caractères sont évidents; ils sont inscrits sur des organes qui ont la plus grande influence dans la manière de vivre de ces Reptiles. Ce sont les parties consti- tuantes de la bouche, pour les pièces osseuses, et surtout les dents dont les mâchoires sont armées. Déjà depuis dix années, M. Bibron et moi, nous nous étions livrés à ces re- cherches, dont les preuves matérielles très-nombreuses, ran- gées et étiquetées méthodiquement, sont aujourd'hui con- servées dans les collections du Muséum; car nous avons dirigé nos études sur tous les Serpents que nous avons pu soumettre à notre observation. CLASSIFICATION DES SERPENTS. 5 J'ose me flatter d'avoir, le premier, établi, pour cet ordre des Reptiles, un corps de doctrine complètement nouvelle dans son ensemble et heureuse dans ses résultats; car ces animaux se trouvent ainsi classés d'une manière beaucoup plus naturelle. Maintenant que mon travail est terminé, et dans l'impossibilité où je suis de le publier dans tout son ensemble, je prends le parti de faire connaître nominative- ment, dans un tableau général et succinct, les familles, les genres, les espèces et les variétés de tous les Serpents que j'ai pu examiner , et dont l'histoire complète est consignée dans le manuscrit de X Erpétologie générale. C'est un prodrome , une analyse de la méthode que je crois utile d'exposer pour donner une idée exacte et la preuve écrite du travail considérable que nous avions entre- pris, et qui se trouve achevé par mes soins. Trois volumes entiers seront consacrés à l'histoire des Serpents que nous avions commencée en publiant le sixième volume en i844; celui qui doit suivre sera divisé en deux tomes sous la même pagination. J'ai cru devoir expliquer , par ces préliminaires, le but et l'intention de ce prodrome; mais je ne présente aujourd'hui à l'Académie que des considérations générales sur la mé- thode naturelle, les sous-ordres et les familles que nous avons proposés; l'analyse de ce travail entier ne pouvant intéresser spécialement que les naturalistes, au jugement desquels j'ai l'intention de le soumettre dans ses détails. L'Académie, en accordant à ce travail une place dans ses Mé- moires, m'a autorisé à y joindre deux planches, dont les dessins sont une reproduction réduite des grandes figures faites d'après nature dont je me sers pour les démonstrations 2 6 CLASSIFICATION DES SERPENTS. dans les cours dont je suis chargé au Muséum d'histoire na- turelle de Paris depuis l'année 1802. Nous indiquerons dans ce prodrome la correspondance des numéros que portent les figures, lorsque nous traiterons des sous-ordres et des fa- milles dont ces dessins offrent les caractères principaux. L'ordre des Serpents comprend aujourd'hui , pour les naturalistes , un très-grand nombre d'espèces. Toutes se ressemblent par la forme générale de leur corps, qui est al- longé, constamment privé de pieds ou de nageoires paires latérales; de plus, leur bouche est toujours garnie de dents pointues, coniques, courbées et dirigées en arrière, implan- tées dans les os des mâchoires qui sont mobiles, ou non soli- dement fixés sur ceux du crâne. Jamais ces animaux n'ont l'œil protégé par des paupières distinctes , et leur oreille n'offre pas de conduit auditif externe. Leur langue, charnue, protractile, fendue profondément à la pointe, peut rentrer dans un fourreau membraneux. Enfin, l'organisation interne de ces Reptiles correspond aux modifications générales dé- terminées par cette conformation extérieure. Tels sont les caractères généraux qui distinguent les Ser- pents, quand on les compare ou lorsqu'on les oppose à ceux que présentent les autres animaux de la même classe des Reptiles. Plusieurs naturalistes ont proposé de faire, dans cet ordre, quelques coupes ou des distributions plus ou moins naturel- les, et d'accord avec les modifications des organes ou les ana- logies qu'ils avaient remarquées dans les formes extérieures de certains individus, comme propres à rapprocher les uns des autres les genres destinés à réunir les espèces ; mais ces aperçus, souvent heureux, n'étaient cependant pas le résultat CLASSIFICATION DES SERPENTS. n de considérations générales importantes, ni de la comparai- son des espèces, ce qui est toujours nécessaire pour éta- blir une méthode naturelle, ou même une classification sys- tématique, telle que l'exigent aujourd'hui l'analyse raisonnée, ou les systèmes artificiels proposés pour l'étude de l'histoire naturelle. La classification que nous proposons est établie sur une série de considérations importantes, différentes de celles qui ont, jusqu'ici, dirigé les études des ophiologistes qui nous ont précédé. Nous avions à écrire l'histoire complète de plu- sieurs centaines d'individus, qu'il nous a fallu reconnaître, rapprocher et distinguer entre plus de trois mille exemplai- res, disséminés et confondus dans des bocaux divers, et qui se trouvent aujourd'hui nominativement rapprochés et dési- gnés par nos soins, dans l'immense collection que renferme le Musée d'histoire naturelle de Paris. Parmi les caractères généraux propres à fournir aux na- turalistes un arrangement méthodique dans l'ordre des Ser- pents, nous n'en avons pas trouvé de meilleurs que ceux qui nous ont été fournis par l'examen des crochets dont leur bouche est armée. Nous avons donc étudié, avec le plus grand soin, la structure des parties de la bouche, la com- position et le jeu des mâchoires, surtout les modifications nombreuses et variées que présentent ces dents, dont les rapports sont assez constants dans quelques races pour les caractériser d'une manière certaine. J'ai fait préparer et conserver ces pièces osseuses pour mes démonstrations : elles sont rangées et distribuées, comme les animaux mêmes, par sous-ordres, familles et genres, et leur nombre est considérable. Nous avons surtout mis beau- 2. 8 CLASSIFICATION DES SERPENTS. coup d'importance à faire préparer les têtes des individus qui peuvent être considérés comme des types dans les gen- res principaux , lorsque nous avons pu nous les procurer. Très-souvent nos collections de crânes et de mâchoires réu- nissent ceux d'une même espèce sous différents états de développement, ou d'individus qui représentent des variétés d'espèces d'un même genre. La base de la classification que nous avons adoptée et suivie dans le cours des trois volumes consacrés spéciale- ment à l'histoire des Serpents dans notre Erpétologie géné- rale, est uniquement fondée sur le nombre, la forme et les modifications que les dents peuvent présenter , en se bor- nant même au simple examen extérieur. Tantôt c'est le mode d'implantation des crochets sur les différents os de la bouche, leur longueur respective et leur arrangement ré- ciproque; tantôt la situation constante et déterminée de quelques-unes de ces dents, dont la structure reconnue, même au dehors et d'avance, offre par cela même des diffé- rences très-importantes à apprécier pour l'étude des mœurs et des rapports naturels. La simple observation, qui porte d'abord et uniquement sur la forme, la situation relative et la structure des crochets dentaires dont la bouche des Serpents est armée , nous a suggéré l'intention et nous a persuadé de la nécessité qu'il y a maintenant de désigner ces grands groupes par des noms nouveaux, propres à exprimer matériellement les caractères essentiels des sous-ordres qui partagent cette nombreuse tribu de la classe des Reptiles. L'examen des dents des Ophidiens devient donc la clef de la méthode suivant laquelle les Serpents se trouvent divisés CLASSIFICATION DES SERPENTS. y et rapportés à cinq sous-ordres principaux, et ceux-ci dis- tribués en un assez grand nombre de familles qui réunis- sent les genres. Les deux premiers sous-ordres ne comprennent que des Serpents dont les morsures ne peuvent être dangereuses , parce que leurs dents, quoique très-piquantes et acérées, ne sont réellement destinées qu'à saisir et à retenir momenta- nément la proie animale, lorsqu'elle jouit encore de la vie. Ces crochets, arrangés comme on voit disposées sur les car- des les pointes de fer courbées et correspondantes les unes aux autres, sont ici destinés à faciliter la préhension de la victime; ils la retiennent accrochée et la font avancer peu à peu vers le pharynx, pour aider la déglutition : car faction d'avaler ne peut s'opérer qu'en masse et en totalité, la proie n'étant jamais divisée par parties ou portions distinctes. Ces crochets sont toujours séparés les uns des autres, lisses et polis; leur surface émaillée ne porte pas de rainure appa- rente, ou cette ligne enfoncée longitudinale que l'on dési- gne sous le nom de sillon, qui, chez les Serpents des trois autres sous-ordres, est toujours visible sur la face antérieure, vers la pointe de la dent, ce qui les caractérise. Voilà donc la principale différence reconnue et établie pour ces deux premiers sous-ordres de la grande seetion des Serpents parmi les Reptiles : c'est que ceux-ci ont tous et constamment des crochets courbes, constamment lisses à la surface, ou sans cannelures. Nous avons pu les indiquer par une dénomination qui leur est commune. Elle se termine par le mot odontes , précédé en outre d'un terme qui rap- pelle la particularité que présentent ces dents quand on re- connaît leur mode d'implantation sur les mâchoires. IO CLASSIFICATION DES SERPENTS. Les trois autres sous-ordres, dont le caractère se trouve inscrit dans la rainure ou le sillon , que l'on peut aisément reconnaître sur une ou plusieurs de leurs dents, ont reçu des noms dont la désinence reste la même, parce qu'elle in- dique la présence de cette gouttière destinée à inoculer le venin dont toutes ces espèces paraissent armées. Dans l'un des deux premiers sous-ordres à dents lisses, on n'observe de crochets que sur l'une des mâchoires seu- lement , tantôt sur la supérieure, tantôt sur l'inférieure. Or, c'est là un caractère unique et très-évident, qui réunit plusieurs genres dont les espèces, jusqu'ici peu connues, sont pour la plupart étrangères à l'Europe. Ces Serpents, très-faibles, ne peuvent être rapportés qu'à un seul sous- ordre, subdivisé lui-même en deux familles et en huit gen- res distincts. Toutes les espèces ont un corps arrondi, dont les extrémités sont à peu près de même grosseur; leur bou- che est fort petite, et leurs dents sont très-grêles. Comme H', rainure. s 1 £ I 4. IIPO'TEPON, en avant, anterius, et de rAV4>H', entamure, incisio. ' w \ 5. SQAH'N, un tuyau, un canal, fistula, ductus canaliculahis, et de rAÏ"4>H . 2^ PRODROME GENERAL PREMIER SOUS-ORDRE DES OPHIDfENS. Les Serpents OPOTÉRODONTES (1), dits scolécophides (2). Serpents vermif ormes , non venimeux ou à crochets lisses, dont le corps est à peu près de même grosseur, de la tête à la queue, recouvert partout, même sous le ventre, dé- cailles lisses, polies, entuilées; à tête petite ; à museau ar- rondi et à bouche en dessous ; n ayant des dents ou des crochets qu'à l'une des deux mâchoires. Tous ces Serpents se ressemblent entre eux par la forme cylindrique du corps, analogue à celui des Lombrics ou des Annelides terrestres dont ils ont les habitudes, se mettant à l'abri sous des pierres ou dans l'intérieur de la terre, restant cachés dans des galeries souterraines, creusées probablement par d'autres animaux. Leur bouche, excessivement petite, n'est garnie de dents maxillaires que dans le haut ou dans le bas , cependant leur palais offre toujours de petites pointes ou des crochets courts, situés obliquement et quelquefois en travers. La fente étroite de leur bouche est constamment si- tuée au-dessous d'un museau obtus, proéminent ou plus avancé. (i) De ÔTTOTEpoç, de deux manières, de l'une ou de l'autre, alter-uter, et de 6Soû;, àoovToç, dent. (2) 2x<6Xï)i;, ver de terre, lumbricus, et de ocpiç, serpent. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 2 r > Les os de la face paraissent solidement unis à ceux du crâne, et sont peu développés. Les susmaxillaires très-courts, les intermaxillaires antérieurs, dits os incisifs, sont souvent unis ou soudés entre eux et comme impairs, ce qui leur donne plus de solidité; cependant ils ne portent pas de crochets. La mâchoire inférieure est plus courte en avant que la supérieure. Les yeux sont petits , souvent recouverts par une plaque cornée, ou tout à fait nuls. Ces Serpents diffèrent de tous les autres Ophidiens par- leur écaillure entuilée, semblable à celle des Lézards scin- coidiens, et par la structure particulière des os delà face. Ce sous-ordre des Ophidiens a été établi par nous (i), quoique les Serpents qui s'y trouvent compris semblent faire suite aux Sauriens des deux familles dites les Scincoidiens et les Glyptodermes, tels que les Orvets et les Amphisbènes. M. Mùller les désignait sous le nom de Petites - Bouches ou Microstomata , au moins pour la plupart. Nous ne croyons pas devoir entrer ici dans beaucoup d'au- tres particularités, les caractères des genres, des espèces et toutes les synonymies étant établis dans le VI e volume de l' Erpétologie générale. Nous ne reproduisons pas ces détails dans ce prodrome ; nous en présentons seulement l'analyse, avec les indications d'après lesquelles on trouvera toutes les explications nécessaires. Deux familles appartiennent à ce sous-ordre. Le tableau synoptique de leur distribution en deux familles et en huit genres s'y lit à la page 253. (i) Erpétologie générale, tome VI, page a33 , publié en 184 4- 26 PRODROME GÉNÉRAL Première famille. Les épanodon tiens (i) ou typhlopiens, dont la mâchoire supérieure est garnie de crochets, quand l'inférieure, au contraire, en est dépourvue. Six genres (Planche I re , fig. i et 2) : G. I. Pilidion de Wagler. — -Typhlops de Schlegel, Abbild. ampli., pi. 52. i. P. rayé. — Acontias lineatus, Reinwardt, Erp., t. VI, p. 257. G. II. Ophthalmidion , nobis. \. 0. très-long, par M. deCastelnau, Amer. sept. 2. 0. d'Eschricht. — Typhlops, Schlegel, Abbild. amph., pi. 57. 5 et 4. 0. épais et brun. — Espèces nouvelles. G. III. Cathétorhine , nobis. — Erp., t. VI, p. 268. \. C. mélanocéphale, espèce nouvelle de Pérou. G. IV. Onychocéphale , nobis. — Erp., t. VI, p. 272. \. 0. Delalande, espèce nouvelle du Cap. 2. 0. muliirayè, nobis. — Schlegel, Abbild., p. 40, pi. 52-59-42. 5. 0. unirayé, nobis. — Esp. nouv., Cayenne, M- C. Richard. 4. O. museau pointu, nobis. — Erpét. gén., t. VI, p. 555. 5. 0. trapu, nobis. — Congestus, ibid., p. 555; plus cinq au- tres, décrits, trois par M. Smith , dans ses Illustrations ; deux par M. Bianconi, originaires de Mozambique. G. V. Typhlops. — Schneider. Erpét. gén., t. VI, p. 281. J. T. réticulé, nobis, pi. 60. — Typhlops lumbricalis , Schlegel. 2. T. lombric, nobis — de Cuba ; M. Ramon de la Sagra. 5. T. de Richard, nobis. — Cinereus, Guérin, Icon. R. a. pi. -18. 4. T. platycéphale, nobis — de la Martinique ; M. Plée. 5. T. noir et blanc, nobis — de Sumatra , Erp. , t. VI, p. 295. 6. T. de Mûller. — Schlegel , Abbild. amph. , p. 59, pi. 52. 7. T. de Diard, nobis. — Schlegel , ib. (1) 'H,7rocvw, en dessus, supra, superior, et de oSouç, oSovtoç, dent. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 27 8. T. à lignes nombreuses. — Schlegel, Abbild. amph., p. 40, %. 55-38. 9. T. vermiculaire. — Merrem; Lombric, Lacépède. 40. T. filiforme, nobis. — Erp. gén., t. VI, p. 307. M . T. brame. — Cuvier, Règne animal , t. II, p. 73. \2. T. noir. — Schlegel , Abbild. amph., pi. 32, fig. 29-51 . G. VI. Cépdalolépide , nobis. — Erp. gén. , t. VI, p. 314. \ . C. leucocéphale, nobis. — Typhlops squamosus, Schlegel. Seconde famille. LescATODONTiENs(i), Erpét. génér., t. VI, pag. 317, dont la mâchoire inférieure est la seule garnie de crochets ; car on n'en trouve pas dans les os susmaxillaires. Ce groupe ne réunit que deux genres : G. I. Catodon, à yeux latéraux peu apparents; queue très-courte. i. C. à sept raies. — Schneider, Hist. amph., fasc. 2, p. 5H. G. II. Sténostome, à yeux latéraux très-apparents ; queue longue. \ . S. du Caire — du musée de Strasbourg, Erp. gén. VI, p. 325. 2. S. noirâtre. — Typhlops, Schlegel, Abbild. amph., p. 36, pi. 57. 5. S. front blanc, nobis. — Wagler, Serp. Brésil. Spix , p. 69 , pi. 28, n» 5. 4. S. de Goudot , nobis. — Espèce nouvelle de la Nouvelle-Gre- nade. 5. S. deux raies, nobis. — Schlegel, Abbild. amph., pi. 52, p. 56. (1) Kato), en bas, infra, inferius, et de ôSoûç, oSovxoç, dent. 2.8 PRODROME GENERAL SECOND SOUS-ORDRE DES OPHIDIENS. Les Serpents AGLYPHODONTES dits azémiophides. Serpents à dents recourbées, arrondies, coniques, pleines, lis- ses, sans cannelures sur leur pointe et implantées sur les deux mâchoires. Fous ces Serpents ressemblent plus ou moins à nos Cou- leuvres. Généralement, leur corps est cylindrique; leur queue pointue et conique. Quelques-uns semblent avoir conservé des indices ou des rudiments des pattes postérieures sur les bords de l'ouverture transversale qui se voit à l'origine de la queue, et l'animal en fait usage comme de crochets ou de grappins, qui lui servent de point d'appui lorsqu'il rampe ou quand il grimpe. Leur tête varie beaucoup pour la forme et la longueur du crâne, comparées à celles de la face. Ce sont surtout les os incisifs ou intermaxillaires, ainsi que ceux dits nasaux, qui modifient la forme du museau, lequel est plat, prolongé en boutoir dans les espèces qui fouissent la terre, arrondi et court dans les espèces aquatiques, dont les narines sont rapprochées entre elles au-dessus du museau. Enfin, ce museau est moyen et très-variable dans les terrestres et les arboricoles. Les os susmaxillaires sont constamment garnis de dents pointues et crochues. Cette mâchoire supérieure est toujours très-Ion- DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 2û gue, quoique constamment plus courte que les branches in- férieures. Comme la conformation générale est presque toujours semblable, elle offre peu de prise aux observations propres à fournir des caractères de premier ordre. On voit rarement des appendices, des crêtes, des tentacules, ou d'autres expan- sions de la peau, telles que des fanons, des goitres, des lignes saillantes au crâne ou sur les parties latérales du corps, organes extérieurs , dont la présence nous a été très-utile pour la désignation des autres ordres de la classe des Reptiles. Il est important de rappeler que la plupart des familles établies par nous dans cet ordre des Aglyphodontes ont été fondées sur les modifications nombreuses et importantes fournies par l'examen comparatif du nombre, de la forme, de la longueur proportionnelle et de la distribution relative des crochets qui garnissent les os de la mâchoire supérieure ou des dents ptérygo-palatines. Pour un petit nombre cependant, la conformation géné- rale de la tête et des os maxillaires supérieurs ou inférieurs a été employée comme moyen de classification. Les divi- sions secondaires ont eu pour base l'apparence générale du corps et l'habitude extérieure, ainsi que les dimensions comparées de la queue et du tronc. C'est surtout par les plaques de la tète, qui varient dans leur nombre et leur distribution, comme par leur forme particulière, de même que celles de la gorge, et que toutes les autres écailles du tronc, soit sur le dos, sur les flancs et sur la région de la queue, et c'est surtout aussi d'après les pla- ques qui revêtent le dessous du ventre et de la queue, et dé- 5 3o PRODROME GÉNÉRAL signées sous le nom de gastrostéges et d'urostéges, que cer- tains genres ont pu être distingués dans les diverses familles établies sur d'autres caractères plus importants. Ainsi, les écailles sont plus ou moins distinctes les unes des autres, par leurs formes très-diverses, par la nature et le mode de leur distribution en séries plus ou moins régulières, ou par rangées en quinconce, dont les lignes de jonction varient pour l'obliquité, ou la forme, ou la longueur. Ces écailles dif- fèrent en outre, suivant l'aspect de leur surface lisse, striée, cannelée ou carénée ; selon leur largeur, leur fixité ou la mo- bilité qu'elles éprouvent, ainsi que par la dilatation ou les res- serrements de la peau dans telle ou telle région. On observe également le dessous du corps pour les scutelles abdominales et sous-caudales, qui sont elles-mêmes très-variables par leur forme, leur largeur, et surtout par leur nombre, lequel est beaucoup moins constant que ne l'ont écrit la plupart des auteurs, qui n'avaient indiqué souvent que ce nombre comme caractère distinctif des espèces , car il ne nous reste aujour- d'hui aucune incertitude sur sa variabilité. Gomme nous avons donné, dans le petit mémoire qui a servi d'introduction à ce prodrome, l'indication des douze familles qui composent le sous-ordre des Serpents Aglypho- dontes , nous croyons qu'il suffira d'en présenter ici le ta- bleau synoptique, qui représente l'analyse de cette distribu- tion, telle qu'elle se trouvera plus détaillée dans le septième volume de notre Erpétologie générale, qui n'est pas encore publié. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 3i en Z m w en en z H 5 ■«1 W 35 Z g en Z g Z H z o a z E c en z E g Z o a o en z u en z w z u s ■M Z b) 5 ■H H Z CS H K O J « o c z B z z Z ci -i •< Œ g W O £ ■< ■< O o 9 C a 6- O n es ce H ei < 3 C o O O p U u eu -1 ~i ■< ■ S ce! ej -3 g •< w Cu <, j U o û. (M O t» J & U CU «1 33 «S _] O en Q 1 9 2 X > > î" > p H a > R S h • ù en • a eu o 3 B S O eu eu en U3 3 •a u eu en eu B eu bo s* eu i» a en eu eu _CU en a> en "3 a. «u s -a «3 S o a 'S o o en C eu T3 '03 "S. 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La première sous-famille offre, de plus, sur les bords du cloaque, deux crochets de corne ou des pointes roides, osseu- ses, qui servent comme des rudiments de pieds ou de crocs pour aider dans l'action de grimper : d'après les espèces les plus connues, nous avons nommé ces Serpents les Pythonides. {Erpét. génér., t. VI, pag. 378.) Les genres qui n'ont pas la queue enroulante, et qui ont cependant des crochets dans les os incisifs, sont désignés par nous comme une tribu sous le nom également adopté pour l'un des genres : ce sont les Tortricides. (Tom. VI, pag. 567.) (1) Ce nom est composé des mots oXoç, complet, totus, cunrtus, et de oSouç, oào'vTo;, dent. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 33 Les Pythonides réunissent quatre genres : les trois premiers ont de petits creux ou des enfoncements, dits des fossettes, sur les bords des deux lèvres; tandis que le quatrième n'en présente que sur la lèvre inférieure ; ce sont : G. I. Morélie, Gray. — Erpét., t. VI, p. 385, qui n'a de plaques que sur le bout du museau. Une seule espèce , dite Argus, p. 585. G. II. Python , p. 592 — dont les plaques sincipitales s'étendent au delà du front, et qui comprend cinq espèces, p. 599. \ . P. de Sèba — que nous avons fait figurer pi . 61 . 2. P. de Natal, Smith. — Hortulia de Gray, p. 409. 5. P. royal , nobis. — Bellii , Gray. 4. P. Molure , Gray. — Bivittatus , Schlegel, t. II, pag. 405, pi. XV, n° 5. 5. P. réticulé, Gray. — Schneiderii , Schlegel, p. 415. G. III. Liasis — dont les fossettes labiales sont peu profondes, et chez les- quels les plaques qui recouvrent le dessus de la tête ne se prolon- gent pas au delà de l'espace interorbitaire ; quatre espèces appar- tiennent à ce genre et sont décrites page 455. \. L. améthyste, Gray — qui a deux fossettes profondes sur la plaque rostrale. 2. L. de Children, Gray — dont les fossettes sont peu distinctes et à deux frênaies. 5. L. de Machlot, nobis, p. 440. —Schlegel, t. II, p. 420. 4. L. olivâtre, Gray — dont la plaque rostrale n'a pas de fos- settes, tome VI, p. 442. G. IV. Nardoa , Gray. — Bothrochilus , Fitzinger, Erp. géu., t. VI , p. 444, qui n'a de fossettes qu'à la lèvre inférieure seulement. \. N. de Gilbert, Gray — de l'Australie, port Essington. 2. N. de Schlegel, Gray. — Tortrix boa, Schlegel, Abbild. ampli., pi. 45. 34 PRODROME GÉNÉRAL Les Holodontiens Tortricides sont des Serpents qui vivent sur des terrains mobiles, dans l'intérieur desquels ils peuvent se cacher. Quelques-uns ont encore des vestiges de membres postérieurs représentés par de petits ergots, mais leur queue est extrêmement courte. Dans l'un des genres, elle est pres- que aussi grosse que le tronc, et dans l'autre elle est terminée en pointe. {Erpétologie générale, t. VI, p. 58o.) G. V. Rouleau. — Tortrix , Oppel. Les yeux recouverts par une seule écaille ; les orifices des narines dans une seule plaque avec une scissure latérale. \. R. scytale. — Erp. gén., p. 586; Schlegel,Abbild., pi. 35,fig.4-4. G. VI. Xenopeltis. — Reinwardt , Isis, >I827, p. S64. Deux écussons au mi- lieu du vertex, les gastrostéges à six pans. \. X. unicolore. — Wagler, Syst. amphib., p. 494, genre 93; de Java; Schlegel, Phys. Serp. , t. II, p. 20, pi. 4 , fig. 8-40. 2. X. leucocéphale, Reinwardt. — Schlegel le regarde comme non adulte ; de Sumatra. OPHIDIENS AGLYPHODONTES APROTERODONTIENS (1). DEUXIÈME FAMILLE. Caractères essentiels. Semblables aux Pythons, mais ils en diffèrent surtout parce que leurs os incisifs ou intermaxil- laires antérieurs , ne sont pas garnis de crochets ou de dents. (Erpétologie générale, tom.VI, pag. 45o.) Nous les avons partagés en deux tribus, suivant qu'ils ont (i) De a privatif, sans, sine; 7rpt>Tepov, en avant, et de éSoû;, ôûovtoç: qui n'ont pas DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 35 la queue enroulante dite préhensile, ou que cette queue n'est pas enroulante, comme dans les genres de la famille précé- dente, et nous avons laissé à chacune le nom du chef de la tribu : ce sont, d'après lesgenres, les Érjcideset les Boœides. LesÉRYCiDES (p. 45 1) se rapprochent des Tortrixdu groupe précédent, parce que leur queue n'est pas préhensile; ce ne sont pas des Serpents fouisseurs, quoiqu'ils puissent s'enfoncer dans les sables en raison de la forme particulière de leur mu- seau et du développement remarquable de l'os intermaxillaire antérieur qui est unique ou impair, ce qui donne à la portion la plus avancée de la face la fonction d'un boutoir solide sur lequel peuvent s'arc-bouter les os du nez, qui sont très-déve- loppés. Il n'y a, au reste , que deux genres : G. I. Éeïx, composé de quatre espèces. Erpét. génér., t. VI, p. 454. \. E. de John , nobis. — Boa anguiformis des auteurs. 2. E. javelot. — Jaculus, Daudin, et de la plupart des ophiolo- gistes. 3. E. de la Thébaïde, de Geoffroy Saint-Hilaire. — Egypte, pi. 0, «g- '• 4. E. queue conique. — Boa conica , Schneider. Erpét. génér., t. VI, p. 470. G. II. Cylihdrophis , Wagler. — Ilisia, Hemprich , Erpét. gén. , t. VI, p. 594 . Semblables aux Rouleaux, mais pas de dents intermaxil- laires (J); pas de scissure dans la plaque des narines; yeux à découvert : trois espèces inscrites. de dents antérieures ou dans les os intermaxillaires, mais qui, d'ailleurs, res- semblent aux Pythons. (1) Voilà pourquoi, malgré leurs analogies avec les Tortrix, auxquels nous les avions réunis dans Y Erpétologie générale, nous les plaçons maintenant dans ce groupe. 36 PRODROME GÉNÉRAL À. C. à dos noir. — C. melanota , Wagler ; Schlegel, Abbild. amphib. , pi. 33. 2. C. roussâtre. — C. rufa, Gray; Schlegel , t. II, p. 9. 3. C. tacheté. — C. maculata, Wagler; Schlegel, Phys. Serp. , t. II, p. \2. Les Bolides, qui ont la queue enroulante , et qui ressem- blent par cela même aux Pythons, n'ont pas, comme ces der- niers, des crochets ou des rudiments de pattes sur les bords de leur cloaque, ni les dents incisives, mieux nommées inter- maxillaires antérieures. Dix genres appartiennent à ce groupe naturel, qui , lui-même, peut être partagé en deux grandes sections : chez les uns, les écailles sont carénées ou portent une petite crête saillante (tome VI, pag. 377), tandis que l'écaillure est lisse chez les autres. Quatre genres de cette division des Boaeides, comprenant les espèces qui ont les écailles carénées, ont été désignés sous les noms suivants. Ce sont ceux qui portent ici les n os 4, 5, 6 et 7. G. IV. Enigre, Wagler — qui ont la tête revêtue d'un pavé d'écaillés ou de petites squames irrégulières : deux espèces, p. 479. \ . E. caréné. — Boa carinata des auteurs ; Candoia, Gray. 2. E. de Bibron , de Hombron et Jacquinot. — Voyage au pôle Sud. G. V. Leptoboa , nobis. — Cascara , Gray, qui, avec des écailles caré- nées, ont des plaques symétriques sur le museau seulement, pag. 485. J. L. de Dussumier. — Boa, Schlegel, t. II, p. 396. G. VI. Tropidophide, nobis. — Ungalia, Gray, qui ont le dessus de la tête recouvert de grandes plaques symétriques et les narines ouvertes entre deux écailles. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. Ô"J \. T. mélanure, nobis. — Boa, Schlegel , t. II, p. 599. 2. T. tacheté, maculatus, nobis. — Leionolus, Bibron , Hist. Cuba, pi. 24. G. VII. Plattgastke, nobis. — Uroleplis, Filzinger, p. 496; orifice des na- rines au milieu d'une plaque : urostéges sur un seul rang. \ . P. multicaréné, nobis. — Tortrix pseudo-eryx , Schlegel , t. II, p. 4 9. Les genres dont l'écaillure est lisse, sont les suivants : y G. VIII. Boa, Wagler — dont la tête est revêtue d'écaillés, et non de pla- ques, et qui n'ont pas de fossettes labiales, p. 500 : quatre espèces. \. B. constricteur, Linné. — Boiguacu des auteurs; Schlegel , t. H, p. 575. 2. B. diviniloque, nobis, et de Laurenti. — Séba, t. II, pi. 100. 5. B. empereur, Daudin. — Hist. Rept. , t. V, p. 450. 4. B. chevalier, Eydoux. — Voyage de la Bonite, Zoologie, pi. 4. G. IX. Pélophile, nobis. — Tête couverte de plaques régulières ; narines la- térales ; écailles lisses ; pas de fossettes latérales. 4. P. de Madagascar, nobis. — Erpét. gén., t. VI, p. 524. G. X. Ecnecte, Wagler. — Tête couverte de plaques irrégulières; narines latérales ; des fossettes labiales, des écailles lisses, t. VI , p. 527. \. E. murin, Wagler. — Boa murina des auteurs; Schlegel, t. II, p. 580. G. XI. Xiphosome, Wagler. — Ce genre se reconnaît aux fossettes labiales et aux plaques symétriques, qui n'occupent que le devant du mu- seau seulement; il réunit trois espèces, page 540. \ . X. canin, Wagler. — C'est le Bojobi de Séba et des auteurs; Cuvier, Règn. anim., iconograph., pi. \9, fig. 2. 6 3* PRODROME GÉNÉRAL 2. X. parterre. Hortulanum, Wagler. — Boa, Schlegel, t. II, p. 392. 5. X. de Madagascar, nobis. — Erpét. génér., t. VI, p. 549. Ci. XII. Kpicrate, Wagler. — Ayant les caractères des Xiphosomes , mais des plaques symétriques dans toute la moitié antérieure de la face. \. E. cenchris, Wagler. — Une chaîne d'anneaux sur le dos. 2. E. angulifère, nobis. — Rept. Cuba.Ramon de laSagra,pl. 25. G. XIII. Chilabothre, nobis. — Point de fossettes labiales; vertex recouvert de grandes plaques symétriques ; les écailles lisses. I. G. inorné, nobis. — Boa inomata, Reinhardt; Erpét. gén., t. .VI, p. 363. Ici se termine l'analyse de la partie descriptive de notre Erpétologie générale, comprise dans le sixième volume, publié en i844- C'est un simple extrait, pour lequel il nous a paru inutile d'entrer dans beaucoup plus de détails. Il n'en sera pas de même pour les familles suivantes du même sous- ordre des Aglyphodontes, et pour le reste de ce travail, qui est encore inédit. Pour la synonymie des espèces, nous ne citons ici, le plus souvent, que le second volume de Y Essai sur la physionomie des Serpents de M. Schlegel. Cet ouvrage est celui qui nous a été le plus utile ; il est le plus complet, et il sera toujours consulté, en raison des connaissances profondes dont ce sa- vant naturaliste a fait preuve dans ses recherches bibliogra- phiques et dans ses descriptions particulières. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 3g OPHIDIENS AGLYPHODONÏES. ACROCHORDIENS (1). TROISIÈME FAMILLE. Caractères essentiels. Serpents A glyphodontes , dont le des- sus et les cotés dit corps sont revêtus, au lieu d écailles, de tubercules granulés , enchâssés ou sertis dans la peau ; sans grandes plaques symétriques sur le vertex, qui est couvert, ainsi que la gorge, de très-petits tubercules. Ce groupe, des plus singuliers dans l'ordre des Ophidiens en général, et surtout parmi les espèces du sous-ordre dont tous les crochets dentaires sont sans cannelure, ne comprend jusqu'ici que trois espèces. Cependant elles diffèrent tellement entre elles, comme on le verra, qu'il a été nécessaire d'en former autant de genres distincts, qui se rapprochent sous d'autres points de vue. En effet, leur conformation et leurs habitudes, dépendant du lieu de leur séjour, sont tout autres. Les uns sont des Serpents terrestres, voisins des Boas ; d'autres, par leurs habitudes, se rapprochent des Serpents venimeux qui se trouvent ordinairement dans la mer ou dans les lacs. Comme il y a peu d'espèces, nous ne croyons pas devoir pré- senter ici le moyen analytique qui les fait distinguer. L'un d'eux, et c'est le seul qui présente cette particularité, quoique ayant le dos, la tête et les flancs garnis seulement de tubercules carénés comme certains Sauriens, a le ventre (i) Ce nom, qui indique des verrues ou des tubercules de la peau, est em- prunté de l'expression grecque par laquelle on a désigné une des premières espèces connues. 6. 4o PRODROME GÉNÉRAL recouvert de larges plaques qui servent à la reptation comme chez le plus grand nombre des Serpents, et peut- être même chez la plupart des espèces dendrophides. Les tubercules du dos sont disposés de manière que, pla- cés deux à deux et parallèlement, puis suivis d'un tubercule impair, ils constituent une crête médiane qui se prolonge jusque sur la queue. De chaque côté il règne une carène saillante, mais formée par une série unique de tubercules. I ie dos semble par cela même creusé d'un double sillon bordé par ces lignes exhaussées. En outre, et par opposition à ce qu'on observe dans les deux genres suivants, la queue est très-prolongée, et de plus elle est garnie en dessous de plaques qui ne forment qu'une seule rangée : c'est le genre Xénoderme. Dans les deux autres genres , il n'y a pas de gastrostéges ou de grandes plaques ventrales; le corps est uniformément protégé par des tubercules cornés, dont le centre est très- saillant. La queue est courte, et tout au plus atteint-elle, en longueur, la dixième partie de celle du tronc; mais ces deux genres sont bien différents pour la forme générale et les ha- bitudes. Dans l'un de ces genres, qui est terrestre, les flancs sont à peu près arrondis, ainsi que la queue courte, qui peut se re- courber un peu en dessous sur elle-même. Elle est presque trigone et tronquée, et le ventre est plat, quoiqu'il présente dans la ligne médiane une légère saillie correspondante à la série des tubercules, qui se joignent deux à deux sur une sorte de suture. C'est à ces caractères que l'on reconnaît le genre Àcrochorde. Enfin, dans les Cftersydres t qni vivent habituellement dans .DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 4 1 l'eau, le corps est comprimé de gauche à droite, le dos épais, la ligne moyenne inférieure amincie insensiblement en lame de couteau, comme la queue; celle-ci, quoique recourbée en dessous, offre cependant une ligne tranchante. Les trois genres sont donc faciles à distinguer. Tous ces Serpents ont été recueillis aux Indes orientales, à Java, à Sumatra. G. I. Acrochorde, Homstedt. — Corps couvert de tubercules arrondis , sans gastrostéges distinctes et à ventre plat. \. A. de Java ou douteux. — Journal de l'abbé Rozier, t. XXI , fig. cop., p. 5?4. G. II. Cherstdre, Cuvier. — Corps tuberculeux, comprimé, sans gastrostéges et à ventre étroit, tranchant et concave. I. C. à bandes ou granulé. — Shaw, Zool. gén. , t. III, fig. J50, p. 576. • G. III. Xénoderme, Reinhardt. — Corps arrondi, couvert de gros tubercules en dessus; ventre revêtu de grandes gsstrosléges ; queue longue avec des urostéges. I. X. gonyonotus, Gray. — Plumbeus, in Mokers's Âustralia, Append. 5, tab. 4. (Exemplaire prêté par M. le professeur Licli- tenstein de Berlin.) 4^ PRODROME GÉNÉRAL OPHIDIENS AGLYPHODOINTES. CALAMARIENS. QUATRIÈME FAMILLE. Caractères essentiels. Corps très-grêle, arrondi, et presque de même grosseur de la tête à la queue. Nous désignons cette famille sous le nom de l'un des gen- res principaux, dont la plupart des espèces avaient été ran- gées parmi les Couleuvres. Comme leur corps est grêle, qu'il n'atteint, le plus souvent, que la grosseur d'une tige de plume d'oie, et qu'il offre le même diamètre dans toute son étendue, on lésa appelées Calamaria, d'après Boié l'aîné, qui les a nommées ainsi en les comparant à des tuyaux de plume dans son Erpétologie de Java. Toutes les espèces qui se trouvent ainsi réunies sont ter- restres; elles aiment l'obscurité. Dans le jour, elles cherchent à s'abriter sous les pierres, ou dans des touffes épaisses de végétaux, parce qu'elles sont faibles et qu'elles ne peuvent grimper sur les arbres. En outre, leur bouche étroite est telle- ment exiguë, à cause de la brièveté de leurs mâchoires ; elle est si peu armée en raison de la faiblesse des crochets dont elles sont garnies, qu'afin de pourvoir à leur nourriture, tous ces petits Serpents sont forcés de se contenter d'insectes, de vers ou de mollusques de très-faibles dimensions en général, et jamais ils ne s'emparent d'animaux vertébrés. Nous donnons l'histoire de ce groupe, d'après MM.Wagler et Schlegel. Cependant les motifs qui nous ont dirigé dans nos études nous ont forcé d'y apporter plusieurs change- ments, puisque nous n'avons dû y inscrire que des espèces à DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 4^ crochets sans cannelure , les Opisthoglyphes devant en être forcement éloignés. Neuf genres sont répartis dans cette famille; en voici le ta- bleau d'après l'analyse: TABLEAU SYNOPTIQUE DE LA FAMILLE DES CALAMARIENS. Cabactèbes. — Aglyphodontes à corps grêle, arrondi de la tête à la queue. , obtuse 2. Cai.amab. /longue 5. Rabdosomk. arrondi ; queue I lisses : ( , urostéges / .,. distinctes; 1 f égailles { * doubles ; museau < pointue/ courte; (étroites... -4. Homalosobe ( gastrostéges larges .... i>. Rabdion. conique , mais déprimé 8. Carpophis simples et très-larges 7. Abpidobb. Î obtuse ; corps cylindrique, épais. (>. Ëlapoïdk. conique et très-petite ; corps grêle !). CÔnocéphale c \ nulles ; semblables aux Upérolissiens de la famille suivante ... 1 . Oligodox. (1. 1. Les Oligodons de H. Boié , qui n'ont pas de crochets palatins, de même que les Upérolissiens de la famille suivante, mais chez lesquels on trouve ici des gastrostéges larges et formant le tiers de la circonférence du tronc. Nous avons reconnu quatre espèces. 1. O. subqi{adratum , qui a des taches carrées, noires sur les {>as- trostéges : c'est le Calamaria oligodon de M. Schlegel : de Java. 2. O. sublineatum , qui a trois raies noires le long du ventre : de Ceylan. 5. O. subpunctatum , dont les gastrostéges et les urostéges por- tent, sur leur bord externe, un point noir parfaitement régulier: du Malabar. 44 PRODROME GÉNÉRAL 4. 0. subgriseum. — Cetle espèce n'a ni lignes, ni points, ni taches carrées sous le ventre : de Pondichéry. G. II. Le second genre , celui des Calamaria , est le principal et le plus nombreux. Nous y avons inscrit plus de douze espèces et beau- coup de variétés. Les écailles sont lisses, polies; les urostéges doubles, ou distribuées sur deux rangs; le museau est arrondi et la queue obtuse. La tête ne se distingue pas du tronc pour la grosseur, et il y a des dents palatines. La plupart des espèces sont originaires des Indes, de Java, de Sumatra , de Bornéo ou de Célèbes. \ . C. de Linné. Figurée dans notre Erpétologie, pi. 64 : c'est l'es- pèce la plus anciennement connue , et elle présente plusieurs variétés. 2. C. versicolor — de Ranzani. 5. C. pavimentata, nobis — de Java. 4. C. U-maculata, nobis — de Java. 5. C. modesta , nobis — de Java. 6. C. Gervaisii , nobis. — Décrit sous le nom de virgulata par Gervais : de Java. 7. C. bicolor, Schlegel, 4 845 — de Bornéo. 8. C. Schlegelii, nobis — de Bornéo. 9. C. leucocephala , nobis. 40. C. vermiformis, nobis — de Java. •U.C. Temminckii, nobis — de Sumatra. 42. C. lumbricidea , H. Boié — de Célèbes et de Java. G. III. Le troisième genre de cette famille des Calamariens est le Rabdosoma (4 ), établi par nous avec ce caractère principal : une queue allongée , pointue et conique, sur un corps grêle, arrondi, à écailles lisses; urostéges en rang double. Il comprend six espèces. 4 "espèce. R. mi-cercle, nobis— du Mexique, d'après six individus. i) De pàêSoç, baguette, et de 5 i. C. rayé. — Lineatus, de M. Reinhardt : de Manille. in c sous-genre. Cercaspis, de Wagler — qui ont les urosléges sur un seul rang , mais dont les écailles sont carénées. 1. C. carinata, de Kûhl. — Lycodon n° 2, deSchlegel, page 109, sous le nom d'Hurria : de Ceylan. iv e sous-genre. Sphecodes, nobis. — Les urostéges en rang double et toutes les écailles carénées. \ . Seule espèce. S. albofuscus, nobis — du musée de Leyde. v c sous-genre. Ophites, Wagler — qui ressemblent aux Spbécodes , mais dont les écailles ne sont pas carénées partout, et seu- lement sur la région postérieure du tronc. \. Seule. Décrite par Boié sous le nom de Subcinctus. Lycodon de Schlegel, n° 9, p. \W : du Bengale et de Java. III e tribu. Les Edgnathiens ont pour caractère essentiel et relatif à celui des deux tribus qui précèdent , des croebets sous-maxillaires anté- rieurs plus longs que les autres, mais non séparés par un espace libre. Les sous-genres que ce groupe réunit, et qui sont au nombre de cinq, peuvent être rapportés à deux divisions principales, d'a- près la forme générale du tronc. Les Dendrophiles, qui vivent habituellement sur les arbres, et dont le corps est comprimé et la queue longue et déliée, puis les Géophiles destinés à rester ordi- nairement sur la terre, et dont le tronc, à peu près rond, est plus gros dans sa région moyenne qu'à ses deux extrémités. Les genres arboricoles sont les Lamprophis et les Hétérolépis, qui ont les écailles du dos d'une autre forme que les autres ; tandis que, dans les trois premiers sous-genres, les écailles sont semblables sur tout !e tronc. I er sous-genre. Les Eugnathes, nobis — dont toutes les écailles sont semblables, les trous des narines percés entre deux plaques et dont les flancs sont arrondis. Espèce unique, E. Géométrique. — Coluber ou Lycodon du même nom; Schlegel , t. II, p. M I, n° 4. f>6' PRODROME GÉNÉRAL II e sous-genre. Le Lycophidion , Fitzinger, — a toutes les écailles lisses et les narines percées dans une seule plaque, les urostéges en rang double : deux espèces. \ . L. d'Horstok, Fitzinger et Schlegel, t. H, p. \\\. — Cafrerie. 2 L. demi-annelé, semicinctum, nobis. — Variété de la précé- dente, d'après Schlegel. ni e sous-genre, nommé par nous Alopécion , — dont les flancs sont anguleux, les écailles lisses et les narines percées entre deux plaques. \ . Seule espèce, nommée Annulifer, nobis. — Prêtée par M. le docteur Smith iv e sous-genre. Hétérolépide, Smith, — est caractérisé par les doubles carènes que portent les écailles du dos, qui sont plus grandes que les autres. \ . H. bicarinatus. — Herpétodryas de Schlegel, t. Il, p. 77 : de la côte de Guinée. 2. H. Capensis, Smith. — D'après un manuscrit traduit de cet auteur. y 1 ' sous-genre. Le Lamprophis , Fitzinger — dont les écailles du dos sont plus grandes que les autres, et qui sont également lisses et brillantes. \ . L. modestus. — Lycodon de Schlegel : de la côte de Guinée. 2. L. Aurora, Fitzinger. — Coronella , Schlegel, t. II, p. 75 : du Cap. 5. L. inornatus, nobis — du C;ip : espèce nouvelle. IV e tribu. La quatrième tribu établie dans la famille des Lycodontiens est celle des PARÉASIENS , dont nous rappelons le caractère principal emprunté de la disposition des crochets palatins, qui sont plus longs en avant que ceux qui se portent en ar- rière. En outre, les branches de la mâchoire supérieure sont courtes, sous-courbées, et produisent sur les joues une sorte de gonflement qui fait que la bouche est comme tordue. Quatre genres se distinguent entre eux , parce que les uro- DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. (jj stéges sont quelquefois en rang simple, et le plus souvent distri- buées deux à deux. I er sous-genre. Paréas, établi par Wagler, dont les urostéges sont doubles et les crochets susmaxillaires antérieurs plus longs et coniques. 1. P. carinata. — Dipsas, de Schlegel, t. Il, p. 285; Amblyce- pbalus, H. Boié : Java. 2. P. ïxvis. — Les écailles niédio-dorsales lisses : décrite par H. Boié. 11 e sous-genre. Aplopeltura , nobis — est facile à reconnaître, parce que, seul dans cette famille, il a les urostéges sur un seul rang. Boié l'avait placé avec les Amblycéphales. \. A. Boa. — Dipsas, Schlegel, t. II, p. 284 : de Java. iii e sous-genre. Dinodon , nobis — qui ont les urostéges en double- rang, et à la mâchoire supérieure les deux crochets intermé- diaires plus longs <|ue les autres. \ . D. cancellatum, nobis. — Espèce nouvelle, communiquée par M. le docteur Smith. iv e sous-genre. Odontomds, nobis — qui ont aussi des urostéges dou- bles, mais dont les crochets susmaxillaires antérieurs sont plus courts et tranchants. \ . 0. nympha. — Lycodon, Schlegel , t. II , p. i 20 : du Bengale. 2. 0. subannulatus , nobis. — Dipsas subannulata, du musée de Leyde : Sumatra. 68 PRODROME GÉNÉRAL OPHIDIENS AGLYPHODONTES. LEPTOGNATHIEINS (1). DIXIÈME FAMILLE. Caractères essentiels. Serpents à queue conique, pointue, à tête confondue avec le tronc pour la largeur ; a dents palatines distinctes, et a mâchoires en lames minces et faibles. Le nom de cette famille, emprunté à l'un des genres nom- breux de ce groupe, indique le caractère, le plus notable de leurs organisation qui a déterminé la nature de leurs aliments. Leurs mâchoires, en effet, ou l'une d'elles seulement, étant très-faible et munie de crochets minces et grêles, égaux entre eux, ces Serpents ne peuvent saisir que de petits animaux, qu'ils retiennent et avalent facilement. On conçoit que la brièveté ou la faiblesse des mâchoires, d'après le peu de longueur de la tête ; la fente exiguë de leur bouche, dont l'ouverture de haut en bas est très-bornée, et l'écartement ou la dilatation transversale limitée par le peu de longueur des branches susmaxillaires, et surtout par les os ptérygo-maxillaires ou transverses qui ne permettent pas une protraction notable, réduisent beaucoup les moyens de saisir et de retenir la proie. Ces diverses particularités donnent à la physionomie de la tête un aspect tout spécial ; elles ont probablement été cause que la plupart des ophiologistes, et M. Schlegel en (i) De XertTo;, mince, grêle, faible, et de fvàOoç. mâchoire. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. (k) particulier, ont rangé plusieurs des espèces dans le genre Dipsas, qui sont pour nous des Serpents Opisthoglyphes. Ainsi que nous l'avons exposé dans le sixième volume de l' Erpétologie , en faisant connaître la structure osseuse et le mécanisme des mâchoires dans les Serpents, on y trouve un appareil comparable à celui des cardes opposées, dont les pointes nombreuses, isolées et saillantes sont destinées à re- tenir, à allonger ou à étirer les fils de laine ou de coton qui doivent être ensuite filés dans nos manufactures. Quoique cette disposition soit à peu près la même chez toutes les es- pèces, elle offre ici quelques particularités caractéristiques. D'abord, la tête étant à peu près de la même grosseur que le tronc, il en résulte que l'ampleur en long de la bouche se trouve considérablement diminuée ; que la brièveté des os susmaxillaires et de ceux qui doivent leur transmettre le mouvement s'oppose à leur écartement transversal ; mais c'est surtout à la faiblesse des os mandibulaires, qui sont grêles et peu solides, que l'on doit attribuer leur peu de force et de résistance, diminuées encore par la ténuité des crochets qui garnissent tous les os de la bouche. Aussi ces animaux sont-ils forcés de ne rechercher pour leur alimentation quedes mol- lusques nus, des larves d'insectes, ou des individus à corps mou, des annelides, ou de très-petits œufs de reptiles et d'oi- seaux, généralement toute substance vivante qui ne peut op- poser qu'une vaine et trop faible résistance. Au moment même où la victime se sent saisie à l'improviste, elle se trouve pressée entre les mâchoires; elle y reste accro- chéeet retenue, malgré ses efforts, entre les pointes recourbées des crochets dont sont armées l'une et l'autre mâchoire. C'est inutilement que cette proie vivante se débat pour se sous- 10 70 PRODROME GENERAL traire à ces étreintes poignantes; caries crochets acérés pénè- trent d'autant plus dans ses chairs, jusqu'à ce que l'individu privé de la vie n'offre plus d'obstacle à la déglutition. TABLEAU SYNOPTIQUE DES SERPENTS AGLYPHODONTES : LEPTOGNATHIENS. larges , dilatés / horizontalement ! dans toute leur longueur. 1. Pétalognathe. davantage en arrière.. 2. Dipsadomore. étroits ; corps comprimé , à dos plus épais • 3. Leptognathe. en lames, ! , r pl ac é s / droits, très-courts; crochets nombreux 4- Uochleophage, verticalement; très-nombreux 5. Hydrops. 1 os du palais . . . . J 1 arques ; a crochets \ . , ,, D Os y vi> | en petit nombre b. 'Rachiodon. susmaxillaires 1 très-élargis, surtout dans l'extrémité postérieure '• Platypteryx. linéaires;] l droits , évasés en V 8. Sténognathe. du palais 1 /très-pointu ; os du palais { ,, , . „ T „.„,„,„. | ( I courbés en dehors 9. Ischnognathl. , simples; museau | ob ,. ques cn f , edans 10 Brachyorrhos I droits ; à crochets J I directs en arrière 11. Streptophore. ^ comme tordus sur eux-mêmes 12. Stremmatognathe. Nous avons partagé les douze genres dans lesquels se trou- vent réparties les espèces de cette famille, d'abord en deux groupes, d'après la forme et la situation des os de la mâ- choire supérieure, qui sont tantôt plats et en lames situées horizontalement ou verticalement, tantôt au contraire linéai- res ou presque aussi larges que hauts, et chacune de ces deux divisions comprend six genres. A. Les genres qui ont les mandibules plaies, larges et horizontales sont : G. I. Les Pétalognathes, nobis — chez lesquels ces os sont à peu près de même largeur dans toute leur étendue; nous n'y rapportons que \ . P. nebulatus, Coluber de Linné. — Le Sibon , de Surinam. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. ~j\ G. II. Le Dipsadomobe, nobis — dont les os susmaxilllaires sont plus dilatés en arrière, et les crochets dirigés en dedans. \ . D. indiens. — Dipsas de Laurenti; Bucephala, Schlegel, t. II, p. 28^ Atlas de l'Erpél. génér., pi. 67. G NI. Le Leftognathe , nobis — dont les os susmaxillaires forment une lame étroite, et dont le corps est comprimé, à dos plus épais que le ventre ; les crochets ont les pointes dirigées en dedans. Il comprend trois espèces : 1 . L. pavoninus. — Dipsas du même nom; Schlegel, II, p. 280 : Guyane. 2. L. brevis, nobis. — Espèce nouvelle du Mexique. 3. L. variegatus. — Dipsas variegata; Schlegel , musée de Leyde : de Surinam. G. IV. Le Gochléophage, nobis — dont les os susmaxillaires forment une lame verlicale très-mince ; les os palatins courts et non arqués, les crochets nombreux, faibles, à pointes dirigées en bas et cm arrière. \ . C. insequifascialus. — Kspèce nouvelle de l'Amérique du Sud; par M. Verreaux. <> Y. Hïdbops, Wagler. — Susmaxillaires en lame verticale ; les palatins arqués, à crochets faibles, mais très-nombreux. \ . H. Martii — de Fitzinger, de Gray : de Surinam et du Brésil. ii VI. liAcnioDON, Jourdan. — Dasypeltis, Wagler. Dents susmaxillaires nulles en avant, et graduellement plus allongées en arrière; des apophyses épineuses émaillées sous les vertèbres et péné- trant dans l'œsophage : trois espèces. 1. \\. scaber, Wagler. — Tropidonole, Schlegel , t. II, p. 32S Afrique australe. 2. R. abyssinus , nobis. — Espèce nouvelle ; par M. Quartin- Dillon. 3. R. immaculalus , nobis — du cap de Benne - Espérance ; M. Smith. io. 7^ PRODROME GENERAL IL Les Leptognathiens, dont les os susmaxillaires sont linéaires, ou à peu près d'une épaisseur égale à leur largeur, forment égale- ment six genres. Ce sont ceux qui suivent : G. VII. Le Platïpteryx , nobis — chez lequel les os ptérygo-palatins sont excessivement élargis, surtout en arrière. \ . P. Perrotelii. — Espèce nouvelle, découverte par M. Perrotet aux monts Nilgherry. G. VIII. Le Sténognathe, nobis — dont les os ptérygo-palatins sont étroits, droits, évasés ou écartés en V, et dont le museau est pointu. 4. S. modestus, nobis. — Espèce nouvelle de Java. G. IX. Ischnognathe , nobis. — L'espèce unique quia aussi le museau pointu, les ptérygo-palatins étroits, comme courbés sur eux-mêmes et rapprochés en avant. 4. I. Dekayi. — Holbrook, Tropidonotus : Amérique septentrio- nale. G. X. Brachyorrdos , Kuhl. — Le museau est arrondi, les susmaxillaires droits, courbés en dehors ; la jonction antérieure des pala- tins est placée sous le museau, et leurs crochets sont dirigés obliquement en dedans. 4 . B. albus. — Calamaria brachyorrhos, Schlegel , t. II, p. 35 : Amboine. G. XI, Streptophore, nobis. — Semblables aux précédents, mais dont les crochets susmaxillaires sont dirigés en arrière : quatre espèces. 4. S. Sebse. — Séba, Thés. I, p. 20 : dit de Ceylan? et du Mexique. 2. S. Drozii , nobis. — De la Nouvelle-Orléans : donné par M. Droz. 5. S. Langsbergii, nobis Calamaria, Schlegel, mus. de Leyde : de Caracas. 4. S. bifasciatus, nobis. — Espèce nouvelle du Mexique. G. XII. Stremmatognathe , nobis. — Les os susmaxillaires comme tordu» sur eux-mêmes, le museau est arrondi; les susmaxillaires linéaires ainsi que les palatins étroits. 4. S. Calesbyi. — Dipsas , Schlegel, Ess. phys. Serp. , I. Il, p. 279 : de Surinam et de Cayenne. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. j3 OPHIDIENS AGLYPHODOiNTES. SYNCRANTÉRIEiNS (I). ONZIÈME FAMILLE. Caractères essentiels. Serpents dont toutes Les dents sont lisses, distribuées sur une même ligne, mais dont les der- nières sont plus longues, sans intervalle libre. Le caractère essentiel de cette familleest indiqué par l'éty- mologie même du nom qui nous a servi pour la désigner. Toutes les espèces qui s'y rapportent avaient été rangées et devaient être confondues dans le genre trop nombreux de nos Couleuvres, Coluber de Linné, avant qu'on eût remarqué la particularité que présentent, parmi les dents lisses qui garnissent toute la longueur du bord de l'os susmaxillaire, les deux circonstances que nous notons ici. La première est que, dans ces Aglyphodontes, les crochets qui sont situés en avant sont plus courts et vont successivement en augmentant, comme dans les vraies Couleuvres, qui constituent pour nous la famille des Colubrieris ; la seconde, qui les en éloigne, con- siste en ce que les dernières dents, celles qui occupent l'ex- trémité postérieure de la série, sont beaucoup plus longues et plus robustes que celles qui les précèdent , mais qu'elles nen sont pas séparées par un espace libre ou par un inter- valle qui en rompe la série, comme dans la famille suivante que nous nommons les Diacrantériens. (Voir la fig. 8, pi. ï, jointe à ce Prodrome.) Cet arrangement systématique, utile pour conduire au classement de ces espèces très-nombreuses, n'est véritable- (i) De aùv, ensemble, avec, cum, et de xpavTrîpsi; , dents postérieures, de der- rière, dentés postremi. 74 PRODROME GÉNÉRAL ment pour nous qu'une sorte d'échafaudage commode pour arriver à la construction d'un édifice, dont toutes les assises se ressemblent et ne pourraient être indiquées que par des numéros d'ordre. Nous ne dirons rien de particulier sur les mœurs et les habitudes de ces Serpents, qui sont les mêmes que celles des autres Ophidiens de ce sous-ordre des Aglyphodontes. La plupart sont "terrestres ; aucun n'est armé de venin, mais beau- coup d'espèces habitent de préférence sur les bords des eaux douces, dans lesquelles elles nagent et plongent même long- temps pour s'y procurer une nourriture qui consiste en pe- tits animaux vertébrés ; d'autres vivent dans les lieux secs et dans les terrains sablonneux. Dans l'un des genres, dont le corps et la queue sont très-allongés, on a reconnu des mœurs analogues à celles des Dendrophides et des Herpétodryas, avec lesquels les auteurs avaient placé plusieurs de leurs es- pèces, parce qu'elles se tiennent habituellement sur les bran- ches et dans les arbrisseaux, où elles restent immobiles très- longtemps pour y épier leur proie. Quatre genres et plus de quarante espèces sont rapportés à cette famille, dont nous présentons ici la division analyti- que. TABLEAU SYNOPTIQUE DE LA FAMILLE DES SYNCRANTÉRIENS. Caractères : Ophidiens Aglyphodontes à crochets postérieurs plus longs, sans intervalle. I carénées ou à ligne médiane saillante 2. Tropidonote. arrondi , un peu allonge. . . 3. Coronelle . lisses; museau ' V ueue i (très-court, comme tronqué. 4. Simotes. longue \ . Leptophide . DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. J$ G. I. Leptophide, Bell. — Corps trè«-grêle, allongé, à cou plus mince que le tronc; queue mince, longue et effilée; à écailles carénées chez les cinq premières espèces, et lisses chez les autres. \. L. Liocercus, Neuwied. — î.endrophis, Schlegel. 2. L. émeraude. — Smaragdina, Boié : Nouvelle-Guinée. 3. L. porte-perles. — Margaritiferus , Herpetodryas, Schlegel. 4. L. deux bandes. — Bilineatus, nobis : Nouvelle-Grenade. 5. L. taches blanches. — Albomaculatus , nobis : de Java. Espèces à écailles lisses. 6. L. dorsal. — Dorsalis, nobis : de Manille. 7. L. bandes latérales . — Lateralis, nobis : Madagascar. 8. L. de Chenon. — Chenonii, Reinhardt : du Nil Blanc. 9. L. olivâtre. — Olivaceus , Herpetodryas, Schlegel, p. 197. (i. H. Tkopidonote, Kuhl. — Les écailles du dos carénées, et le plus sou- vent aussi celles des flancs; queue médiocre. 1. T. à collier. — Coluber natrix des auteurs. 2. T. vipérin. — Viperinus, Latreille, t. IV, p. 47, fig. 4. 5. T. chersoïde. — Ocellatus, Frivaldeski , Serp. Hung., p. 46. 4. T. pogonias , nobis. — Espèce nouvelle : Amérique septen- trionale. 5. T. queue striée. — Carenicaudus, Wagler, Serp. Brésil. 6. T. hydre. — Hydrus, Nordmann, Fauna Pontica. 7. T. des Seychelles. — Schlegel, Psammophis, t. Il, p. 212. 8. T. à triangles. — Trianguligerus, Schlegel, p. 511. 9. T. à bandes. — Fasciatus, Linné, Latreille. JO. T. demi-bandes. — Semicinclus, nobis. M . T. de Jaurès, nobis. — Espèce nouv. , expéd. de la Daoaîde. 12. T. quinconce. — Schlegel, t. H, p. 307, pi. 12, fig. 4-5. 4 3. T. biponctué. — Latreille, Rept. , t. IV, p. 85. 14. T. Vibakari. — Schlegel, t. H, p. 316. 15. T. ardoisé. — T. schistosus, Schlegel , t. H, p. 319. 16. T. spilogastre. — Boié, Eydoux, Voyage de la Favorite, pi. 28. 17. T. saurite. — Linné, Schlegel, t. Il, p. 325. 7^ PRODROME GÉNÉRAL 4 8. ï. rubané. — Vittatus, Linné, Sclilegel, t. II, p. 548. -19. T. peinturé. — Picturatus, Sclilegel, t. II, p. 544. G. III. Coronelle, Laurenti. — Queue médiocre, écailles lisses, museau arrondi et médiocrement allongé. 4 . C. lisse. — Lsevis, Sclilegel , t. II, p. 65. 2. C. bordelaise. — Girundica , Latreille, Rept., t. IV. 5. C. ècarlate. — Coccinea, Sclilegel, t. II, p. 57, n° 2. 4. C. à chaîne. — Getulus, Holbrook, Catesby, lab. 2. 5. C.deSay. — Sclilegel, Holbrook, de Kay, t. II, p. 4 57. 6. C. grison. — Cana, Linné, Coluber canus, Mus. Adolpli. , p. 34. 7. C. de Californie, de Blainville, An», du Muséum, t. IV, p. 252. G. IV. Simotes, nobis. — Museau très-court, comme tronqué, écailles lisses, queue médiocre pointue, tronc de même grosseur de la tête à l'origine de la queue. \ . S. de Russel. — Schlegel, Coronella, t. II, p. 79, n° \k. 2. S. ècarlate. — Heterodon coccineus, Schlegel, t. II, p. 402. 5. S. bandes blanches. — Albocinctus, nobis : Indes orient. 4. S. deux marques. — Binotatus, nobis : du Malabar. 5. S. arrosé. — Aspersus, nobis : Indes orientales. 6. S. (rois raies. — Trilineatus, nobis : Indes, M. Diard. 7. S. huit raies. — Elaps octolineatus , Schneider, fasc. Il, p. 299. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 77 OPHIDIENS AGLYPHODONTES. DIACRANTÉRIENS (4). DOUZIÈME FAMILLE. Caractères essentiels. Serpents à crochets lisses, dont les derniers sus maxillaires sont plus longs et séparés des autres. Le nom sous lequel nous désignons ce groupe ou cette fa- mille est destiné à indiquer la particularité qu'offrent ces Serpents dans la longueur et la distribution relatives des dents ou crochets susmaxillaires lisses, dont la série se trouve interrompue en arrière par un espace libre ou un intervalle évident qui précède les deux ou trois dernières dents, beau- coup plus longues que les autres, le plus souvent de moitié. D'ailleurs, ces crochets plus longs sont logés dans une fosse distincte, et sont probablement destinés à succéder les uns aux autres. C'est ce que nous avons cherché à dénoter, comme on le voit, par l'étymologie du nom de ce groupe. Cette famille se trouve ainsi établie sur un caractère nota- ble; mais nous devons avouer que ce moyen, purement sys- tématique et utile pour la classification, n'a été adopté par nous que parce qu'il est commode pour vaincre la difficulté que présente ce sous-ordre des Aglyphodontes. On trou- vera ici réunis un très-grand nombre de Serpents dont les formes extérieures, la physionomie et les mœurs sont presque (1) De Std, séparément, seorsim, scparatim, et de xpotvTÎjpEc; , dents postérieures, dentés postremi. I I 78 PRODROME GÉNÉRAL toujours les mêmes. C'était une grande difficulté, et nous avons été heureux de pouvoir faire usage d'un caractère po- sitif pour cette classification. Quoique certains naturalistes aient indiqué pour quel- ques espèces, et même pour plusieurs genres, les dents posté- rieures plus longues que les autres, ils n'avaient pas cru de- voir les séparer d'avec les Couleuvres, en les rangeant près des Tropidonotes, des Coronelles, ou avec les Homalopsis et les Psammophis. Nous croyons que cette particularité des dents postérieu- res plus longues et tout à fait distinctes des autres par un intervalle, ne peut être sans but, et qu'elle est liée à la ma- nière de vivre, ou du moins à l'acte de la préhension de la proie, qui se trouve ainsi arrêtée d'une manière beaucoup pi us solide, une fois qu'elle a été introduite vers l'arrière-bouche. Nous avons distribué les Serpents de cette famille des Dia- crantériens en dix genres. L'un d'eux peut être reconnu à la première inspection, d'après la forme bizarre de son museau, qui est comme tron- qué obliquement et relevé en avant, sur le front, en forme de coin triangulaire, et dont la plaque porte même une arête ou une sorte de crête saillante médiane. On le nomme Hétéro- don; nous le plaçons le dernier, sous le numéro 10. Dans les neuf autres genres, le museau est arrondi ; mais chez les uns, les écailles sont carénées ou chacune d'elles porte une petite ligne saillante. H y a deux de ces genres qui offrent cette conformation avec plusieurs autres particularités. Parmi celles-là on remarque la position des yeux, qui sont rapprochés entre eux et presque verticaux, ce qui annonce des espèces qui vont dans l'eau; tel est le genre Hélicops, ins- DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 79 crit sous le numéro 8, tandis que les yeux sont tout à fait latéraux dans le genre que nous avons appelé Amphiesme, numéro 7. Chez toutes les espèces des genres qui suivent, les flancs ne sont garnis que d'écaillés lisses qui varient pour la forme; car tantôt elles sont allongées ou plus étroites en travers, et tantôt elles sont carrées, rhomboïdales ou arrondies. Parmi les premières, celles à écailles longues, il est un des genres dans lequel le bord inférieur de l'orbite est formé par quelques-unes des plaques suslabiales : tel est le genre Zamenis, numéro 4- Deux autres genres analogues, ou voi- sins parla forme des écailles, ont l'œil bordé, comme à l'or- dinaire , d'écaillés distinctes : mais dans les Uromacres, numéro 6, la queue est très-longue, tandis que dans les Xénodons, numéro 9, la queue est à peu près dans les pro- portions ordinaires, relativement au tronc. En poursuivant cette étude comparative, il nous reste à in- diquer les genres dont les écailles sont lisses et carrées sur les flancs et dont le museau est arrondi. D'après la marche analytique que nous suivons, il reste quatre genres dont les écailles sont lisses et carrées, au moins dans la région des flancs, et qui ont le museau arrondi. Parmi ceux-là, il en est un bien remarquable, en ce que son dos est relevé et saillant en toit ou en dos d'âne; ce qui donne au tronc l'apparence d'avoir été comprimé, et nous a suggéré l'idée de Je nommer Stégonote, n° 3. Dans les trois derniers genres de cette famille, dont le dos est arrondi, comme dans la plupart de nos Couleuvres, la tête est large, surtout dans la région de l'occiput, qui semble alors comme portée sur un rétrécissement de I'échine. Tel est 1 1 . 80 PRODROME GÉNÉRAL le genre que Wagler a nommé Périops, n° 2. Chez les autres la tête est à peu près de la même largeur que le cou qui la supporte ; mais quand la queue est en même temps fort courte, c'est le genre Liophis, n° 5; et, au contraire, relative- ment au tronc, quand cette queue est très-longue et sert à hâter la progression, c'est le cas des Dromiques, n° 1, qui se trouvent ainsi placés à la tête de la famille desDiacrantériens. Nous allons rétablir, dans les indications suivantes, l'ordre à peu près naturel que l'exigence de la marche du système paraît avoir dérangé. Au reste, voici ce tableau analyti- que. Ophidiens Aglyphodontes : les DÏACRANTÊRIENS. Museau/ 'carénées; à yeux. Caractères : Toutes les dents lisses , mais les postérieures plus longues et isolées des autres. ' obtus, relevé en dessus et anguleux 10. Héiéeodon, I latéraux et éloignés l'un de l'autre 7. Amphieshe. [ verticaux et rapprochés entre eux 8 . Hélicops . I rond ; écailles des flancs / / très-allongées ; / saillantes au-dessus de l'orbite .... 4 . Zamenis . 1 les surciliaires ... ! , „ TT 1 . I (très-longue... 6. Uromache. t lisses J [ ordinaires ; queue .. ! | ordinaire 9 . Xénodon . comprimé, en toit saillant 3. Stegonotb. carrées; dos' très-distincte du cou 2- Périops. rond ' tête l courte.... 1. Dromique. ( peu distincte ; queue J ( longue ... 5 . Liophis . 0. I. Dbomique, nobis. — Corps allongé, à queue longue, à écailles lisses, carrées, courtes, non distribuées en séries obliques ; occiput de même largeur que le cou. \. D. coureur. — Herpetodryas cursor, Schlegel , t. II, p. 499. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 8l 2. I). rayé. — Herpetodryas lineatus, Schlegel, ibid., p. 491. 5. D. unicolore, nobis. — Espèce nouvelle : origine inconnue. 4. D. des Antilles, Schlegel. — Psammophis , Schlegel, t. II, p. 244. 5. D. de Plée, nobis. — Espèce nouvelle de la Martinique et de Colombie. 6. D. de Temminck , Schlegel. — Psammophis, t. II, p. 248. 7. D. demi-deuil.— Leucomelas, nobis : espèce nouvelle de la Guadeloupe. 8. D. ventre roux. — Coluber rufiventris, du musée de Berlin : du Brésil , espèce non décrite ailleurs. 9. D. angulifère , nobis, de Cuba. — M. Bamon de la Sagra , p. 222, pi. 27. 40. D. Triscale, Daudin. — Bept. , VI, p. 577. G. II. Périops, Wagler. — Corps allongé, à dos rond, écailles des flanc? lisses à peu près carrées, tête très-distincte d'un cou aminci. 4. P. hippocrepis. — Fer-à-cheval, Schlegel, Coluber, t. II, p. 464, n° 22. 2. P. à raies parallèles, Geoff. Saint-Hilaire. — Couleuvre, Egypte, pi. 8, f. 4 etf. G. III . Stégonote, nobis. — Corps comprimé, à dos saillant; écailles des flancs lisses, presque aussi larges que longues; museau arrondi. 4. S. de Muller, nobis — *de Java, donné par M. Muller, de Berlin. G. IV. Zamenis, Wagler. — Corps arrondi, à écailles oblongues, lancéolées, lisses ; tête en carré oblong, à plaques surciliaires saillantes sur l'orbite; les sous-orbitaires remplacées par les suslabiales; écusson central étroit. 4 . Z. verte-jaune. — Coluber, Schlegel , t. II , p. 460, n" 20 : France. 2. Z. à rubans. — Trabalis, Pallas, Voy. Bussie asiatique, p. 42. n°58. 5. Z. d bouquets. — Florulentus. Couleuvre, Geoff., Egypte, p. 67, pi. 8, fig. \. 82 PRODROME GENERAL 4. Z. de Dahl , Dahlii, nobis. — Psammophis , Schlegel , t. II p. 245, n» 6. G. V. Liophis, Wagler. — Corps médiocre; tête de la largeur du cou, à museau arrondi; écailles lisses, courtes, hexagonales ; queue courte. \. L. Cobel, Wagler. — Coronella Cobella, Schlegel, t. II, p. 62, n°5. 2. L. de la Reine, Wagler. — Coronella Reginse, Schlegel, t. II , p. 64, n°4. 5. L. de Merrem, Schlegel. — Coronella, t. II, p. 58. 4. L. doubles anneaux. — Bicinctus , Hermann , Obs. zool. , p. 276. G. VI. Uromacee, nobis. — Corps excessivement allongé, surtout dans la région de la queue ; recouvert de longues écailles lisses en lo- sanges; semblables aux Dryines, mais n'ayant pas, comme eux , des dents cannelées postérieures. 4 . U. de Catesby, nobis. — Dendrophis, Schlegel, t. II, p. 226, Abbildungen, pi. 56. 2. U. Oxyrrhynque, nobis. — Espèce nouvelle ; patrie inconnue. G. VII. Amphiesme , nobis. — Ce genre, dont le corps est allongé, le museau arrondi et lisse, a les yeux latéraux et les écailles carénées ; six espèces s'y trouvent inscrites; ce sont : 4 . A. en robe — Stolatum , qui a servi de type. C'est le Chayque de Daubenton. Tropidonotus stolatus, Schlegel, t. II, p. 517. 2. A. panthère — tigrinum. — Schlegel, t. II , p. 545. 5. A. cou rouge, subminiatum , Reinwardt. — Tropidonotus, Schlegel , n° 7. 4. A. rouge-noir, rhodomelas. — Schlegel : de Java; musée de Leyde. 5. A. tête jaune. — Flaviceps, nobis, de Bornéo. 6. A. taches dorées. — Chrysargos, Boié, Schlegel, t. II, p. 512, n°6. G. VIII. Hélicops, Wagler. — Écailles carénées, en losanges tronquées en ar- DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 83 rière , plus étroites sur les flancs que sur le dos , yeux rappro- chés. \. H. queue carénée. — Carenicaudus, Wagler, Descript. et Icônes, tab. vu. 2. H. anguleux. — Angulatus, Linné, Mus. Adol. Fr., p. 25. 5. H. de Le Prieur. — Prieurii , nobis. Espèce nouv. : Brésil , Bahia. G. IX. Xénodon , Boié. — Corps allongé, museau arrondi; écailles des flancs lisses, allongées; des plaques sous -orbitaires ; queue mé- diocre. \ . X. sévère. — Severus , Laurenti, p. 84; Schlegel , t. II , p. 85. 2. X. tête vergetée. — Rhabdocephalus, Wagler ; Schlegel , t. II, p. 8, n° 5. 5. X. Typhlus. — Schlegel, t. II, p. 94, Enfumé de Surinam. 4. X. gigas , nobis, de Corrientes , dont la tête est représentée sous le n° 9 de la planche I re jointe à ce Prodrome. 5. X. viridis, nobis. — Nouvelle espèce de l'Inde ; par MM. Dus- sumier et Delessert. G. X. Hétérodon , Latreille. — Museau relevé, obtus, anguleux et caréné en forme de coin; tête peu distincte du tronc , qui est anguleux. \. H. largenez. — Platyrrhinos, Latreille; Schlegel, t. II, p. 97. 2. H. noirâtre. — Nigricans, Schlegel , t. II , p. 400. 3. H. de d'Orbigny. — Espèce nouvelle du Brésil , de Buénos- Ayres. 4. H. semi-ceint. — Semicinctus, de Santa-Cruz, du Paraguay. 5. H. de Madagascar, nobis : — Espèce nouvelle; par M. Bernier : Atlas de l'Erpét. génér., pi. 69. ir-i i ftfTT - 84 PRODROME GÉNÉRAL TROISIEME SOUS -ORDRE DES OPHIDIENS. OPHIDIENS OPISTHOGLYPHES. APHOBÉROPHIDES. Caractères essentiels. Serpents dont les mâchoires supé- rieures sont garnies en avant de crochets lisses ou sans sillon , mais qui offrent en arrière une ou plusieurs dents plus longues et cannelées. Ces Serpents sont en apparence semblables à des Couleu- vres dont on n'aurait pas cru devoir se méfier, ne passant pas pour venimeux ; aussi les avions-nous désignés d'abord sous le nom d'Aphobérophides. En effet, leur morsure n'est pas dangereuse pour les animaux dont le volume excède le diamètre de leur bouche, qui ne peut généralement éprouver une grande ampliation. Ce n'est que quand la proie ou la victime a été introduite fort avant vers la gorge, que les der- niers crochets susmaxillaires, plus longs que les antérieurs et qui portent une rainure servant de gouttière au venin, peuvent faire pénétrer dans Jes chairs de l'animal vivant l'hu- meur délétère, qui se trouve ainsi comme inoculée. Ces caractères importants, fournis parla présence, la for- me et la situation distincte en arrière des crochets sillonnés, doivent aujourd'hui être ajoutés à ceux de l'existence d'une glande venimeuse dont la structure est différente de celles qui sont destinées à sécréter la salive. Il faut y joindre, en outre, la disposition des os susmaxillaires, qui se trouvent DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 85 ici comme stables et presque immobiles, parce que leur arti- culation, fixée en arrière sur les os transverses, est tellement solide, qu'elle leur fait opposer une grande résistance au re- culeraient et même à la protraction en avant, ce qui est le con- traire de ce qu'on observe dans les grands Serpents veni- meux que nous nommerons les Solénoglyphes. ^Erpétologie générale expose le résumé historique des travaux entrepris sur les Serpents que nous plaçons dans ce sous-ordre, d'abord par M. Jean Mùller sous le nom & Am- phibola, puis par M. Duvernoy en 1882, et sur les indications particulières de G. Cuvier, de MM. Schlegel, Alessandrini et Ch. Bonaparte; nous en présentons une analyse impartiale. Les caractères empruntés à l'observation de la structure et de la situation des dents cannelées postérieures étant bien constatés, les espèces nombreuses ainsi groupées ont été réunies en genres, et ceux-ci en familles, au nombre de six. Cette classification, qui pourrait en apparence être considérée comme systématique, a cependant permis un arrangement qui nous paraît heureux, parce qu'il se rapproche d'une mé- thode à peu près naturelle. Ainsi, en réunissant d'abord les espèces dont la tête est étroite, presque de la même largeur que le cou, qui est lui- même fort rétréci et comme étranglé, nous avons rapproché un grand nombre deSerpentsqui, avec une même conforma- tion, ont une physionomie, des moeurs et des habitudes sem- blables. La plupart, par leur teinte verte, rougeatre ou brune pendant la vie, se laissent facilement confondre avec les branches et les feuillages sous lesquels ils restent immobiles, pendant des journées entières, exposés à l'ardeur du soleil et patiemment postés en embuscade pour y épier et saisir les 12 86 PRODROME GÉNÉRAL oiseaux, les sauriens et les petits mammifères, qui seuls peu- vent servir à leur nourriture. Mais parmi ces espèces les unes ont le museau très-mince, comme effilé, ou prolongé par un appendice de peau écailleuse constamment aminci. Nous avons désigné les Serpents de cette famille sous le nom d'OxYCÉPHALiENS, pour indiquer la forme pointue de leur mu- seau et l'allongement de leur tête en forme de cône. Nousavons rapproché de cette première famille uncertain nombre d'espèces qui ont le même genre de vie et de confor- mation. Elles ont également la tête étroite, mais non pro- longée en avant comme une sorte de museau qui dépasse la mâchoire inférieure au-devant de la bouche. Ce sont pour nous des StÉnocéphaliens, dénomination propre à indiquer l'étroitesse de leur crâne, comparée à sa longueur. Tous les autres Serpents de cette division des Opisthogly- phes ont la tête large ; parmi ceux-là, nous avons emprunté, ainsi qu'avaient déjà eu soin de l'indiquer plusieurs auteurs, un moyen commode pour faire distinguer d'une part et réunir de l'autre un assez grand nombre de genres dont les dents simples , lisses , ou les crochets placés en avant des dents sillonnées présentent entre eux une inégalité ou des dis- proportions évidentes, souvent même des espaces libres , des intervalles ou des vides tout à fait dégarnis de dents sur les mâchoires, tantôt à la supérieure et tantôt à l'inférieure. C'est pour dénoter cette particularité que nous avons désigné cette troisième famille sous le nom d'ANisoDONTiENs , ou à dents irrégulières. Les trois dernières familles de ce sous-ordre réunissent tous ceux de ces Serpents Opisthoglyphes qui ont la tête large, c'est-à-dire dépassant par sa grosseur le diamètre du DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 87 cou, comme cela se voit chez les espèces inscrites dans la famille précédente, dont ils se distinguent parce que les cro- chets simples antérieurs des os susmaxillaires sont à peu près de même longueur. Il est probable que tous ces Serpents, dont la plupart vivent dans les pays les plus chauds, ont à peu près les mêmes habitudes ; ils diffèrent cependant parla forme générale du tronc. Il ne nous a pas été difficile d'en sépa- rer un certain nombre pour les réunir en genres et en for- mer une section artificielle, afin d'y comprendre les espèces qui ayant, comme les autres, le dessus de la tête déprimé ou aplati, présentent en avant un museau tronqué carrément, de sorte que la portion la plus avancée de la face paraît comme coupée en travers au-devant de la bouche. Cette con- formation nous a suggéré le moyen d'indiquer cette parti- cularité par un nom qui sert à désigner cette famille de Serpents à museau plat et tronqué. Ce sont ceux que nous appelons des Platyrrhiniens. Il reste deux autres familles qui comprennent un assez grand nombre de genres dont les espèces ont été fort arbi- trairement rapprochées par les auteurs. Nous n'avons guère été satisfait rtous-même de ces associations qui ne présentent, que des caractères négatifs, quand on les compare à ceux que nous avons employés pour la distribution méthodique des familles qui précèdent. En effet, dans ces deux dernières familles qui nous restent à étudier, nous retrouvons une tête également large et les cro- chets qui garnissent leurs mâchoires sont à peu près égaux ou de même longueur et proportions. Toutefois chez les uns, le museau, qui est large en avant, offre cependant là une courbe arrondie et large; dans les autres, ce museau arrondi est 12. K8 PRODROME GÉNÉRAL étroit, et la tête ressemble tout à fait à celle de nos Couleuvres communes, avec cette différence, qu'on trouve chez tous ces Serpents des crochets postérieurs creusés en gouttière. Nous appelleronsdonc la cinquième famille des Opisthogly- phes, les Scytaliens. Ils ont la tête large, les crochets lisses, à peu près de même longueur entre eux, et le museau élargi, mais arrondi à son pourtour. Enfin, sous le nom de Dipsadiens, nous avons réuni les es- pèces qui, avec les caractères de la famille précédente, offrent une tête large et plate et un museau arrondi, mais fort étroit comparativement . Nous avons laissé à ces deux familles les noms des genres principaux qui y avaient été rapportés primitivement. Le fait est que jusqu'ici nous n'avons pu trouver de caractères suffi- sants pour les faire reconnaître par un nom plus significatif. Voici le tableau synoptique de cette distribution en familles. Tboisième sous-ordre des Ophidiens : les OPISTHOGLYPHES. Caractères : Des crochets lisses en avant et d'autres plus longs, cannelés derrière. Familles. en pointe I. Oxycéphaliens. ! étroite; à museau non prolongé II. Sténocéphaliens. i tronqué en travers . IV. Platyrrhiniens large ; à museau - large y Scytaliens . 2 l 1 ' r0n(1 et , • *7T ^ 5 h J | étroit .... VI. Dipsadiens . ■* •< ■ de longueur el de force inégales III. Anisodonttens . DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. >Stf OPHIDIENS OPISTHOGLYPHES. OXYCÉPHALIENS. PREMIÈRE FAMILLE. Caractères essentiels. Corps grêle très-allongé dans toutes ses parties ; tête longue, étroite surtout en avant, dont le museau s'avance en une pointe conique au delà de la mâ- choire inférieure; plaques suscéphaliques étroites , mais allongées; une ligne creusée en sillon au-dessus de la lèvre supérieure ; queue ronde, conique, tres-prolongée en une pointe conique à deux rangées durostéges. Suivent tous les détails de la conformation de ces Serpents, et l'historique général des espèces qui se trouvent réunies par genres. Les voyageurs qui ont eu occasion d'observer ces Rep- tiles, dont la race se trouve très*répandue dans toute l'Asie, ne les ont pas indiqués comme venimeux. Les indigènes les sai- sissent sans crainte, parce qu'en effet ils cherchent peu à mor- dre et à se défendre, à moins qu'ils ne soient fortement excités. Quand cela arrive, les blessures ou les écorchures qu'ils pro- duisent avec leurs crochets antérieurs, qui sont courts, lisses et arrondis, font peu de mal, par cela même qu'ils s'accrochent plusieurs à la fois sur des surfaces planes ou trop larges pour que ces dents, toutes de même longueur, puissent forcer la partie saisie et trop volumineuse à pénétrer assez profonde- ment dans l'arrière-bouche, car c'est là seulement que la pi- qûre pourrait inoculer le venin; et comme les mâchoires ne peuvent s'écarter beaucoup entre elles de haut en bas, ni en travers, on conçoit comment ces blessures doivent être fort rarement dangereuses. Nous n'avons rapporté que quatre genres à cette petite fa- gO PKODROME GENERAL mille, dont toutes les espèces ont entre elles la plus grande analogie pour la conformation, et parce qu'elles se rencon- trent dans la même région du globe. On les distingue par la conformation générale de la tête , qui est excessivement al- longée et terminée en avant par un museau pointu dont l'ex- trémité s'avance au delà de la bouche. On peut trouver aussi des caractères dans la forme et la consistance de ce museau, qui est tantôt charnu , flexible, plus ou moins prolongé, et dans la figure des écailles ; tantôt parce que le museau, étant duret solide, se trouve joint à quelques particularités des pla- ques qui se voient au-dessous de l'œil sur la lèvre supérieure. Ce sont surtout les plaques qui occupent le dessous de la gorge, entre les deux branches de la mâchoire inférieure , qui présentent plusieurs caractères distinctifs ; car ces lames gu lai res varient beaucoup par la forme, quand on les com- pare entre elles. Généralement on voit en avant une plaque impaire médiane, qui remplit l'espace que laissent entre elles les deux sous-mentales, lesquelles, réunies vers la ligne moyenne dans le sillon, représentent par leur forme la figure d'un cœur de carte à jouer. Suivent deux plaques plus étroi- tes, entre lesquelles commence la série des lames ventrales qui vont successivement en s'élargissant et toutes ces écailles gulaires, comparées dans les genres, offrent des particularités notables. Ainsi les deux premiers genres sont faciles à reconnaître et à distinguer, car chez l'un, celui des Langahas ou Xipkor- rhynques, l'appendice de peau prolongée est recouvert d'é cailles distinctes, quelquefois dentelées; quand ce prolon- gement plus court , mais flexible, porte très-peu d'écaillés , c'est alors le genre que les auteurs ont désigné sous le nom DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. ()l deDryine. Les deux autres genres appelés, l'un Oxybèle, l'au- tre Tragops , ne diffèrent entre eux que par la forme de la tête, et surtout par la manière dont cette région est articulée avec le tronc. Ces genres sont indiqués dans le tableau synoptique qui suit. Ophidiens Opisthoglyphes : les OXYCÉPHALIENS. Caractères : Crochets lisses presque égaux entre eux, tête étroite en pointe. 1 prolongé; écailles carénées. 1. Xiphorrhynque, A museau ; charnu , mou ..... ( court ; écailles lisses 1. Dryine. dur, solide ; i unique , grande 5. Oxybki.k. plaque sous-orbitaire l ( double ou triple 4. Tkagops G. I. Le XiPHORRHrNQTjE, Wagler, ou Langaha de Bruguières , qui ne com- prend que deux espèces, dont le museau est flexible , très-pro- longé et les écailles du dos en carène. \ . L. ensifera, nobis — de Madagascar. 2. L. crista galli, figurée sur la planche 1\ de l'Erpétologie yen. G. II. Le Dbtinijs de Merrem. — Quelques Dryophis, Schlegel. Ilssontsem- blables aux précédents ; mais leurs écailles sont lisses. \. D.nasutus. — Dryophis, Schlegel, t. II, p. 246; espèce à la- quelle nous rapportons un très-grand nombre de variétés pour les couleurs. G. III. Oxybelis, Wagler. — A museau dur et solide; une seule grande plaque sous-orbilaire : cinq espèces. \ . O. argenteus , nobis. — Dryopliis, Schlegel , t. II, p. 255. 2. O.fulgidus. —Schlegel, t. II, p. 252. 5. O. seneus, Wagler. — Dryophis aurata, Schlegel, t. II, p. 255. 4. O. punctulalus, nobis. G. IV. Tragops, Wagler. — Semblables aux Oxy bêles par le museau, mais ayant sous l'orbite, non une seule, mais deux ou trois plaques. 1 . T. prasinus, Wagler. — Dryophis, Schlegel, t. Il, p. 251 . 2. T. xanthozonius . — Wagler, Kuhl. 5. T. rufulus, nobis ColuberCumberi, Russel, vol. 11., pi. 26. \)'l PRODROME GENERAL OPHIDIENS OPISTHOGLYPHES. STÉNOCÉPHAL1ENS. DEUXIÈME FAMILLE. Caractères essentiels. Tête courte obtuse, confondue avec le tronc, qui est arrondi sur le dos, mais plat sous le ventre ; queue courte, finissant insensiblement en pointe conique ; les narines percées entre deux lames. Ainsi que nous avons cherché à l'exprimer par leur nom, les Serpents que ce groupe réunit sont toutes les espèces remar- quables par l'étroitesse de leur tête, qui semble confondue avec letronc, lequel est lui-même très-grêle ettout à fait cylindrique, et en outre par la longueur respective des crochets simples antérieurs , qui est à peu près la même chez tous les individus. Ces Serpents ont la plus grande analogie avec ceux de la famille précédente, excepté par la proportion respective des crochets lisses. Ils appartiennent, comme eux, aux régions les plus chaudes de l'Amérique, et ils ne peuvent aussi saisir pour leur alimentation que de très-petits animaux. Nous n'avons inscrit que quatre genres dans cette famille ; on les distingueà la première inspection, parce que deux d'en- tre eux ont le corps très-grêle , tout à fait cylindrique et de même grosseur; tandis que, chez les autres, le tronc est d'une grosseur ordinaire et même plus volumineux dans la région moyenne. Ces genres sont distingués entre eux ainsi que l'in- dique le tableau suivant. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. t)3 Ophidiens Opisthoglyphes : les STÉNOCÉPHALIENS. Caractères : Tête étroite confondue avec le tronc. très-plate 3. Homalocrane. convexe 4 . Klapsomorphk . à taches en anneaux 2. Éryturolampre pas de taches annelées 4. Sténoriuhm: 1 grêle, rond, égal ; tête A tronc , plus gros au milieu G. I. Elapsomorphus, Filzinger — dont le corps grêle est partout de même grosseur depuis la tête jusqu'au milieu de la queue, la bouche pe- tite et peu fendue ; les narines s'ouvrent dans une seule plaque. Ce genre réunit six espèces. \. E. d'Orbignyi. — Calamaria, Schlegel, t. H, p. 30. 2. E. flavo- torquatus , nobis. — Espèce rapportée par M. de Castelnau. 5. E. tricolor, nobis. — Recueilli à Sanla-Cruz par M. d'Or- bigny. k. E. bilineatus, nobis Une peau bien conservée provenant de Corrientes. 5. E. lemniscatus, nobis. — Espèce nouvelle, donnée parM. Darwin. 6. E. Blumii, Wiegmann. — Calamaria, Schlegel, t. II, p. 45. G. II. Erythrolamprcs, F. Boié. — Corps plus gros dans la partie moyenne du ventre, qui est plat en dessous ; tête courte , obtuse ; queue de forme conique, se terminant insensiblement en pointe; cinq espèces toutes annelées. \ . E. JEsculapii , Wagler. — Coronella venusta , venustissima , Schlegel, t. II, p. 55. C'est la Bande noire de Bonnaterre. 2. E. Beauperthuisii '., nobis. — Nouvelle espèce de la Côte-Ferme. 5. E. venmtissimus, Wied. — Coronella, Filipo de Filipi , Bi- bliothèque italienne, t. XCIX. i3 C)4 PRODROME GÉNÉRAL 4. E. Milberti, nôbis. — Nouvelle espèce de New-York; par M. Milbert. 5. E. intricatus, nobis. — Nouvelle espèce, d'origine inconnue. G. III. Homalocranion , nobis. — Ce nom de genre, qui dénote une tête très- plate ou déprimée, caractérise en outre les espèces qui ont le corps cylindrique de même grosseur dans toute son étendue , et les flancs ou les côtés du ventre anguleux , avec les narines percées entre deux plaques : quatre espèces. \ . H. planiceps, nobis. — Coluber, Blainville, Ann. du Mus., t. IV, p. 294, pi. xxvh. 2. H. melanocephalum , Calamaria. — Schlegel , t. II, p. 38. 5. H. semicinctum, nobis — de la Martinique et de la Colombie ; M. Plée. 4. H. atrocinctum , nobis. — Calamaria, Schlegel, t. II, p. 47. G. IV. Stenorrhina, nobis.— Corps cylindrique, plus gros au milieu-, à écailles losangiques ; à gastrostéges déprimées sur la ligne moyenne. Orifices des narines percés dans une seule plaque. Deux espèces qui ne sont pas annelées. \ . S. ventralis, nobis. — Espèce nouvelle de Coban , haute Vera- Paz. 2. S. Freminvillei , nobis. — Id. du Mexique; par M. le capi- taine de frégate de Freminville. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. (f5 OPHIDIENS OPISTOGLYPHES. ANISODONTIENS (1). TROISIÈME FAMILLE. Caractères essentiels. Serpents a crochets postérieurs can- nelés, à museau court ; mâchoires garnies de crochets iné- gaux en longueur ou irrégulièrement distribués, avec des espaces vides surtout à la mandibule. lie nom de cette famille, comme on le voit, est emprunté à la disproportion ou à l'implantation insolite des crochets lisses en faisant même abstraction des longues dents canne- lées qui distinguent ces Serpents de ceux du sous-ordre des Aglyphodontes. Cette inégalité, par son irrégularité même, varie dans les différents genres, ce qui nous a permis de distinguer ceux-ci facilement les uns des autres. Déjà plusieurs auteurs avaient reconnu cette particularité. M. Millier, entre autres, en avait formé une division sous le nom d'Hétérodontes ; mais il y avait rapporté plusieurs espèces de nos Ophidiens dont toutes les dents sont lisses ou sans sillon, comme nous l'indiquons dans la partie historique de cette famille. Nous avons cru devoir faire connaître l'importance qui peut être rapportée à cette singulière anomalie que présentent les crochets. Quand on cherche en effet à expliquer la cause présumable de cette organisation bizarre, on peut supposer que la nature , en armant ainsi ces mâchoires, semble avoir atteintun double but. D'une part, ces dents isolées, plus lon- gues et plus fortes que les autres, ont dû faciliter et affermir (1) 'Aviso;, inégal, irrégulier, et ôSoû;, ôSôvcoç, dent. g6 PRODROME GÉNÉRAL la saisie de la proie à l'instant même où elle se trouve happée subitement et à l'improviste. D'autre part, la victime, retenue plus solidement entre les mâchoires, doit y rester accrochée pendant tout l'espace de temps nécessaire et suffisant pour que l'action produite par la piqûre des dents cannelées pos- térieures puisse suffisamment s'exercer en faisant pénétrer dansleschairsde l'être vivantlaquantitéd'humeur venimeuse préparée pour l'empoisonner. Ce venin est destiné à anéantir, chez l'animal, soit l'irritabilité musculaire afin d'affaiblir les efforts de mouvements qu'il doit naturellement opposer à sa destruction; soit aussi, par un bénéfice de la nature, et fort heureusement, pour faire cesser rapidement en lui l'impression douloureuse de la perte de la vie, en détruisant subitement ou en suspendantla sensibilité, cet attribut toujours constant des perceptions qui caractérisent la vie animale ou de rapports. Nous nous sommes servi, pour l'établissement des genres qui entrent dans cette famille, et dont le nombre est de neuf, des modifications remarquables que présente le système dentaire. La distribution, la forme, la courbure, la direction et la longueur proportionnelle de ces crochets varient notable- ment dans ces différents genres. L'étude à laquelle nous nous sommes livré pour l'examen comparé de ces différences nous a fourni les moyens de répartir ou de rapprocher entre elles les nombreuses espèces qui doivent être rapportées naturel- lement à cette famille des Anisodontiens. D'abord il y a deux genres chez lesquels les crochets sus- maxillaires antérieurs, ainsi que ceux des os palatins, sont très-courts ou manquent complètement. Dans le premier, ce- lui des Bucéphales, les cadres orbiraires sont énormes , tan- DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. Ç)"J dis qu'ils sont petits, comparativement, dans les Hémiodontes. Chez les autres , ces crochets antérieurs sont très-dévelop- pés , mais, comme on l'observe dans deux de ces genres, ces dents antérieures longues sont à peu près égales entre elles : tels sont les Tomodons, dont les crochets sillonnés sont tran- chants , et les Ljcognathes , qui ont, aux deux mâchoires, les quatrièmes et cinquièmes dents qui paraissent énormes quand on les compare à celles qui les avoisinent. Dans les cinq autres genres, trois ont les crochets antérieurs plus longs que les autres, avec un espace libre qui en interrompt la suite ; nous les avons inscrits dans le tableau analytique sous les numéros 3, 4 et 5 : car ceux qui portent les numéros 6 et 7 n'ont pas d'intervalle après les longs crochets antérieurs, qui sont peu courbés et très-pointus. Ces caractères, comme nous l'indiquons pour chacun de ces genres, présentent d'autres particularités pour la longueur, la brièveté, la courbure ou la proportion comparée de ces crochets entre eux. Voici le tableau qui donne l'énumération et les caractères principaux de ces genres. Ophidiens Opisthoglyphes : les ANISODONTIENS. Caractères : Dents ou crochets susmaxillaires inégaux ou manquant en partie. la moitié du crâne.... I. Bucephale. „• / nuls ou manquant en avant ; orbites occupant. le sixième du crâne. . . 2. Hemiodonte. puis un espace libre; / courts et presque égaux entre eux 5. Oligotropis. crochets postérieurs J \ avant et au milieu .... 4. Psammophis. q | \ plus longs , J ' P lus Ws et en ' arrière en décroissant. . 5. Chorisodon. I droits , très-longs 6. Opetiodon. v sans intervalle ; crochets antérieurs. • • • ! ° \ distincts, j | courbés et égaux 7. Tarbophis. t excepté le quatrième et le cinquième 8. Lycognathe. à peu près égaux entre eux { ( dans toute la série 9. Tomodokte. 9# PRODROME GÉNÉRAL G. I. Bucephalcs, Smith. — Point de crochets en avant des os susmaxil- laires et palatins; les orbites énormes, occupant la moitié du crâne. 4. B. typus, Smith. — Dispholidus Lalandii, Duvernoy ; Den- drophis Colubrina, Schlegel, t. II, p. 238, pi. IX. G. 11. Hemiodontus , nobis. — Caractères du genre précédent , mais les or- bites ordinaires. 4 . H. leucobalia, Homalopsis. — Schlegel, t. Il, p. 345, pi. XIII. G. III. Oligotropis, nobis. — Les crochets antérieurs plus longs, puis un espace libre; tous les autres à peu près égaux. \. 0. rhodopleuron , Reinwardt. — Schlegel, Dendrophis, t. II, p. 235. G. IV. Psammophis, H. Boié.— Un espace libre après des crochets antérieurs plus longs ; les crochets postérieurs successivement plus longs les uns que les autres. 1. P. cruciger, Fitzinger-Boié , Isis , 4827, t. XX , p. 547. — Schlegel, variété du Cap, t. II, p. 209. 2. P. moniliger, Lacépède, le Chapelet. — Schlegel, t. II, p. 207. 5. P. Savignyi, nobis. — Egypte, Supplément, pi. v, Gg. 2 ; Dahlii, Schlegel, t. II, p. 245. 4. P. elegans, Boié. — Schlegel, t. Il, p. 216, n° 7. 5. P. pulverulentus. —Schlegel, t. II, p. 244 ; pi. VIII, fig. 40. 6. P. punctatus, nobis — d'Egypte, d'Arabie; par MM. Arnaud , Botta. G. V. Chorisodon , nobis. — Dents en corymbe, ou les crochets susmaxil- laires plus longs au milieu, et décroissant successivement devant et derrière. 4. C. Sibericum, nobis Coluber trabalis, Pallas, Zoograph. , t. III, p. 42. — Demidoff, Nordmann,t. III, p. 344; Rept.,pl. V. G. VI. Opetiodon, nobis. — Point d'espace libre après les crochets antérieurs, qui sont très-longs et droits; dents en alêne. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 99 I. 0. q/wodon, nobis. — Dipsas, Schlegel, t. Il, p. 268; pi. XI. fig. \0. G. VII. Takbophis , FleischmaDii. — Crochets susmaxillaires antérieurs plus longs, point d'espace libre ensuite, suivis d'autres crochets courbes et égaux. Même conformation à la mâchoire inférieure. I . T. fallax. — Vivaxàe quelques auteurs, Schlegel, t. II, p. 295. G. VIII. Lycognathos, nobis — dont le quatrième et le cinquième crochets sus- maxillaires sont plus longs que les autres et suiv'19 d'un espace libre : sept espèces. 1 . L. scolopax, Klein. — ■ Lycodon audax, Schlegel, t. II, pJ2l . 2. L. geminatus, nobis. — Coluber Boyuna, Klein, d'après Seba, t. II, tab.59. 3. L. leucocephalus, nobis. — Dipsas, Schlegel, t. II, p. 288. 5. L. cucullatus, nobis. — Coronella Lavis, var. behlegel, t. Il, p. 69,lign. 15; Geoffroy, Egypte, Rept., pi. VIII, fig. 3. 5. L. tseniatus, nobis. — Espèce nouvelle donnée par M . Schousboé : Algérie. 6. h. diadema, nobis. — Espèce nouvelle donnée avec la précédente. (Nous venons de nous assurer que c'est un Hétérodon.) 7. L. textilis, nobis. — Troisième individu du même pays, même donateur. G. IX. Tomodon, nobis. — Les premiers crochets tous égaux, très-longs et tranchants, ainsi que les dents cannelées encore plus longues, courbées en lame plate. 1 . T. dorsatum, nobis. — Espèce nouvelle, obtenue par échange : du Grésil. 2. L. lineatum, nobis. — Erpét. gén., pi. lxxiii , sous le nom d'ENDROME. 3. T. ocellatum, nobis. — Xénodondumus. deLeyde; M. Schlegel. IOO PRODROME GENERAL OPHIDIENS OPISTHOGLYPHES. PLATYRBHINIEINS. QUATRIÈME FAMILLE. Caractères essentiels. Serpents à dents susmaxillaires postérieures sillonnées , et à museau large , tronqué carré- ment. Ce nom est destiné à dénoter , au premier aspect, les Ser- pents de ce sous-ordre, qui ont la partie antérieure de la face déprimée et comme coupée transversalement. lisse res- semblent d'ailleurs par la position des yeux et des narines, et l'analogie des formes se retrouve dans celle de leurs habi- tudes telles qu'elles sont indiquées par les voyageurs. La plupart étant destinés à vivre dans l'eau et dans des lieux herbeux où la lumière vient d'en haut, ont par cela même lesyeux verticaux et les narines rapprochées l'une de l'autre vers l'extrémité supérieure du museau. Leur corps est court, et la région moyenne du tronc un peu renflée, surtout si on les compare aux espèces qui vivent habituellement sur les branches. Cependant, en proportion de la longueur de la tète, la bouche n'est pas très-fendue, et même la ligne qui sépare les lèvres se trouve légèrement courbée, de sorte que la com- missure se relève vers le crâne, et généralement les lèvres paraissent renflées et semblent rentrer un peu en dedans des gencives. Ces Serpents paraissent doués d'une grande force muscu- laire dans la région buccale pour la constriction de la proie, DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. IOI qu'ils peuvent d'ailleurs étouffer ou suffoquer en pressant sur les côtes de la victime pour s'opposer ainsi à sa respiration, si l'on en juge au moins d'après la solidité des os qui cons- tituent leur squelette, surtout dans la région de la colonne vertébrale. Les sept genres que nous avons rapprochés sous ce nom de famille, dans le tableau qui suit, ne comprennent chacun qu'un petit nombre d'espèces. Nous ne sommes pas très-bien renseigné sur l'origine de plusieurs espèces, quoique toutes paraissent avoir été recueil- lies dans les régions les plus chaudes de l'Asie et de l'Amé- rique, et vivre assez souventdans l'eau. Il est facile, par l'ana- lyse et l'observation, de reconnaître les genres. L'un d'eux est tout à fait anormal, même dans l'ordre des Ophidiens, parles tentacules écailleux, mais flexibles, qui font la suite du museau en laissant entre eux un assez large intervalle. D'ailleurs toutes leurs écailles sont carénées, et les lignes saillantes qu'elles for- ment, se répétant sur toute la surface du tronc, donnent à la totalité du corps l'apparence comme striée, ou cannelée; en- suite les gastrostéges sont réduites à de si petites dimensions, quelles semblent produites par la simple réunion de deux écailles ordinaires sur lesquelles se voit la double carène. Chez tous les autres Platyrrhiniens, le museau est mousse et les écailles lisses. On a remarqué que, dans un genre, la dent cannelée postérieure a une double courbure; que, chez d'au- tres, les formes des plaques qui recouvrent les lèvres sont car- rées, étroites, allongées; que les écailles, au lieu d'être lisses et polies ou carénées en saillie, sont au contraire striées ou qu'elles offrent des lignes longitudinales enfoncées et pa- i4 JO'2 PRODROME GENERAL rallèles. Ce sont ces particularités qui ont servi à la caractéris- tique des genres, au nombre de sept, dont suit l'indication. ■ Ophidiens Opisthoglyphes : les PLATYRRHINIENS. Caractères : Serpents Opisthoglyphes à museau plat , comme tronqué. ( à double courbure, comme lorses. 4. Campylodok. lisses; les dents cannelées ' (simplement courbes; (carrées... \. Hypsibhine. . , .,, plaques labiales { _ _ rond ; écailles / I longues . . 2. Edroste. striées ou à lignes creuses en long. 3. Tbigonure. distinctes. 5. Homalopsis. nulles.... 6. Cerbère. 1 à deux tentacules écailleux flexibles 7. Ebpéton. Museau/ \ non lisses, mais. carénées ; plaques pa- riétales G. I. Hypsirhine, Wagler. — A écailles du dos lisses; les plaques sus- labiales en rang simple, à peu près carrées et toutes de mêmes dimensions. \ . H. rhombeatus, Linné. — Coronella, Schlegel, t. II, p. 70. 2. H. enhydris, Schneider. — Homalopsis aer., Schlegel , t. II, p. 547 : Bengale. 3. H. maculatus, nobis. — Espèce nouvelle rapportée de la Chine par M. Eydoux. G. II. Ecrostus, nobis. — Les écailles lisses; le museau plat, mais un peu arrondi ; à dents postérieures surcourbées et plaques labiales allongées. \. Ë. Dussumierii , nobis. — Espèce du Bengale, donnée par M. Dussumier. 2. ë. plumbeus, Boié. — Homalopsis, Schlegel, t. II, p. 546. G. III. Trigonurds , nobis. — Queue apiatie sur trois faces; à écailles sans carènes, mais striées en longueur par de petites lignes creuses enfoncées. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. K)3 \. T. Sieboldii, nobis. — Homalopsis, Schlegel, t. II, p. 549: du Bengale. G. IV. Campïlodon, nobis. — Les dents cannelées postérieures comme tor- dues sur elles mêmes en double courbure ; à écailles lisses. \. C. Prevoslianum, Eydoux. — Gervais, Homalopsis plumbea. G. V. Homalopsis, Kuhl. — Écailles carénées,;') plaques pariétales distinctes ; museau très-plat et tronqué. \. H. buccata, Filzinger. — Scblegel, t. II, p. 557. 2. H. albomaculata , nobis. — Espèce nouvelle de Sumatra; par M. Kunhardt. 5. H. h-vittata , nobis — du Brésil? de Peten; par M. Morelel. G. VI. Cerbercs, G. Cuvier — à écailles carénées et point de plaques parié- tales ; les autres plaques petites et rapprochées du museau. \. C. Boseformis , Schneider. — Homalopsis Schneiderii, Schlegel, t. II, p. 544 . G. VII. Erpeton, Lacépède. — Museau à deux tentacules écailleux et flexi- bles ; queue conique sans urostéges ; gastrostéges hexagones, étroites, à deux carènes. \. E. tentaculatum , Lacépède. — Homalopsis, Schlegel, t. II, p. 559. l4- io4 PRODROME GENERAL OPHIDIENS OPISTHOGLYPHES. SCYTALIENS. CINQUIÈME FAMILLE. Caractères essentiels. Serpents à dents sillonnées; les sus- maxillaires postérieures cannelées; à crochets antérieurs presque égaux; à museau large et arrondi. Quoique tous les Serpents ainsi rapprochés aient une eer- taine analogie dans la forme générale de la tête, qui est plate avec un museau arrondi ou non prolongé en pointe, et qu'ils aient ainsi un air de famille naturelle, il y a cependant entre eux d'assez grandes différences dans la manière dont ce museau rétus, paraissant tronqué, se présente à l'observation, comme on en aura la preuve dans le tableau synoptique ci-joint. Ophidiens Opisthoglyphes : les SCYTALIENS. Caractères : Serpents à tête plate et museau arrondi. sur un seul rang ; bord J Rhinosime. SCYTALE . Urostéges| I / retroussé, avancé, un peu plat. 2. i doubles : bout du museau ) , , j | courte. . . 4. Rhinostome. Brachyrruton. ' court : plaque frênaie j „ , „ r T ( allongée. 5. Oxyrrhope. Le plus grand nombre des espèces comprises dans les cinq genres que nous rapprochons sous une même dénomination sont à peu près nouvelles; du moins leur existence n'avait pas été consignée ou introduite dans les registres de la science,, comme il sera facile de le reconnaître. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. lO'J Dansdeux de cesgenres, la portion la plus avancée du front dépasse la mâchoire inférieure ; elle prend la forme d'un coin ou d'un soc de charrue aplati, un peu tranchant sur ses bords, et il est excavé en dessous ; ce qui semblerait dé- noter que ces Serpents sont appelés à vivre sous terre, ou au moins à se retirer dans des galeries souterraines, car c'est la même conformation que l'on retrouve chez beaucoup de Sau- riens fouisseurs. Ces deux premiers genres, qui se ressemblent beaucoup, diffèrent par la manièredont sont disposéesleurs plaques sous- caudales ou les urostéges. Dans le premier, que nous nom- mons Rhinostome , ces grandes écailles du dessous de la queue sont distribuées sur deux rangs; tandis qu'elles n'en forment qu'un seul dans le genre Rhinosime. Cette première distinction, établie, nous a permis de re- connaître dans les trois autres *genres, dont le museau ne dé- passe pas la mâchoire inférieure, des caractères spéciaux tirés d'abord des urostéges, qui sont en rang simple dans le genre Scjtale, qui a servi de chef à la famille, etdoubledans les deux autres, qui , avec d'autres caractères, diffèrent principalemeni entre eux par la forme de la plaque frontale ou frênaie. La plupart des auteurs avaient confondu les espèces de ces genres, en les comprenant parmi les Couleuvres et les Lyeodons , parce qu'à cette époque on n'avait pas encore observé sur la mâchoire supérieure la présence et même la disposition, ni reconnu le but de la structure et des usages des crochets postérieurs qui sont sillonnés , ni même la lon- gueur respective des autres dents qui les précèdent. Le plus grand nombre des Serpents compris dans les cinq genres que nous rapprochons sous cette même dénomination Io6 PRODROME GÉNÉRAL de Scytaliens, sont à peu près nouveaux ; du moins ils n'ont pas été introduits dans les catalogues de la science, comme il est facile de le reconnaître. 6. I. Rhinostoma , Filzinger. — A museau large, en coin plat; plaque ros- trale retroussée, dépassant la mâchoire; urostéges en rang double. 4 . R. nasua, Wagler. — Hétérodon , Schlegel , t. II, p. 400 : de Colombie. G. II. Rhinosimus, nobis. — Museau obtus, en coin, dépassant la mâchoire inférieure ; urostéges en rang simple. 4 . R. Guerinii, nobis. — Espèce nouvelle de Bahia : MM. Guérin, Lemelle et Deville. G. III. Scïtale, Wagler. — Bout du museau peu retroussé, arrondi , ne dé- passant pas la mâchoire; urostéges sur une seule rangée. 4. S. coronatum , Merrem. — Lycodon Clselia, Schlegel, t. II, pag. 444. 2. S. Neuwiedii, nobis. — Variété de l'espèce précédente, Schle- gel, t. II, p. 4 46. G. IV. Brachyrruton, nobis. — Bout du museau épais, peu retroussé et peu tranchant ; plaque frênaie courte ; urostéges doubles. 4. B. plumbeum, nobis. — Coluber plumbeus , Schlegel, t. II, pag. 452. 2. B. Clselia, Merrem. — Lycodon, var. Schlegel , t. II, p. 444. 5. B. nucha-luteum , nobis. — Bojobi de Séba, Wagler, p. 487, g. 74 : Scylale. G. V. Oxyrrhopus, Wagler. — Tête oblongue; bout du museau mousse; yeux presque verticaux; narines ouvertes entre deux plaques; uro- stéges doubles. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. lO" \. O. trigeminus, nobis. — Lycodon formosus , Schlegel, t. II. pag. W5. 2. 0. subpunctatus, nobis. — Espèce nouvelle du Brésil , par M. Clossen. 5. 0. rhombifer, nobis. — Espèce de Carthugène, par M. F. Bai- rot : du Mexique, M. Ducommun. 4. O. doliatus, nobis. — Origine? du musée de Toulouse, par M. Joly. 5. 0. formosus, nobis. — Lycodon , Schlegel , t. II , p. -H5, en partie. 6. 0. multifasciatus, nobis. — Espèce nouvelle de Cayenne. 7. 0. d'Orbignyi, nobis. — Plusieurs variétés de Buénos-Ayres : M. d'Orbigny. 8. 0. clathratus, nobis — du Brésil : M. de Castelnau. 9. 0. spadiceus, nobis. — Klein, Tentam. Herp. , p. 56; d'après Séba, t. II, tab. 58, n° 2. -10. O. immaculatus, nobis. — Origine? du musée de Marseille, par échange. -M. 0. bipreocularis, nobis — de (Mayenne ; par madame de Richard, née Rivoire. 12. 0. petolarius, Wagler. — Lycodon petolarius, Schlegel, t. II, pag. 420. 15. 0. Sebse, nobis. — Sepedon, Leucophœa, t. Il, pi. -x, n° 5, et t. II, p. 76, tab. 75, n° \ . I i. 0. leucocephalus, nobis. — Espèce dorigine inconnue. Io8 PRODROME GÉNÉRAI, OPHIDIENS OPISTHOGLYPHES. DIPSADIENS. SIXIÈME FAMILLE. Caractères essentiels. Dents susmaxillaires postérieures sillonnées et plus longues, précédées de crochets simples égaux, à tête large en arrière et à museau arrondi, étroit. Cette dernière famille, qui réunit les Serpents qui ont eu arrière les crochets susmaxillaires cannelés sur leur convexité et plus longs que les antérieurs qui sont lisses, ne sont ici rapprochés que par voie d'élimination à l'aide de l'analyse. Nous n'avons été conduits à en grouper les genres que par l'étude des caractères relatifs, et parce que les particularités que nous indiquons ne se rencontrent pas dans les cinq fa- milles précédentes. Nous allons rappeler les annotations que nous considérons comme négatives. Ainsi l'inégalité dans la longueur proportionnelle, la dis- tance réciproque et la force ou le volume des crochets qui garnissent le dessus des deux mâchoires les font tout à fait distinguer des Anisodontiens, puisqu'ici, à l'exception des dents cannelées, toutes les autres sont à peu près de même longueur et également espacées. Vient ensuite l'examen de la forme delà tête, qui est étroite et à peu près de la même grosseur que le cou, dont elle se distingue à peine dans les deux groupes que nous avons appelés les Oxycéphaliens et les Sténocéphaliens ; car ici la tête est élargie avant l'origine du cou. Et dans les deux autres familles qui se rapprochent par la longueur à peu près égale des crochets lisses, la tête DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. I 09 plus large et portée sur un cou étranglé, la bouche est très- dilatable, les mâchoires étant plus longues; mais son extré- mité antérieure est tronquée, avec le museau plat dans les Platyrrhiniens, tandis qu'elle est arrondie et étroite dans les Scytaliens. Comme chez ces derniers, la désignation de la fa- mille est empruntée au nom de l'une des espèces principales; mais, nous devons l'avouer, c'est moins à cause de l'étymologie du nom de Dipsas, que par l'analogie apparente que nous ont offerte les espèces indiquées depuis longtemps sous cette dénomination, que nous avons laissé à ce groupe le nom de Dipsadiens, aujourd'hui vague et incertain, car primitive- ment il avait servi à indiquer une sorte de Serpent venimeux dont la piqûre produisait, chez l'individu qui en avait été blessé, une soif des plus ardentes. Cette circonstance ne nous a été transmise, au reste, que par les poètes de l'antiquité, qui l'ont consacrée dans des peintures descriptives où leur ima- gination leur a fourni les moyens d'étaler les admirables ri- chesses de la pensée et de l'élégance latine. Comme il est nécessaire de le reconnaître, nous avons été forcé, pour suivre la marche analytique, d'employer des caractères, que nous nommerons négatifs, afin de distinguer les deux dernières familles de ce sous-ordre des Opistho- glyphes. Après avoir rapproché, autant que possible, dans les quatre premiers groupes, les espèces dont la tête est étroite, à peu près de la même largeur que le cou; puis celles dont les crochets susmaxillaires sont de longueur inégale et qui diffèrent, en outre, par la forme du museau; il nous reste à étudier les Serpents dont le crâne paraît élargi en arrière, et dont les dents sont entre elles à peu près égales pour la force, la longueur et leur répartition à des intervalles sem- i5 ITO PRODROME GENERAL blables, en joignant à ces observations celle d'un museau qui est arrondi et étroit, au lieu d'être large et tronqué en avant. Pour distinguer et séparer entre eux les sept genres qui se trouvent ici réunis sous le nom de Dipsadiens, nous avons eu d'abord recours à l'examen des plaques qui garnis- sent le dessous de la queue, lesquelles, au lieu d'être distri- buées régulièrement sur deux rangs, se trouvent entremêlées d'urostéges d'une seule pièce. Puis chez les autres, qui en ont deux rangées régulières, la surface des écailles étant carénée dans les deux genres nommés Rhinobothrye et Dryophylax, cette observation nous a permis de les séparer des trois au- tres genres à écailles lisses, tels que les Imantodes, les Téles- copes et les Dipsas, qui sont les types de la famille. Il est bon de prévenir que M. Schlegel a inscrit sous le nom de Dipsas un très-grand nombre d'espèces qui appartiennent à d'autres genres, et même à des groupes ou à des familles différentes, et que nous en avons donné la liste avec les ren- vois ou les indications nécessaires. Sept genres principaux sont rangés dans cette famille des Dipsadiens, dans l'ordre analytique indiqué ci-dessous. Ophidiens Opisthoglyphes : les DIPSADIENS. \ Caractères : Tête plate et large ; museau rond, étroit ; crochets égaux. i carénées; narines régulières, et à) / écailles du dos j très-longue; dos caréné.. . . 2. Rhinobothrye. 5. Dryophylax. 3. Imantodes. Urostéges l lisses ; à queue.. 1 très-grands. . courte : yeux. . ' 1 ordinaires. . . 1. Télescope. 6. DlPSADE. irrégulières simples ou doublée i trois solides, lents cannelées. " | une seule. . . i. Triglyphodon. 7. Heterure. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. I I I G. I. Telescopus, Wagler — qui ont les écailles dorsales lisses, la queue courte avec des urostéges régulières , les yeux énormes et la- téraux. \ . T. oblusus, Reuss. - — Uipsus ^Egypiiacus, Schlegel, t. II, p. 274. G. II. Rhinobothryom, Wagler — dont les écailles du dos sont carénées, les urostéges régulières et les narines creusées dans un enfoncement triangulaire. \. R. lentiginosum , nobis. — Macrorrhinum, Wagler et Fitzin- ger ; Dipsas de Schlegel, t. II, p. 289. G. III. Imahtodes, nobis. — Tronc à dos en carène; les écailles dorsales lisses; les urostéges régulières ; la queue excessivement longue. \. I. cenchoa, Séba. — Dipsas Weigelii, Schlegel, t. Il, p. 278. G. IV. Triglïphodon, nobis. — Les trois dernières dents susmaxillaires can- nelées, très-fortes et solidement fixées; les urostéges irrégulières, en double rang, parmi lesquelles plusieurs sont simples. \ . T. irregulare, Wagler. — Dipsas, Schlegel , t. Il, p. 274 . 2. T. Forstenii, nobis — du musée de Leyde, qui nous l'a confié. 5. T. cyaneum, nobis. — Serpens ana-candoia, Bubalina, Klein, Séba, t. II, pi. lxxxhi, n° \ . 4. T. tesselatum , nobis. — Espèce de Java , par M. Diard. 5. T. dcndrophilum , Reinwardt. — Dipsas, Schlegel, t. II, p. 265. 6. T. flavescens, nobis. — Dipsas var., Schlegel, t. II, p. 273 , note. 7. T. gemmicinctum, nobis. — Variété du Dendrophila, Schlegel, t. II, p. 265. 8. T. jaspideum, nobis. — Dipsas, Cynodon jeune, Schlegel, t. II, p. 269. 9. T. Drapiezii, nobis. — Dipsas, Schlegel, t. Il, p. 270. G. V. Drïophtlax, Wagler. — Écailles du dos en losanges, allongées et lé- gèrement carénées, ou avec une ligne bombée ; celles des lianes et de la queue lisses. \. D. viridissimus, Linné. — Chlorosoma, Wagler; Herpélodnas. Schlegel, t. H, p. 482. i5. 112 PRODROME GENERAL 2. D. Nattereri , Wagler. — Dipsas, Schlegel , t. II, p. 290. 5. D. Olfersii, Wagler. — Herpétodryas, Schlegel, t. II, p. 183. 4. D. punctatissimus, Wagler. — Thamnodynastes. Dipsas, Schle- gel, t. H, p. 292. 5. D. serra, nobis. — Herpétodryas, Schlegel, t. Il, p. 480. 6. D. insi gnitus , nobis. — Psammophis lacertina, Schlegel , t. II. p. 203.Cœlopeltis, Wagler, Nat. syst., p. 4 89. Couleuvre maillée, Geoffroy, Égypt., pi. VII. 7. D. Freminvillei , nobis. — Nouvelle espèce de la Guyane, du Pérou. 8. D. Schottii, Fitzinger. — Xenodon , Schlegel , t. II, p. 94. 9. D. inornatus, nobis. — Xenodon, Schlegel, t. II, p. 89. G. VI. Dipsas, Boié. — Tronc cylindrique, à écailles lisses , à queue courte , à yeux latéraux, petits. 4 . D. trigonatus, Schneider. — Dipsas, Schlegel, t. II, p. 267. 2. D. multimaculatus, nobis. — Dipsas, Schlegel, t. II, p. 265. 3. D. annulatus, Linné. — Dipsas, Schlegel , t. II, p. 465. 4. D. colubrinus Schlegel, t. II, p. 273. 5. D. Chilensis. — Schlegel, t. H, Coronella, p. 70. 6. D. lineatus, nobis. — Espèce nouvelle du Nil Blanc: M. d'Ar- naud. 7. D. miniatus, nobis. — Coluber, Schlegel, t. II, p. 404. 8. D. Goudotii, nobis. — Herpétodryas, Schlegel , t. II, p. 487. G. VII. Heterurus, nobis. — Les écailles sous-caudales, dites urostéges, sim- ples ou doubles irrégulièrement; une seule dent cannelée. 4. H. rufescens, Gmelin. — Hotamboeia , Séba , t. II , pag. 54 , lab. 33, n°6. 2. H. hippocrepis. — Reinhardt Besk. Slangeart, t. X, p. 254. 3. H. Galmardi, Schlegel. — Dipsas, t. II, p. 293 : Madagascar. 4. H. arctifasciatus , nobis. — Nouvelle espèce madécasse : MM. Quoy el Gaimard. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. I 1 3 QUATRIÈME SOUS-ORDRE DES OPHIDIENS. Les PROTÉROGLYPHES dits àpistophides. Caractères essentiels. Serpents dont les os susmaxillaires portent en avant un ou plusieurs crochets sillonnés ou veni- meux, suivis d'autres crochets simples, ou sans sillon. Lorsque nous avons publié le sixième volume de notre Erpétologie, mon collaborateur M. Bibron et moi n'avions pu malheureusement trouver alors un nom simple pour carac- tériser les Serpents que nous allons faire connaître sous une dénomination nouvelle que nous croyons meilleure en ce qu'elle indique un fait matériel positif, facile à observer et plus propre à indiquer la particularité qui les distingue. Ce caractère est en effet inscrit, pour ainsi dire, sur les crochets que présente en avant la mâchoire supérieure : car on voit là, en avant, un sillon, une cannelure qui ne se retrouve pas sur les autres dents placées à la suite et en assez grand nombre. Or, ce sont les seules espèces qui offrent ce caractère ; voilà pourquoi nous avons cru devoir substituer à ce sous-ordre le nomdeProtéroglyphes(i) à ceux donnés parnous d'abord, tels que Fallaciformes ou Apistophides (2). (1) De deux mots grecs : 7tpot£pov, en avant, anterius, et de y\\j^r\, entamiire, rainure, rima, sulcus. (a) 'AirtiiTO!;, perfide, suspect , et de Sviç, serpent Jl4 PRODROME GÉNÉRAL Ces crochets cannelés ou sillonnés ne peuvent être obser- vés que dans trois sous-ordres ou tribus principales des Ser- pents. La présence de ce sillon est donc très-importante à constater par les naturalistes ; car cette rigole est une véritable gouttière propre à transmettre ou à inoculer, sous la peau des animaux vivants destinés à l'alimentation de ces Serpents, une humeur vénéneuse plus ou moins rapidement délétère. En effet, ce poison est transmis par trois sortes de dents qui diffèrent par leur situation ou leur implantation. Ainsi, dans l'un des cas, le venin est introduit par les dents anté- rieures excessivement développées et implantées dans l'os sus- maxillaire, qui ne porte pas d'autres crochets; et alors ces dents, non-seulement sont sillonnées vers leur pointe très- acérée, mais elles sont creusées dans toute leur longueur par un canal destiné à conduire le poison vers cette pointe can- nelée, qui doit servir d'aiguille d'inoculation : c'est le cas des espèces de Serpents dont nous avons fait le sous-ordre des Solénoglyphes. Ces mêmes dents sillonnées vers leur pointe , mais non creusées intérieurement par un canal, se retrouvent dans le sous-ordre qui constitue la section qui nous occupe, celle des Protéroglyphes; mais ces dents cannelées sont beaucoup plus courtes, et le plus souvent elles sont suivies de crochets lisses, en nombre variable, et implantées dans des os susma- xillaires, prolongés en arrière, et non ramassés en une seule masse uniquement destinée à recevoir et à faire mouvoir les longs crochets venimeux, car il n'y en a pas d'autres chez les Solénoglyphes. Enfin, dans le dernier sous-ordre, celui des Opisthoglyphes, on n'observe de rainure que sur les dernières dents susmaxillaires, celles qui occupent la région où sont DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. I 1 5 rangés les crochets lisses, et ces mêmes dents cannelées otit au moins une longueur double de celles qui les précèdent. Joignons à ce caractère des Protéroglyphes les remarques suivantes. Ces Serpents ont le dessus de la tête notablement allongé et souvent très-deprimé. L'occiput, dans la jonction du crâne avec le cou, n'offre pas d'étranglement comme dans les Serpents qui ont la forme des Vipères ; cette particularité est liée, jusqu'à un certain point, au mode d'articulation des deux mâchoires,dont les quatre branches, appuyées sur l'os carré, sont ici comparativement beaucoup plus courtes, ainsi que les os mastoïdiens, lesquels se trouvent soudés aux tem- poraux, dont ils sont le prolongement tout à fait dirigé en arrière. Il résulte, de cette disposition anatomiquedes par- ties solides, que la fente de la bouche, ou l'intervalle entre les deux mâchoires, est moins considérable que dans les So- lénoglyphes, dont les grands crochets venimeux, cachés dans les membranes du palais qui leur servent de gaines, doivent cependant se dégager tout à coup, lorsque les mâchoires s en- tr'ouvrent pour mordre, car alors elles s'éloignent l'une de l'autre en haut et en bas. Ces Serpents à dents sillonnées antérieures, unies en ar- rière à d'autres crochets lisses, peuvent se partager en deux tribus ou familles : i° les espèces qui vivent habituellement sur la terre, qu'il est facile de reconnaître et de caractériser par la forme conique ou cylindrique de leur queue, et nous les nommons les Conocerques; 2° les autres, vivant habituel- lement dans l'eau, peuvent y nager et s'y diriger, parce que leur queue plate, ou comprimée en lame verticale, peut leur servir de rame; aussi les avons-nous appelés les Platycerques. Nous avons dû faire connaître l'historique de la classiK- Il6 PRODROME GÉNÉRAL cation des Serpents de ce sous-ordre, dont nous n'allons pré- senter ici que l'abrégé. La plupart des zoologistes dont les travaux ont précédé les nôtres, avaient inscrit ces Serpents parmi les espèces venimeuses. Ainsi Latreille, sous le nom d'Anguivipères ou de Vipères-Couleuvres , les avait rangés dans la famille des Vipérides. Daudin, n'ayant pas eu l'idée d'adopter un ordre naturel, ni même une sorte de classification systématique pour les Serpents, avait placé lesBongares et les Acanthophis à la suite des Pythons, et les avait fait suivre des Vipères, des Crotales, Lachésis, Cenchris et Scytales, puis, bien loin , près des Couleuvres, les Platures et les Enhydres, et tous les genres à queue plate avec les Cécilies. Oppel, plaçant tous les Serpents venimeux sous le nom de Gulones venenati,en a fait quatre familles, sous les noms à! Hj- dri, Crotalini, Viperini et Pseudo-Viperœ. Les premiers et les derniers correspondent aux groupes que nous avions nous- même proposés dans nos cours, à l'époque où cet habile officier les suivait avec intérêt ; mais les genres y sont énu- mérés successivement, et sans ordre méthodique. Il en est à peu près de même dans le système de Merrem. G. Cuvier , d'après quelques indications incomplètes, fournies par ses prédécesseurs, avait rapproché des Vipères les espèces à cro- chets venimeux isolés: tels étaient les Najas, ElapsetPlatures; il les avait distinguées desBongares, des Hydrophides et des Pélamides. Par la suite, nous verrons que cet arrangement était insuffisant. M. Fitzinger est: celui de tous les erpétolo- gistes qui nous paraît avoir le mieux disposé les genres de cette tribu par familles naturelles ; aussi avons-nous à peu près adopté les divisions qu'il a proposées, comme nous le faisons connaître par les détails dans lesquels nous sommes DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. I 1 7 entré. Wagler n'a pas suivi l'ordre naturel ; cependant il a fort bien distingué les genres, dont rénumération suit comme au hasard. M. Schlegel range bien les Serpents dont nous traçons l'histoire parmi ceux qu'il nomme Venimeux colubriformes, et d'après leur physionomie il distingue d'abord les trois genres Elaps, Bongare et Naja. Dans une seconde famille il place les Serpents de mer; il n'y place quelegenreHydrophis, en y inscrivant des espèces que nous avons cru devoir séparer comme appartenant a des genres très-distincts. Voici la marche que nous avons adoptée pour distribuer méthodiquement les quinze genres qui semblentaujourd'hui devoir être rapportés à ce sous-ordre. Nous n'avons pas été dans la nécessité d'en créer de nouveaux, la plupart ayant été établis par des naturalistes dont les travaux ont précédé les nôtres. Cependant on trouvera dans cet arrangement plu- sieurs transpositions d'espèces devenues nécessaires, parce que les circonstances nous ont permis de pouvoir étudier avec plus de détails et de vérifier les caractères dont la plu- part de nos devanciers n'avaient pu constater la présence sur les individus mêmes. Nous divisons cette race des Serpents Protéroglyphes en deux familles principales : i°les espèces terrestres, à queue ronde et conique : ce sont les Conocerques : a" on distingue les espèces aquatiques, qui réunissent les Serpents de forme allongée, dont la plupart vivent dans les mers des paya chauds, et qui sont faciles à caractériser par la forme de leur ([iieue comprimée sur les côtés ou de droite à gauche, géné- ralement obtuse à son extrémité libre, paraissant destinée a servir de rame aplatie propre à la manière de nager de ces animaux : c'est ce qui nous les a fait désigner sous le nom de Platycerques. 16 I l8 PRODROME GÉNÉRAL OPHIDIENS PROTÉROGLYPHES. CONOCERQUES. PREMIÈRE FAMILLE. Caractères essentiels. Serpents a queue conique, ayant la tête recouverte de grandes plaques avec un écussoti central. Ces Ophidiens sont en apparence semblables à la plupart de nos Couleuvres; ils en ont même la structure et les mœurs. Us grimpent rarement sur les arbres; souvent ils passent leur vie sur la terre : là ils se retirent dans des galeries souterraines pendant le jour et dans le danger; ou bien ils se mettent à l'abri sous les pierres ou dans les cavités des ro- chers. Ordinairement leur tête n'est pas plus large en arrière que le cou, quand cette dernière région n'est pas plus étendue entravers, ce qui est l'inverse de ce qu'on voit en général dans les Vipériformes, chez lesquels l'occiput est dépassé par l'ex- trémité postérieure des mâchoires et paraît comme échancré. Chez tous ces Conocerques, le dessus de la tête ou le vertex est protégé par de grandes plaques qui sont très-régulière- ment disposées, ayant un écusson central impair. Leur écail- lure présente des particularités : ainsi tantôt le dessus du dos dans la région moyenne offre une sérielongitudinale d'écaillés plus grandes et d'une autre forme que celles qui les avoisinent, comme dans le genre Bongare ; tantôt on voit des écailles lâ- ches et adhérentes de toutes parts à la peau du cou qui peut s'étendre et dont elles suivent tous les mouvements en sem- blant s'écarter les unes des autres suivant la volonté du Ser- pent, qui dilate et resserre le cou : ce qui les a fait nommer Serpents à coiffe ou à chapeau, Najas. Les sept autres genres DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. MO, compris danscette famille ont des écailles semblables pour la forme. Il n'en est pas de même de leurs urostéges : ces plaques du dessous de la queue sont en rang simple dans les Alectos, ou entremêlées avec d'autres qui forment deux rangées, comme dans les Trimérésures. Dans tous les autres genres, les urostéges sont, comme à l'ordinaire, distribuées sur deux rangs; mais chez les Sépédons et les Causus les autres écailles du dos et des flancs sont carénées, tandis qu'elles sont lisses dans les Pseudélaps et les Furines; cependant, chez ce dernier genre, il y a des crochets lisses à la suite de ceux qui sont can- nelés et implantés en avant, et c'est ce qui ne se voit pas dans les Élaps. Ophidiens Protéroglyphes : les CONOCERQUES. Caractères : Serpents à dents cannelées antérieures sur des mâchoires prolongées ; de grandes plaques sur le vertex, et qui ont de plus la queue conique. I dos, où elles sont inégales ou formant des rangées autrement distribuées sur le ( P lus F a " de *v • 8 - Bongahe. 8 ■ o j cou q U1 es t { res _ A J écailles'. f dilatable 9. Naja. i toute la queue. ... 5. Alecto. une partie seule- ment 4. Trimehi>ire égales entre elles ; <; urostéges J carénées sur le haut du dos. | seulement. « , doubles ; \ écailles !à crochets sous- labiaux ; écailles sans crochets ou dents labiales i. Élaps. ... 7. Calsus. sur les flancs. . . G. Sépedon. grandes 2. Pseidelap.-;. petites 3. Furinl. Nous présentons d'une manière analytique cette distribu- tion des genres dans le tableau synoptique qui précède, et 16. laO PRODROMR GENERAL nous passons à l'étude des genres, comme nous allons le faire dans un très-court résumé, pour indiquer les espèces, au moins par le nom , en citant l'un des auteurs principaux parmi ceux qui peuvent en avoir fait l'histoire. G. 1. Élaps. — Corps couvert d'écaillés lisses, semblables entre elles; n plaques sous-caudales doubles; à os susmaxillaires sans cro chets lisses ou sous-labiaux. Ce genre nombreux a exigé beaucoup d'éliminations pour des espèces, et nous avons été obligé d'entrer dans de grands détails à ce sujet. La distinction des espèces a du exiger aussi une analyse longue et difficile , dont nous présen- tons le tableau synoptique dans notre ouvrage, car il comprend plus de vingt espèces (-1). \ . E. corallinus, Linné. — Schlegel, t. Il, p. 440. 2. E. Marcgravii, Merrem. — System. Amph., p. 142, n° 4 . 3. E. alternons, nobis — du Mexique; espèce acquise de M. Prémat. 4. E. circinalis, nobis — de la Martinique? par M. Plée. 5. E. gastrodelus, nobis. — Origine? Donné par M. le docteur Kéraudren. 6. E. Psyché, Merrem — de Surinam, par M. l.evaillant. 7. E. Hygige, Wagler Schlegel, t. II, p. 46, n<>4. 8. E. fulvus, Linné. — Holbrook, Norlh-Amer. Herp. , t. III, pag. 49. 9. E. lemniscatus, Linné. — Schlegel, t. II, p. 444, n° 2. 40. E. lubricus, Laurenli. — Naja, n°8; Schlegel, t. Il, p. 484. M . E. occipitalis, nobis Esp. nouv. de Rio-Janeiro ; M. Frey- cinet. (i) Nous croyons devoir prévenir, en outre , que, ce nom de genre Élaps ayant été appliqué par les divers auteurs à un très-grand nombre d'espèces de Serpents, nous en avons fait le relevé par ordre alphabétique dans notre Erpétologie géné- rale, et que cette table en désigne plus de trente avec la synonymie. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. I Ct I 12. E. mipartitus, nobis. — Rio-Senio? par M. Goudot. 45. E. decussatus, nobis. — Espèce de la Nouvelle-Grenade , \>ai M. Goudot. 44. E. diastema, nobis — du Mexique; M. Ducommun. 45. E. epistema, nobis — du Mexique ; M. Verreaux. 46. E. frontalis, nobis— du Brésil; M. Beauperthuis. 47. E. Surinamensis, Cuvier. — Schlegel, t. Il, p. 445. 48. E. collaris. — Schlegel , t. II, p. 448. 19. E. bipunctiger, nobis. — Amer, sept.? Bosc. 20. E. trilineatus, nobis. — Nouv. esp. de Padang : Sumatra. M. Kunhardt. 24. E. furcatus, Schneider. — Schlegel, t. II, p. 450. 22. E. bioirgatus. — Schlegel, t. II, p. 454. G. II. Pseodelaps, Filzinger.. — Corps à écailles lisses, égales, mais grandes; des crochets lisses susmaxillaires postérieurs. 4 . P. Mulleri. — Schlegel, t. II, Elaps n° 9, p. 452. 2. P. psammophidius , nobis. — Schlegel, Psammophis Klaps , n° 44. 5. P. squamulosus, nobis. — Nouv. esp. de Tasraanie; M. Ver- reaux. G. III. Fokina, nobis. — Corps à écailles lisses, égales mais petites; des cro- chets susmaxillaires après les dents cannelées. 4. F. diadema, nobis. — Calamaria, Schlegel, t. II, p. 52, n° 5. 2. F. bimaculata, nobis. — Espèce nouvelle de Tasmanie ; M . Ver- reaux. 5. F. calonotos, nobis. — Également de la Nouvelle-Hollande; M. Verreaux. 4. F. texlilis, nobis. — Espèce nouvelle également de l'Australie. G. IV. Tbihebesurds, Lacépède. — Queue à urostéges simples sur quelques anneaux seulement; les aulres écailles égales entre elles. 4 . T. ophiophagus, Cantor. — Schlegel? Naja Elaps, t. Il , p. i8"». 2. T. porphyreus, Merrem.- -HurriaNaja, Schlegel, t. H, p. 579. \U1 PRODROME GENERAL G. V. Alecto, Wagler. — Une seule rangée d'urosléges; écailles lisses. \. A. curta, Schlegel.— Naja, Schlegel, t. II, p. 486, n° 10. 2. A. variegata, nobis. — Nouvelle-Hollande; par M. Kéraudren. Naja Bungaroïdes, Schlegel? 5. A. Bungaroïdes, nobis. — Schlegel, t. II, p. 477, n° 4 ? •4. A. wronata, Schlegel. — Elaps, n 40, t. II, p. 437. 5. G. V. Acalïptos, nobis. — Corps peu comprimé, à écailles carrées enluilées; 3,16? tête presque carrée, courte, écailleuse, sans écussoii central dis- tinct, ni plaques occipitales. I. A. Peronii, nobis. — Espèce nouvelle; par Pérou : Nouvelle- Hollande? G. VI. Hïdbophis , Daudin. — Gaslrostéges à peine distinctes; corps com- primé; ventre en couteau; écailles carénées ou tuberculées. 1. H. schistosa, Daudin. — Schlegel,!. II, p. 386. 2. H. pelamiodes, Siebold. — Faune du Japon, Schlegel , t. Il , p. 512, n» 6. 3. H. slriala, Siebold. — Faune du Japon , Schlegel, t. Il, p. 502. 4. H. fasciala, Schneider. — Fasc. i , Hist. Amph., p. 240. 5. H. nigrocincta, Daudin. — Schlegel, t. Il, p. 505. 6. H. gracilis, nobis. — Schlegel , t. II, p. 507. 7. H. spiralis, Shaw. — Schlegel , var. nigrocincta, t. H, p. 506. 8. H. ïeprogaster , nobis. — Espèce nouvelle : Pondichéry ; MM. Bélanger et Dussumier. DR LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. \ 2J CINQUIÈME SOUS-ORDRE DES OPHIDÏENS. Les SOLÉNOGLYPHES, dits Tiiaiutophides. Caractères essentiels. Serpents dont les os susinaxilluires ne portent uniquement qu'un ou plusieurs longs crochets sillonnés et perforés dans toute leur longueur. Cette grande tribu des Serpents venimeux est caractérisée parla présence des longues dents cannelées à leur pointe et perforées dans leur intérieur par un canal qui sert de con- duite à l'humeur vénéneuse sécrétée par des glandes spéciales. Ces dents, les seules qui soient fixées sur les osmaudibulaires, sont mobiles et protractiles avec eux : ce sont deux petites masses osseuses qui constituent et soutiennent la partie an- térieure du museau. C'est essentiellement dans la structure anatomique de cette partie de la bouche que réside le caractère le plus évident de cette réunion de genres qui ont une sorte de physionomie distincte. En effet, les os de la face étant généralement peu développés, le crâne paraît plus large et plus allongé que la partie antérieure et mobile du museau. Les os susmaxillaires sont ici réduits en une pièce large et courte qui se meut en bascule sur les os nasaux et préorbitaires, lorsque cette pièce est poussée en avant par les os transverses, dits ptérygo-inaxil- laires, qui sont forts et élargis surtout à leur bout antérieur. Ces os mandibulairessont uniquement destinés à donner ou à ] 7- 128 PRODROME GENERAL transmettre le mouvement aux longscrochets vénénifèresdont ils sont armés. Ils sont en outre excavés en dessus par une fosse dans laquelle est logé le réservoir ou le sac qui renferme l'humeur vénéneuse et ses conduits. Une autre excavation se voit en dessous près et en dehors des longs crochets soudés à l'os: c'est dans cette cavité que se trouvent placés comme dans une boîte, et rangés par ordrede longueur, les germes pinson moins développés des crochets vénéneux destinés à remplacer celui ou ceux d'entre eux qui se sont consolidés sur le bord libre de l'os susmaxillaire. Cet appareil forme ainsi un tout unique, qui se trouve par cela même et nécessairement mis en mouvement quand le crochet se trouve redressé pour faire saillie hors de la bouche. Lorsque cet os est ramené en sens contraire, l'arme se place intérieurement sous la paroi externe du palais, dans unegaîne membraneuse qui la cache entièrement ; et c'est ce qui arrive toutes les fois que les mâ- choires se rapprochent. Ces dents ont toujours la même forme, et sont mises en ac- tion par un mécanisme qui esta peu près le même dans toute cette race. Ces crochets vénéneux ne différent que par la lon- gueur, la solidité et la courbure, proportionnées à la taille et à la grosseur du Reptile; coniques avec une pointe excessivement aiguë, courbés en arrière, et portant sur la face convexe an- térieure une rainure allongée ou un sillon qui s'élargit un peu comme une gouttière vers le point où l'on distingue un petit trou qui est la terminaison du canal intérieur dont la dent est perforée et qui la parcourt dans tout son axe. Telle est la voie que suit l'humeur vénéneuse lorsque le dard empoisonné pé- nètre dans l'intérieur de la proie vivante, en traversant sa peau pourarriverjusqu'aux chairs. Danscet acte, le crochet remplit DE L\ CLASSIFICATION DES SERPENTS. I 'MJ l'office d'une alêne ou d'une aiguille appropriée à cette sorte d'inoculation. Cette piqûre, opérée par un instrument très- délié mais conique, dilate la peau sans la déchirer, et il en sort, en laissant à peine distinguer la trace du point par lequel la dent s'est introduite, de manière cependant à ne pas laisser sortir le poison par le trou imperceptible que la peau semble boucher en se rétractant sur elle-même. La plupart de ces Serpents venimeux ont le corps cylin- drique, un peu plus évasé vers la région moyenne; ils sont gé- néralement courts ou trapus, car leur queue a peu de longueur, surtout chez les individus mâles; elle semble même souvent comme disproportionnée, étant subitement rétrécie vers sa base et se terminant brusquement en pointe. Dans la plupart la tête est plate en dessus et triangulaire, car la mâchoire inférieure et les ptérygo-maxillaires étant joints au crâne par l'intermède des os mastoïdiens et des in- tra-articulaires, dits os carrés dans les oiseaux, mais qui, étant ici très-longs, prolongent réellement beaucoup la partie occi- pitale au delà du crâne, il en résulte que la nuque offre une sorte d'échancrure semblable à celle d'un cœur de carte a jouer. Quand le gosier se dilate, les mâchoires se portent en travers par leur éeartement réciproque, et ce mouvement se communique à l'os transverse, qui pousse en avant l'os sus- maxillaire de chaque côté en faisant redresser les longs cro- chets dont ceux-ci sont armés. Les écailles qui reeouvrent le dos sont le plus souvent en- toilées, ou se recouvrent successivement par leur bord libre. Elles varient pour la forme, les proportions et la superficie : le plus souvent cependant elles offrent une iigne saillante ou une carène. Le nombre et l'arrangement des grandes plaques l3o PRODROME GÉNÉRAL qui recouvrent le ventre et le dessous de la queue présentent des modifications importantes et caractéristiques. Les lames écailleuses qui revêtent le vertex offrent égale- ment de notables différences. Cette conformation , unie à plusieurs autres particularités, avait déjà servi à l'établisse- ment des genres dans ce groupe naturel, principalement par la disposition de ces téguments des os de la face et du crâne. Tantôt, en effet, on y distingue de très-grandes lames écail- leuses qui prennent le nom de plaques ou d'écusson surtout sur les régions antérieure, centrale ou latérale; tantôt, au contraire, et c'est ce qu'on peut voir dans le plus grand nom- bre des genres, la peau qui recouvre le dessus de la tête est complètement ou partiellement revêtue d'écaillés, de grains saillants ou même de tubercules sur le museau, sur les orbi- tes ou autour des narines. Ce sont ces observations qui nous ont dirigé dans la classification que nous avons adoptée. Nous avons donc employé toutes ces particularités pour la distribution artificielle des espèces en genres presque tous établis ou proposés par nos devanciers , comme nous le faisons connaître dans l'exposé historique que contient notre ouvrage. Ce sous-ordre des Solénoglyphes est tout à fait naturel , mais il ne pouvait être établi qu'à l'aide de caractères anatomiques. Nous avons été assez heureux pour avoir la facilité de les faire constater sur vingt-quatre têtes d'espèces toutes différentes et de genres divers qui peuvent servira la démonstration. Malheureusement cette structure n'est pas facile à reconnaître chez l'animal vivant, dont on doit redouter les piqûres souvent mortelles, même lorsqu'on examine les individus conservés dans les collections. Il faut toujours employer des instruments quand on veut séparer DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. l3l l'une de l'autre les mâchoires pour s'assurer de la mobilité des crochets, à cause de la brièveté des os susmaxillaires qui les supportent; c'est surtout cette sorte de rabougrissement de l'os, dont la largeur l'emporte le plus souvent sur la longueur. Il est un moyen accessoire qui fait préjuger d'avance cette sup- position par la conformation, et, comme le dit M. Schlegel , par sa physionomie : c'est cette forme triangulaire et aplatie de la tête, ordinairement recouverte d'écaillés entuilées, les yeux le plus souvent latéraux etprotégés par une petite plaque surciliaire saillante, dont la pupille linéaire est verticale chez le plus grand nombre, ce qui indique des animaux nocturnes. Douze genres ont été rapportés à cette grande division. Nous allons indiquer la marche artificielle qui nous a servi pour les ranger systématiquement, en analysant les particula- rités qui sont les plus apparentes, et en rapprochant ensuite les groupes naturels dans lesquels ils peuvent être répartis ; ils sont indiqués dans le tableau synoptique que nous insé- rons ici. Il y a d'abord deux grandes divisions, depuis longtemps indiquées par les auteurs : c'est l'absence ou la présence de deux petits enfoncements qui simulent de fausses narines, niais qui ne sont point percés dans le fond et qui ne communiquent pas avec la bouche. On ignore, il est vrai, la fonction de ces sortes d'impasses que l'on a faussement comparées aux lar- miers des animaux ruminants. Nous désignons sous le nom de Vipériens, d'après le genre principal qui s'y trouve compris, les espèces dont les narines sont simples; et pour les mêmes motifs nous désignons comme Crotaliens celles qui ont des fossettes ou des enfoncements qui simulent de doubles narines. i3- PRODROME GÉNÉRAL On a observé ensuite que les plaques sous-caudales, que nous appelons les urostéges, sont tantôt distribuées par paires et symétriquement, et tantôt qu'elles ne forment qu'une seule rangée. Au reste, le résumé essentiel des divisions en genres, tels que nous allons les indiquer, se trouvera noté comme for- mant le caractère essentiel dont nous présentons ici l'ana- lyse. Cinquième sous-ordre des Ophidiens : les SOLÉNOGLYPHEK. Caractères : Des crochets cannelés et fistuleux sur l'os susmaxillaire qui ne porte pas d'autres dents. ià plaques , avec un écusson 2. Péi ias. I en dessus 4. Ëchidnee. écailleux; narines J narines , latérales 3. Vipère. \ planes un peu convexes ; sourcils saillants 5. Céraste. simples au moins en partie ; vertex. nulles ; à urostéges ' vipériens. j Îà plaques 1. Acanthophis. écailleux 6. Échis. à étuis de corne articulés et mobiles dits en grelots 7. Crotale. 1 carénées 9. Trigonocéphalb, , a plaques et a ecusson ; à écailles. . I distinctes;/ /doubles; lisses 10. Léiolépide. queue vertex \ CrotaliensI sans grelotst écailleux et à I très-distinctes, lisses, convexes. ..... . H . Botbrops. et à * ( sourcils à plaques ! urostéges \ | nulles; | lisses, rondes 12. Atropos. à écailles gulaires ! (carénées, pointues. 13. Tropidolèhe. simples, au moins en partie sur une seule rangée 8. Lacdemv DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 1 33 Première Famille. Les Vipériens. Caractères essentiels. Serpents Solénoglyphes, dits Thana- tophides, n'ayant pas de fossettes lacrymales. Ces Serpents, comme nous l'indiquons, n'ont pas d'enfonce- mentsou de petites fossettes entre les yeux et les narines. Leur nom est emprunté d'un ancien motlatin dont l'étymologieest incertaine, quoiqu'il soit formé de la contraction du termeou de l'adjectif vivipara, parce qu'on sait depuis très-longtemps que ces Serpents sont ovovivipares, ou que leurs œufs éclo- sentdans le ventre de la mère, qui paraît ainsi être vivipare. Cependant il n'est pas encore prouvé que toutes les espèces de ce groupe présentent ce mode de reproduction. Mais, à part la dénomination, ce groupe n'en est pas moins fort na- turel, et réellement les genres qu'il réunit ont entre eux tant d'analogie qu'ils ne forment que dessous-genres artificiels, à cause de certaines particularités peu importantes, qui n'ont été admises par nous que comme destinées à faire distinguer les espèces, et si nous les avons adoptés c'est qu'ils avaient été proposés par les naturalistes auxquels nous succédons. Ainsi deux genres désignés sous les noms, X ww. à? Acanthophis , et l'autre sous celui d'Échis, ont les plaques sous-caudales dis- tribuées sur une seule rangée; tandis que ces urostéges sont doubles d'abord dans les Cérastes, qui ont les narines planes ou saillantes et les sourcils surmontés d'une sorte de corne, ce qui ne s'observe pas dans les trois autres genres, tels que les Pélias, dont le dessus de la tête est revêtu de plaques plus grandes en avant, et même d'une sorte d'écusson cen- 18 f34 PRODROME GÉNÉRAL tral; au contraire le vertex est recouvert de petites écailles, soit dans les Vipères proprement dites, qui ont les narines latérales, soit dans les Échidnées, dont les orifices nasaux sont portés en avant et au-dessus du museau. Voilà donc des notes assez positives pour la classification de ces Serpents venimeux , qui ont entre eux de si grands rapports, qu'il n'aurait peut-être point été nécessaire d'en former six genres, si les régions dans lesquelles on les a ob- servés n'étaient pas aussi différentes, et si on avait pu mieux étudier leurs mœurs , qui doivent probablement se ressem- bler beaucoup. Nous avons été plusieurs fois témoin de la manière dont s'alimentent quelques-uns de ces Reptiles, que nous tenons en captivité dans des cages à double grillage et à mailles serrées, ce qui nous a permis de les observer à loisir. On a souvent beaucoup de peine, surtout pendant le jour, à saisir le moment où le Serpent se décide à se jeter sur la proie, qui doit être nécessairement vivante lorsqu'on l'introduit dans la loge. D'abord la victime, par une sorte d'instinct et de terreur pa- nique, se tapit dans un coin où elle semble se refuser aux mou- vements qui décèleraient sa présence. Le Serpent lui-même se presse rarement d'en approcher; il l'examine, il l'épie, et au moindre mouvement qui la trahit, on voit le Reptile s'élancer en redressant subitement les courbures de son échine pour se projeter en avant. Dans cet intervalle de temps, comme in- divisible, la bouche s'est ouverte, les mâchoires se sont sé- parées, la supérieure s'est élevée presque à angle droit, et par le mécanisme de ses articulations, les crochets venimeux se sont redressés, la pointe aiguë qui les termine a été diri- gée en avant afin de percer la peau de l'animal pour péné- DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 1 35 trer dans une partie quelconque de ses chairs molles, où ces armes s'enfoncent avec la vélocité d'une flèche violemment lancée à une certaine distance. Le but est atteint. Quelquefois la dent se casse et reste dans la plaie; mais la nature a pourvu à son remplace- ment. ÏJâ Serpent redevient immobile, il attend le résultat du poison qu'il a inoculé. En effet, au bout de quelques minutes, de quelques secondes même, l'animal blessé tombe et s'affaisse après plusieurs mouvements convulsifs, et il ne tarde pas à succomber. C'est alors que le Serpent s'en appro- che, le retourne, le développe, l'étend et puis le saisit de façon à le faire engager entre ses mâchoires pour être avalé plus facilement par le mécanisme qui s'exécute chez presque tous les autres Ophidiens, c'est-à-dire en faisant avancer et re- culer l'une et l'autre mâchoire en sens contraire et alterna- tivement. G. I. Acanthophis, Daudin. — Urostéges en partie sur un seul rang et rem- placées, à l'extrémité de la queue, par des écailles entuilées et par une épine cornée. 1. A. cerastinus , Daudin. — Schlegel, t. II, p. 605, n° 40; Vipera. G. II. Pelias, Merrem. — Un double rang d'urostéges ; les narines con- caves, des plaques et un écusson près du museau sur le vertex. \. P. Berus, Laurenti. — Scopoli, Ann. Hist. nat., t. II, p. 39. G. III. Vipera, Laurenti. — Tête couverte d'écaillés entuilées; les uros- téges doubles ; narines à oritjces latéraux. \. V.Aspis seu Prester, Linné. — Schlegel, Phys. Serp. , t. II. p. 599, 8. l8. ]3G PRODROME GÉNÉRAL 2. V. ammodytes, Linné. — Schlegel , 1. Il, p. 602, n° 9. 3. V.hexacera, nobis. — Echidna nasicomis, Merrem, Hist. Amph., p. 4 50. G. IV. Echidna, Merrem. — Semblables aux Vipères; mais les narines concaves, supères, et rapprochées entre elles, sur le museau et non sur les côtés. \ . E. arietans, Merrem. — Schlegel, t. II, p. 577, n° ^ ; Vipera. 2. E. elegans, Daudin Schlegel , t. H, p. 588, n° 6; Vipera. 3. E. Atropos, Linné. — Schlegel, t. II, p. 58i , n° 2; Vipera. 4. E. Mauritanica, nobis. — Guichenot, Exp. d'Algérie, Rept., p. 24, pi. 3. 5. E. alternata, nobis. — Espèce nouvelle; M. de Castelnau. 6. E. atricauda , nobis. — Espèce nouvelle; ouest de l'Algérie ; M. Schousboe. G. V. Cérastes, Wagler. — Narines planes ; sourcils saillants, écailleux ou tuberculeux ; tête recouverte d'écaillés entuilées. \ . C. Mgyptiacus, Hasselquitz. — Schlegel, t, II, p. 585 ; Vipera. 2. C. îophophrys, G. Cuvier Schlegel, t. II , p. 582, n° 3 ; Vipera cornuta. 3. C. Persicus, nobis. — Espèce nouvelle de la Perse; M. Au- cher-Eloy. G. VI. Echis, Merrem. — Urostéges en rang simple; vertex écailleux. \. E. frsenata, nobis. — D'Egypte, par M. Bové. Echis arenicola, Boié. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. 1 37 Seconde Famille. Les Chotaliens. Caractères essentiels. Serpents Solénoglyphes à fossettes, ou excavations creusées entre les yeux et les narines. Ce nom , emprunté à celui d'un genre particulier et que nous avons assigné à la famille, est destiné à remplacer celui de Bothropliidesque lui avait donné M. Fitzinger, pour indi- quer le caractère essentiel qui nous a servi également, afin de rapprocher les sept genres principaux. Ici, les fossettes sont des organes particuliers , qui paraissent importants par leur situation constante et parleur structure anatomique, quoique leur fonction ne soit pas connue. Nous avons préféré le nom de Crotaliens, comme nous avions adopté celui deVipériens, à cause de la grande analogie avec le genre principal, qui comprend les Serpentsà sonnettes, dont l'existence scientifi- que est depuis longtemps admise, et qui sont ainsi désignés par le vulgaire. Voici comment, en 1824, Desmoulins a fait connaître, dans une description détaillée, la structure de l'appareil dit lacry- mal. Placées entre l'œil et la narine de chaque côté de la lèvre supérieure, ces cavités sont de véritables sinus, plus larges à l'entrée, se rétrécissant ensuite par un petit conduit qui se pro- longe obliquement sous la peau delà lèvre, pour se terminer sous l'orbite, dans une cavité recouverte par une membrane muqueuse. On trouve quelquefois dans l'intérieur de ce trajet quelques particules d'une matière comme épaissie, sorte de magma, qui paraît être le résidu d'une humeur sécrétée. Les filets nerveux qui se distribuent dans les parois de cet organe l36 PRODROME GÉNÉRAL peuvent faire penser qu'il est de quelque importance dans l'économie de cette race de Serpents. Quoique nous n'ayons distribué les espèces de ce groupe qu'en sept genres, aucun n'a été établi par nous en particu- lier, et nous les avons indiqués sous les mêmes noms que les auteurs avaient proposés, avec le renvoi aux espèces que nous avons décrites ailleurs. Voici l'énumération des genres et des espèces dont l'his- toire se trouve inscrite dans notre Erpétologie générale. G. I. Crotalcs, Linné. — Des étuis cornés, articulés, mobiles, enveloppant la dernière vertèbre caudale, et restant ainsi retenus à la suite les uns des autres, et pouvant s'y mouvoir à la volonté de l'animal. \. C. durissus, Linné. — Schlegel, t. II, p. 565, n» 2. 2. C. horridus , Linné. — Schlegel. Vélins du Muséum , Rep- tiles, n° \ 4. 5. C. miliarius, Linné. — Schlegel, t. Il, p. 569, n°5. G. II. Lacbesis, Daudin. — A urostéges sur une seule rangée, au moins en partie ; à écailles tuberculeuses ou carénées, non entuilées. \ . L. mutus, Linné. — Crotalus , Schlegel, t. II , p. 570. G. III. Trigonocephalcs, Oppel. — Corps à écailles carénées; urostéges sur deux rangs ; queue pointue, sans grelots ; sommet de la tête à plaques et à écusson central. \ . T. cenchris, Daudin. — Schlegel, t. II, p. 553, n° 43. 2. T. histrionicus , nobis. — Holbrook , North-Amer. Herp. , t. III, p. 43, pi. 9. 5. T. Halys, Pallas. —Schlegel, t. II, p. 554. 4. T. Blomhoffii, Siebold. — Fauna Japonica, p. 488; Schlegel, t. II, pag. 552. 5. T. hypnale, Merrem. — Cophias; Schlegel, t. II, p. 550. G. IV. Leiolepis, nobis. — Les écailles lisses; plaques et écusson central sur le vertex; pas de grelots à la queue. 4 . L. rhodostoma, Reiimardt. — D'après Schlegel , t. II, p. 547. DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. I 3o, G. V. Bothbops, Wagler. — Le dessus de la têle à écailles enluilées; des plaques surciliaires grandes, lisses, convexes ; un double rang d'urostéges. \. B. lanceolatus, Wagler. — Schlegel, t. II, p. 536, n" 5. 2. B. atrox, Linné. — Schlegel, t. II, p. 535. 3. B. Jararaca, Neuwied. — Schlegel, t. Il, p. 532, n° i. 4. B. nigro-marginatus, Kuhl. — Schlegel, t. II, p. 54^ 5. B. viridis, Wagler. — Schlegel, t. II, p. 544. 6. B. bilineatus, Wagler. — Schlegel, t. II, p. 340. G. VI. Atropos, Wagler. — Semblables aux Bothrops, mais pas de grandes plaques surciliaires; les gulaires rondes, lisses. -I . A. puniceus, Reinwardt. — Wagler, Schlegel, t. II, p. 545, n°8. 2. A. Darwinii , nobis. — Espèce nouvelle de notre Musée; ori- gine inconnue. 3. A. Mexicanus, nobis Espèce nouvelle de Coban. 4. A. Castelnautii, nobis. — Espèce nouvelle donnée par SI. de Castelnau. G. VII. Tbopidol^mds, Wagler. — Les plaques du dessous de la gorge ser- rées, imbriquées, carénées, ainsi que toutes les écailles, même celles du vertex. ^ . T. Wagleri. — Schlegel, t. Il , p. 542. Trigonocephalus, n°6. 2. T. Hombronii, nobis. — Espèce nouvelle des Philippines ; par M. Hombron. Ce Prodrome indique les noms de tous les Serpents que nous connaissons aujourd'hui. Leur histoire complète est écrite, et se trouve comprise dans les trois volumes de I'ër- pétologie générale, ouvrage dont j'avais déjà publié sept volumes avec la collaboration de mon ami feu Bibron. 1 /or- dre nombreux de ces Reptiles est ici classé dans 5' sous- ordres divisés en 24 familles, et celles-ci en 166 genres qui comprennent 5oi espèces. L'index qui va suivre en présente la division méthodique. TABLE MÉTHODIQUE DE LA CLASSIFICATION DES SERPENTS. Pages Introduction et considérations sur l'ordre des Ophidiens 3 Prodrome de leur classification 23 Premier sous-ordre : Les Opotéeodontes 24 4 re famille. Épanodontiens 26 2 e — Catodontiens 27 Deuxième sous-ordre : Les Aglïphodontes 28 4 re famille. Holodontiens 32 2 e — Aprotérodontiens 34 5 e — Acrochordiens 39 4 e — Calamariens 42 5 e — L pérolissiens 47' 6 e — Plagiodontiens 30 7 e — Isodontiens 52 8 e — Colubriens 59 9 e — Lycodontiens 64 4 e — Leptognathiens 68 4 4 e — Syncrantériens 73 4 2 e — > Diacrantériens 77 Troisième sous-ordre : Les Opisthoglyphes <. . . . 84 4 re famille. Oxycéphaliens 89 2 e — Sténocéphaliens 92 5 e — Anisodontiens 95 4 e — Platyrhiniens 4 00 5 e — Scytaliens -104 6 e — Dipsadiens 408 Quatrième sous-ordre : Les Protéroglïphes 443 4 re famille. Conocerques -M8 2 e — Platycerques 423 Cinquième sous-ordre : Les Solénogltphes 427 A re famille. Vipériens \ 53 2 e — Crotaliens 437 FIN. rai s di l'ArajlinicIrs Sciences Tl ' HII1 (ï.\SS!N('\ÏIO\ DES SKRI'I'FI'S D'APRÈS I.F.S DF.NTS l'I.lllcl,, I" Fur i Fier ■ m "*^ 11,1111,1 lofts-ord™ I [ipnnodontiens. . 7)//>/iùi/>s /■t/itu/e \ : Ol'OTERODONTES | A(;i.M'l|()l)llM'I.S lldd S/ën»s/amr rn-n./- -/nier... Fil loifon 1 1 (Mis fyt/wn f/u//u/v Fio- ^protérodonliensi .tï/i/iMtwir nuiin Y\~r pérolissiens /'/,r/n,r,- ,/, PcmvM Fur 'lagiodontiens P/n,/i»,/,-n /Mène. l'i.T .Vi'odontiens £j/rot/an auJir/ue Fie wllcr.lDU'rirns Tro/tit/ano/t 14/xirien - \ "iÇÇ 1 i .1 . ■ ci m I >■ il. -il s . lrn/u/an ,/nm/ -.. Fip- \leinoires de I A. ...i.ini.- des Srieures Tome Will f I . ASSI !•• H \ | M t \ DES SERPENTS D'APRÈS LES DENTS l'Iam-tii Fur l i Fier l'io' i. Tioi-Miur sous-ordre | |' | ; 1 1 \ I 1 1 1 1 1 i < ■ 1 1 s OI'lSTJloglyphes , Vniïodontien» Quatiièime sous-ordre | ,, L , ROTÉKOGtYI > HES iiiriiiK-iin- sous-ordre | ,. , . SOI.KNOdl.YI'IU'.N I é'aruxff OiiMitmier iBo/u/ttrc //'■//// a/i/teff* I Va/» /„,/„,/„„■ | /',;•/„/, flurùrse I /.,„„■„„ ./. / n i.. W3 iU*w/ ^é^- f JÏ7**~^2~ "^/tctctyi I &=? 2^?^ <3£ *Sà ©^ INSTITUT DE FRANCE. PRODROME DE LA CLASSIFICATION DES REPTILES OPHIDIENS. Mémoire lu dans la séance